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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

La Croix Glorieuse. Année B.

Imprimer Par Jacques Sylvestre, o.p.

Scandale et folie

Nul n’est monté au ciel hormis celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est au ciel. Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme afin que tout homme qui croit ait par lui la vie éternelle. Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.

Commentaire :

Paul écrivait aux Philippiens : « Je vous en conjure par tout ce qu’il peut y avoir d’appel pressant dans le Christ, de persuasion dans l’Amour, de communion dans l’Esprit, de tendresse compatissante, mettez le comble à ma joie par l’accord de vos sentiments… Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus : Lui de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a t–il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » (Phil. 2 : 1-11) Le même Paul confiait aux chrétiens de Galates : « Pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ qui a fait du monde un crucifié pour moi et de moi un crucifié pour le monde. » (Ga 5 : 14)

Pareille exultation ne permet pas d’oublier que l’apôtre vivait malgré tout dans un environnement hostile à la croix de Jésus : « Devenez à l’envi mes imitateurs et fixez vos regards sur ceux qui se conduisent comme vous en avez en nous un exemple. Car il en est beaucoup, je vous l’ai dit souvent et vous le redis aujourd’hui avec larmes, qui se conduisent en ennemis de la croix du Christ. Leur fin sera la perdition ; ils ont pour dieux leur ventre et mettent leur gloire dans leur honte. Ils n’apprécient que les choses de la terre. Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons ardemment comme sauveur, le Seigneur Jésus Christ, qui transformera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire, avec cette force qu’il a de pouvoir se soumettre tout l’Univers. » (Phil. 3 : 17-19) Aux Corinthiens, après l’expérience décevante de l’agora d’Athènes (Ac. 17 : 23 +), Paul partageait ses craintes : « Le Christ ne m’a pas envoyé baptiser, mais annoncer l’Évangile, mais sans recourir à la sagesse du langage, pour que ne soit pas réduite à néant la croix du Christ. Le langage de la croix est en effet folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu…

Puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n’a point reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c’est par la folie du message qu’il a plu à Dieu de sauver les croyants. Oui, tandis que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous prêchons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs comme Grecs, c’est le Christ puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. » (1 Cos. 1 : 17-25)

Ainsi s’est accompli la mission de Jésus : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour le monde soit sauvé par lui. » Mais notre univers chrétien fait peu à peu disparaître toute trace de mort, et celle du Christ sur la croix n’échappe point à ce bûché. Seuls nos clochers en proclament encore la réalité et non moins les innombrables croix de nos cimetières. Qui pourrait en effet s’opposer à la substitution du Christ en croix par le Christ ressuscité et montant au ciel ? Le malheur est que nous oublions le prix payé pour ce salut et que loin d’améliorer notre situation, le nombre de victimes de la violence et des passions humaines ne cessent d’augmenter. Encore, si cela était de nature à nous convaincre de partager la foi de l’apôtre Paul : « Je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps qui est l’Église. » (Col. 1 : 24)

Une moniale demandait un jour le pourquoi de ces grandes croix dépouillées du corps du Christ, le « corpus «. « Pour rappeler à chacun, lui fut-il répondu, la dure réalité à laquelle sont confrontés ceux et celles qui ne croient plus à la croix du Christ venu non pour condamner l’homme mais le sauver. » Ce qui était folie pour les Grecs et scandale pour les Juifs le demeure plus que jamais pour les hommes de notre temps : « Ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. »

Croix de clocher, croix de cimetières, croix de nos maisons, croix de tempérance dans nos églises, elle demeure glorieuse cette croix malgré son ignominie, car elle est signe incontestable de la victoire remportée par Jésus au nom de toute l’humanité. « Par ce signe tu vaincras ! » avait, selon la légende, entendu Vercingétorix à la veille d’une bataille, ce qui l’avait amené à la conversion.

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