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Sagesse d’un imbécile

Imprimer Par Saint Isidore de Séville

Isidore de Séville (554-636) – Le dernier Père de l’Église d’Occident, eût droit à cette reconnaissance à sa capacité incommensurable, encyclopédique et infaillible de compiler à la fois « l’absurde et le sans intérêt. » Pourtant son oeuvre immense doit être plutôt regardée comme une restauration intellectuelle et pédagogique et comme une renaissance après deux siècles d’incertitudes suite à la grande invasion de la péninsule ibérique, en 410. Le saint évêque de Séville voulut être le tuteur intellectuel et spirituel de ses contemporains, sans jamais oublier qu’il était avant tout leur pasteur. Il n’est pas sans intérêt de prêter un moment d’attention à cette page qui redonne valeur à la lecture souvent en conflit avec la prière. Comme si la connaissance des choses de Dieu pouvait n’être qu’une grâce de l’Esprit n’exigeant aucun effort intellectuel.

La prière nous purifie, la lecture nous instruit. Si nous pouvons faire les deux, c’est bien. Si nous ne le pouvons pas, la prière vaut mieux que la lecture.

Celui qui veut être toujours avec Dieu doit prier fréquemment et lire fréquemment. Car lorsque nous prions, c’est nous qui parlons avec Dieu ; et lorsque nous lisons, c’est Dieu qui parle avec nous.

Tout progrès vient de la lecture et de la méditation. Ce que nous ignorions, nous l’apprenons par la lecture ; ce que nous avons appris, nous le conservons par la méditation. La lecture des saintes Écritures procure un double don : d’une part elle forme l’intelligence, d’autre part elle détache l’homme des vanités du monde et le conduit à aimer Dieu.

La lecture comporte une double recherche : d’abord comment comprendre les Écritures ? Ensuite, quelle utilité ou quelle dignité fait leur valeur ? En effet, il faut d’abord vouloir comprendre ce qu’on lit ; c’est ensuite qu’on est capable d’exprimer ce qu’on a appris.

Le lecteur courageux sera beaucoup plus disposé à accomplir ce qu’il lit qu’à rechercher la science. Il est en effet moins pénible d’ignorer ce que l’on désire savoir que de ne pas accomplir ce que l’on connaît. De même qu’en lisant, nous désirons savoir, de même en connaissant devons-nous accomplir ce que nous avons appris de bien.

Personne ne peut connaître le sens de l’Écriture sainte sans en avoir acquis la familiarité par une lecture fréquente, selon ce qui est écrit : Aime la sagesse et elle t’élèvera ; elle te glorifiera si tu l’embrasses. Plus on fréquente assidûment la parole divine, plus on en comprend les richesses, de même que la terre, plus on la cultive, plus elle porte de riches récoltes.

Certains sont doués d’intelligence, mais négligent la lecture studieuse, et ce qu’ils auraient pu apprendre par la lecture, ils le laissent perdre par leur négligence. D’autres ont l’amour de la science mais sont retardés par leur lenteur d’esprit ; cependant, grâce à une lecture assidue, ils finissent pas savourer ce que de mieux doués ignorent par suite de leur paresse.

De même que celui dont l’intelligence est lente reçoit cependant la récompense de son effort méritoire, de même celui qui néglige le don naturel de l’intelligence donné par Dieu est condamnable parce qu’il a méprisé ; le don reçu : la paresse est un péché.

Sans le secours de la grâce, l’enseignement a beau entrer dans les oreilles, il ne descend jamais jusque dans le coeur; il faut du bruit à l’extérieur mais sans aucun profit à l’intérieur. La Parole de Dieu entrée par les oreilles parvient au fond du coeur lorsque la grâce de Dieu touche intérieurement l’esprit pour qu’il comprenne.

Patristique

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