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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

Apôtres Pierre et Paul. Année B.

Imprimer Par Jacques Sylvestre, o.p.

Héros de la cité

Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus posa à ses disciples cette question : « Au dire des gens, qu’est le fils de l’homme ? » Ils dirent : « Pour les uns, Jean-Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » – « Mais pour vous, leur dit Jésus, qui suis-je ? » Prenant alors la parole, Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » En réponse, Jésus lui déclara : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Hades ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : quoi que tu lies sur la terre sera tenu pour lié dans les cieux, et quoi que tu délies sur la terre sera tenu pour délié dans les cieux. »

Commentaire :

Cette section appelée communément « Confession de Pierre à Césarée, » englobe la première prédiction de la passion du Sauveur, les conclusions que le Christ en tire pour ses disciples qui auront à porter eux aussi leur croix, et le récit de la Transfiguration. C’est le sommet de la carrière terrestre de Jésus telle que rapportée par les évangélistes Matthieu, Marc et Luc. Pierre reconnaît la véritable identité de son Maître. Jésus découvre aussitôt aux siens sa messianité souffrante et sa résurrection.

CONFESSION DE PIERRE

Nous sommes au nord de la Palestine, près d’une ville païenne appelée Césarée de Philippe parce que rebâtie par le tétrarque Philippe en l’honneur de César-Auguste. C’est alors que, en des circonstances variées selon les évangélistes, Jésus pose la question : qui suis-je. La question n’est qu’une entrée en matière ; ce que Jésus recherche, c’est l’opinion des apôtres. Au moment où il pouls de la foi de ceux qui devraient continuer son œuvre et les prévenir. Au temps de Jésus, le judaïsme officiel considérait comme close depuis longtemps la liste des prophètes inspirés. Concevoir le retour d’un ancien prophète ne dépassait pas les limites de l’imagination ni de la crédulité populaire. Après un moment de silence, bien compréhensible même si aucun des évangélistes n’en fait mention, Pierre répond : « Tu est le Christ, c’est- à- dire le Messie promis par Dieu, le Oint, le Fils du Dieu vivant. » Jésus s’était appelé le Fils de l’homme ; Pierre répond : tu est le Fils du Dieu vivant. Dans l’Ancien Testament, l’expression désignait les anges, les juges du peuple, le roi. « Dieu vivant » se retrouve dans l’Ancien testament. (Ps. 42 et 84 )

Jésus félicite Pierre par un éloge : « Tu es heureux… » La Bible contient beaucoup de ces macarismes. Ce ne sont pas les seules facultés de la nature humaine qui ont donné à Bar-Yona, fils de Jean, la connaissance de la vraie nature de son Maître, mais le Père de Jésus : « Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père. » (Mt. 11 : 27) Outre le bonheur, des dons seront départis à Pierre en vue de sa mission. Le jeu de mot saisissant en français « Pierre…sur cette pierre » vient de l’araméen, langue de Jésus. Il est une création de Jésus ; nulle part ailleurs on ne trouve le prénom « Képha», Pierre en français qui deviendra le nom propre de Simon. Fait à remarquer, l’évangéliste Jean situe l’événement, le surnom donné à Pierre, dès l’appel du Seigneur : « Jésus le regarda et lui dit : Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Céphas, ce qui veut dire pierre. » (Jn 1 : 42) Ce changement de nom indique un tout nouveau rapport entre Jésus qui surnomme et Pierre le surnommé, il révèle une signification et l’orientation d’une mission.

LES DEUX CITÉS

Le terme Église est rare dans les évangiles. L’Église de Jésus est constituée par la communauté qu’il rassemble par sa prédication, son ministère. Jésus la compare ici à une cité bâtie sur le roc. Mais cette cité a une rivale : le royaume de la mort, l’Hades. Le terme « portes » signifie le combat qui habituellement se livrait aux portes de la ville. Prendre les portes d’une ville était prendre la ville (Is. 45 : 1-2) Quand Jésus s’attaquera aux puissances de la mort, celles-ci ne pourront lui résister. Selon le prophète Jonas (2 : 7 ) les portes de la mort s’étaient refermées pour toujours, mais par sa résurrection Jésus a reçu la clé lui permettant d’ouvrir ces portes.

Selon Isaïe (22 : 22), donner les clés d’un royaume a quelqu’un consistait à en faire son intendant, son premier ministre (Ap.2 :7 et 1 :18) Par sa résurrection, Jésus a reçu la clé qui lui permit d’ouvrir les portes de la mort. Avec la promesse de Jésus : « Je te donnerai les clés du Royaume…» Pierre aura maintenant le pouvoir d’ouvrir l’Église aux hommes par la foi et de les sauver de la mort. (Jn.3 :15)

Cette promesse de Jésus à Pierre s’applique-t-elle exclusivement à l’apôtre, ou également à ses successeurs dans l’espace et le temps ? Pour tant que la promesse est de nature à accomplir une mission dans l’espace et le temps, il va de soi que Pierre seul n’aurait pu suffire à réaliser cette mission. On le voit bien après deux mille ans de lutte, l’Église demeure toujours plus forte que les puissance s de la mort. Depuis cette promesse, l’Église , Pierre et non moins les disciples ( Mt 18 : 18) ont le pouvoir d’exclure de la communauté ou d’introduire dans l’Église, pouvoirs que Dieu lui-même ratifie.

Ainsi l’homme Pierre devient-il le héraut et le héros de la Cité de Dieu.

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