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Responsable de la chronique : Jacques Sylvestre, o.p.
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Bernardete Toneto. Frère Henri Burin des Roziers avocat des sans-terre

Imprimer Par Sophie Tremblay

RoziersCe un tout petit livre permet au lecteur de faire connaissance avec une figure dominicaine contemporaine impressionnante et interpellante : frère Henri Burin des Roziers. L’ouvrage est traduit du brésilien et préfacé par Carlos Alfonso Azpiroz Costa, maître actuel de l’Ordre des Prêcheurs. Frère Henri est né en 1930 dans une famille de la haute société parisienne apparentée au général de Gaulle. Après de brillantes études en droit, il décide à l’âge de 28 ans d’entrer dans l’ordre dominicain. Il attribue l’éveil de sa vocation religieuse entre autres à sa rencontre avec le père Yves Congar en Angleterre, à l’époque où Pie XII l’avait condamné au silence et à l’exil.

Après ses études en théologie et son ordination presbytérable, frère Henri croyait bien que le droit appartenait à sa vie passée. Mais sa formation de juriste lui permit de prendre la défense de marginaux et d’organismes communautaires pendant plusieurs années à Annecy. De passage au couvent Saint-Jacques de Paris, il a l’occasion de rencontrer des frères dominicains brésiliens victimes de persécution politique dans leur pays. Leur témoignage le touche beaucoup. En 1978, il quitte la France pour le Brésil.

Là-bas, il entre en contact avec des membres de la Commission pastorale de la terre. Après avoir obtenu la reconnaissance de ses qualifications et son inscription professionnelle comme avocat, frère Henri fait le choix de renoncer au droit civil pour se consacrer à la cause des pauvres. C’est un combat exigeant au nom de la compassion et de la justice, une lutte contre les structures politiques oppressives qui dépouillent des personnes de leur dignité et leur liberté.

Frère Henri ne travaille pas seul mais en équipe avec d’autres avocats, dont plusieurs sont jeunes. Il s’agit d’un véritable mouvement dans l’Église et la société brésilienne. Il n’est pas rare que des personnes associées à la cause trouvent une mort violente, dans un pays où la loi du silence et de la peur règne. Frère Henri reçoit des menaces de mort, mais refuse de prendre à son service un garde du corps ou de demander la protection d’une police qu’il sait complice dans la violence qu’il dénonce.

« – Avez-vous peur de mourir, frère Henri?
– Non, je n’ai pas peur. Je ne suis plus jeune. Je n’ai ni femme, ni enfants. Je ne porte pas d’arme avec moi. Étant religieux, mon arme, c’est l’Évangile.»

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