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L’amour doit être aimé

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

Durant trois longues semaines, la région de Washington aux États-Unis a vécu dans l’inquiétude et l’angoisse à cause de tireurs qu’il faut qualifier de «fous»! À Moscou, un commando tchétchène a détenu en otages entre 600 et 700 spectateurs qui assistaient à un spectacle dans un théâtre de la capitale russe. Alors que les guerres sont devenues absolument immorales à cause du raffinement de leurs armes, le président des États-Unis, le pays soi-disant le plus puissant au monde, veut attaquer Saddam Hussein et l’Iraq dans une lutte sans merci. Au Moyen-Orient, la violence monte en escalade entre Israël et la Palestine. À côté de ces conflits à grande échelle, il y a les assassinats à l’unité, les meurtres conjugaux, les tentatives sadiques pour quelques dollars, le suicide. Sur la planète, ça joue dur! La confrontation à plein rendement!

Que faire? Les gouvernements des pays du monde réagissent. Ils mettent en place des dispositifs de sécurité. Ils renforcent la police. Ils établissent des lois pour protéger les populations. Ils renforcent la surveillance à leurs frontières respectives. Tout pour que les citoyens et citoyennes puissent vivre et vaquer à leurs occupations en toute tranquillité.

Les efforts de paix donnent de bons résultats. Mais la haine aussi parvient à ses fins. La violence est toujours là, non seulement comme moyen de défense mais aussi pour faire mal, pour satisfaire les sadiques. On aura beau mettre en place des mécanismes de défense, le mal continuera de germer et d’enfouir ses racines dans tous les jardins du monde. On aura beau lutter pour plus de justice, inventer des moyens d’assurer le respect de la dignité humaine, la haine n’arrêtera pas ses ravages, elle continuera de frapper et de blesser.

Le Christ a proposé l’amour comme la meilleure arme contre la haine et la guerre: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même». Mon prochain comme moi-même. Comme un autre moi-même. Comme mon coeur, comme mon corps, comme ma vie. Aimer l’autre comme une part de ce que je suis. Aimer l’autre parce que je partage avec lui, avec elle une même humanité.

Jésus n’est ni le seul ni le premier à prôner l’amour. L’amour est un besoin fondamental de la nature humaine. Chaque être humain est ouvert à la relation. Chaque être humain a besoin de créer des alliances. Chaque être humain a besoin d’être connu et reconnu. Chaque être humain a besoin d’être entendu et embrassé.

Pourquoi? Fondamentalement parce qu’il est l’image de Dieu et que Dieu est amour. Nous sommes faits pour l’amour et notre coeur ne peut vivre sans l’amour. Nous avons constamment soif des autres, de les entourer de notre affection, de solliciter leur attention. Même les pires haines sont des appels à l’amour. Les pires déchéances, les plus grandes violences sont le fruit d’une carence au niveau de l’amour.

Ainsi donc l’amour seul peut faire taire les armes. La violence ne peut avoir le dernier mot si l’amour entre en scène. Aucune justice ne peut triompher sans que l’amour la soutienne. Aucune loi, aucune police ne peuvent assurer le respect mutuel si elles ne suscitent pas en même temps l’accueil des autres et l’amour du prochain.

Ces jours-ci, Statistiques Canada a publié son rapport pour l’année 2001. On observe au Canada une diminution sensible des engagements dans le mariage. Par contre, on y remarque une montée de l’union libre. Je ne veux pas déprécier l’union libre. Un homme et une femme peuvent s’aimer au point de choisir de cohabiter, de vivre ensemble sans aller jusqu’au mariage. Plusieurs de ces amours sont authentiques, de vraies amours.

Mais je ne peux que m’inquiéter que la société perde l’institution du mariage. La société a besoin que des couples s’engagent à réaliser une forme de l’amour qui assure la vitalité de la société. C’est à travers la vie des couples et de leur famille que la société se construit, grandit et tend vers sa maturité. La société compte sur des hommes et des femmes qui non seulement accueillent le sentiment qu’ils ont l’un pour l’autre, mais aussi mettent en oeuvre tous les moyens possibles pour que leur union persévère et devienne une famille, une société dans la société.

Je ne peux que m’inquiéter que de moins en moins de chrétiens et de chrétiennes choisissent le mariage comme sacrement de l’amour du Christ pour l’humanité et pour son Église. Le témoignage public et publicisé des couples mariés est essentiel pour l’annonce de l’Évangile à nos contemporains. L’Église a besoin de couples qui traduisent dans leur coeur, dans leur tête et dans leur corps qu’«il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis» (Jean .15, 13). Il faut de ces alliances qui révèlent le Christ, lui qui a fait même de sa mort une mort pour les autres, qui a choisi que sa mort devienne un acte d’amour absolu et inconditionnel.

Le monde a aussi besoin d’amitiés. Il a besoin que des êtres humains se lient les uns aux autres, partagent leurs aspirations les uns aux autres, comptent sur leur solidarité mutuelle, sur leur soutien mutuel. Le monde a besoin d’amitiés fidèles et indéfectibles. Ce n’est pas tout d’avoir un bon sentiment général. La paix dans le monde ne dépend pas seulement de la sympathie ou de l’empathie en général. Des liens véritables, des liens solides sont nécessaires.

L’amour est grand. L’amour doit être aimé. Le Christ en a même fait un culte: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans l’Écriture _ dans la Loi et les Prophètes _ dépend de ces deux commandements.» (Matthieu 22, 37-40).

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