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Patristique,

Responsable de la chronique : Gustave Nsengiyumva, o.p.
Patristique

Lettre aux Magnésiens

Imprimer Par Ignace d'Antioche

Apôtre, martyr, évêque, telle est la triple couronne qu’il faut déposer sur la tête d’Ignace, évêque d’Antioche vers de 69. Ne faites rien sans l’évêque, attachez-vous à l’évêque, aux prêtres et aux diacres. J’ai fait tout mon possible comme un homme choisi pour faire l’unité, pour nouer les hommes en Jésus Christ. Son nom de Porte-Dieu révèle bien son originale personnalité. Le seul vivant, clame-t-il, est celui qui croit en Jésus Christ. Amené à Rome pour y être martyrisé, il écrit : C’est de bon cœur que je vais mourir pour Dieu si du moins vous ne m’en empêchez pas. Sont restées de lui des lettres aux églises d’Asie mineure, dont celle aux chrétiens de Magnésie, située à quelques kilomètres d’Éphèse. Ignace semble préoccupé par la jeunesse de son successeur sur le siège épiscopal. C’est en cette ville d’Antioche que le qualificatif chrétien fut employé pour la première fois (Ac.11 : 26)


Ignace, appelé aussi Théophore (Porte-Dieu) à l’Église qui est bénie dans la grâce de Dieu le Père en Jésus Christ notre Sauveur. C’est en lui que je salue l’Église qui est à Magnésie, sur les bords du Méandre, et je lui souhaite abondance de joie en Dieu le Père et en Jésus Christ.

Apprenant que votre charité est parfaitement ordonnée selon Dieu, j’ai décidé dans ma joie, de vous adresser la parole dans la foi en Jésus Christ. Honoré d’un nom d’une divine splendeur, alors que je me déplace chargé de chaînes, je célèbre la louange des églises et je leur souhaite d’être unies à la chair et à l’esprit de Jésus Christ, notre éternelle vie ; je leur souhaite d’être unies dans la foi et la charité, qui est supérieure à tout ; je leur souhaite ce qui est le plus important : l’union avec Jésus et le Père de qui, après avoir résisté à toutes les attaques du prince de ce monde, et y avoir échappé, nous atteindrons Dieu. Puisque j’ai eu l’honneur de vous voir par l’intermédiaire de Damas, votre évêque digne de Dieu, des dignes presbytres (les anciens, responsables de l’église locale) Bassus et Appolonius, et de son compagnon de service, le diacre Zotion, je souhaite jouir de sa présence, car il est soumis à l’évêque comme à la grâce de Dieu, et au presbytérium (ensemble des presbytres ) comme à la loi de Jésus Christ.

Il convient que vous n’abusiez pas du jeune âge de votre évêque ; au contraire, par égard à la puissance de Dieu le Père, il convient que vous lui accordiez toute votre vénération. Car je sais que vos saints presbytres n’ont pas abusé de la jeunesse qui paraît en lui ; comme des gens guidés par une prudence divine, ils se soumettent à lui, non pas à lui, mais comme à l’évêque et au gardien de tous, au Père de Jésus Christ. Par respect pour ce Père qui nous a aimés, il convient d’obéir sans aucune dissimulation. Car, lorsqu’on dissimule, ce n’est pas l’évêque visible que l’on égare, c’est l’évêque invisible que l’on essaie de tromper. En agissant ainsi, ce n’est pas à l’homme de chair qu’on s’adresse, mais à Dieu, qui connaît les choses cachées.

Il convient donc de ne pas seulement se faire appeler chrétien, mais de l’être aussi ; de même que certains ont toujours le nom de l’évêque à la bouche, mais font tout sans lui. Ceux-là ne me paraissent pas avoir une bonne conscience, car leurs assemblées ne sont pas légitimes ni conformes au commandement du Seigneur.

Car les choses ont leur fin, et voici devant nous, toutes deux également, la mort et la vie, et chacun doit aller à son lieu propre. C’est ainsi qu’il y a deux monnaies, celle de Dieu et celle du monde ; et chacune d’elles a sa marque particulière. Les infidèles portent celle de ce monde, et les fidèles qui sont dans la charité portent la marque de Dieu le Père par Jésus Christ. Si grâce à celui-ci, nous ne décidons pas librement de mourir pour participer à sa passion, sa vie n’est pas en nous.

Ainsi, puisque dans les personnes que j’ai nommées plus haut, j’ai dans la foi vu et aimé toute votre communauté, je vous en conjure, ayez à cœur de faire toutes choses dans une divine concorde, sous la présidence de l’évêque qui tient la place de Dieu, des presbytres qui tiennent la place du sénat des apôtres, et des diacres qui me sont si chers, à qui a été confié le service de Jésus Christ, qui avant les siècles était près de Dieu, et s’est manifesté à la fin. Prenez donc tous les mœurs de Dieu, respectez-vous les uns les autres, et que personne ne regarde son prochain selon la chair, mais aimez-vous toujours les uns les autres en Jésus Christ. Qu’il n’y ait rien en vous qui puisse vous séparer, mais unissez-vous à l’évêque et aux présidents en image et leçon d’incorruptibilité.

De même donc que le Seigneur n’a rien fait, ni par Lui-même, ni par Ses apôtres, sans son Père, avec qui Il est Un, ainsi vous non plus ne faites rien sans l’évêque et les presbytres ; et n’essayez pas de faire passer pour raisonnable ce que vous faites à part vous, mais faites tout en commun : une seule prière, une seule supplication, un seul esprit, une seule espérance dans la charité, dans la joie irréprochable ; cela, c’est Jésus Christ, à qui rien n’est préférable. Tous accourez pour vous réunir comme en un seul temple de Dieu, comme autour d’un seul autel, en l’unique Jésus Christ, qui est sorti du Père un, et qui était en Lui l’unique, et qui est allé vers Lui.

Ne vous laissez pas séduire par les doctrines étrangères ni par ces vieilles fables qui sont sans utilité. Car si maintenant encore nous vivons selon la foi, nous avouons que nous n’avons pas reçu la grâce. Car les très divins prophètes ont vécu selon Jésus Christ ; c’est pourquoi ils ont été persécutés. Ils étaient inspirés par sa grâce, pour que les incrédules fussent pleinement convaincus qu’il n’y a qu’un seul Dieu, manifesté par Jésus Christ son Fils qui est son Verbe sorti du silence, qui en toutes choses s’est rendu agréable à celui qui l’avait envoyé.

Si donc ceux qui vivaient dans l’ancien ordre de choses sont venus à la nouvelle espérance, n’observant plus le sabbat, mais le jour du Seigneur, jour où notre vie s’est levée par Lui et par Sa mort, – quelques-uns le nient ; mais c’est par ce mystère que nous avons reçu la foi, et c’est pour cela que nous tenons ferme, afin d’être trouvés de véritables disciples de Jésus Christ, notre seul Maître – comment pourrions-nous vivre sans Lui, puisque les prophètes aussi, étant Ses disciples par l’esprit, L’attendaient comme leur Maître ? Et c’est pourquoi Celui qu’ils attendaient justement les a, par Sa présence, ressuscités des morts.

Ne soyons donc pas insensibles à sa Bonté. Car s’il nous imite selon ce que nous faisons, nous n’existons plus. C’est pourquoi faisons-nous ses disciples et apprenons à vivre selon le christianisme. Car celui qui s’appelle d’un autre nom en dehors de celui-ci, n’est pas à Dieu. Rejetez donc le mauvais levain, vieilli et aigri et transformez-vous en un levain nouveau, qui est Jésus Christ. Qu’il soit le sel de votre vie, pour que personne parmi vous ne se corrompe, car c’est à l’odeur que vous serez jugés. Il est absurde de parler de Jésus Christ et de judaïser. Car ce n’est pas le christianisme qui a cru au judaïsme, mais le judaïsme au christianisme, en qui s’est réunie toute langue qui croit en Dieu.

Tout ceci, mes bien-aimés, ce n’est pas que j’aie appris que quelques-uns parmi vous soient mal disposés; mais, bien qu’étant plus petit que vous, je veux que vous soyez en garde pour ne pas vous laisser prendre aux hameçons de la vanité. Au contraire, soyez pleinement convaincus de la naissance, et de la passion, et de la résurrection arrivée sous le gouvernement de Ponce Pilate. Toutes ces choses ont été véritablement et certainement accomplies par Jésus Christ notre espérance ; puisse aucun de vous ne jamais se détourner d’elles.

Puissé-je jouir de vous en toutes choses, si j’en suis digne. Car, bien qu’étant enchaîné, je ne suis comparable a aucun de vous qui êtes libres Je sais que vous ne vous gonflez pas d’orgueil ; car vous avez Jésus Christ en vous. Et davantage, quand je vous loue, je sais que vous en êtes confus, comme il est écrit :

Ayez donc soin de vous affermir dans les enseignements du Seigneur et des apôtres, afin qu’ « en tout ce que vous ferez vous réussissiez » (Psaume 1, 3) de chair et d’esprit, dans la foi et la charité, dans le Fils et le Père et l’Esprit, dans le principe et dans la fin, avec votre si digne évêque, et la précieuse couronne spirituelle de votre presbyterium, et avec vos saints diacres. « Soyez soumis » à l’évêque et « les uns aux autres » (Ep 5, 21), comme le Christ selon la chair fut soumis au Père, et les apôtres au Christ et au Père et à l’Esprit, afin que l’union soit à la fois charnelle et spirituelle.

Sachant que vous êtes pleins de Dieu, je vous ai exhortés brièvement. Souvenez-vous de moi dans vos prières, afin que je trouve Dieu, et aussi de l’Eglise de Syrie ; je ne suis pas digne d’en être appelé un membre, – car j’ai besoin de votre prière et de votre charité tout unies en Dieu, – pour que Dieu daigne, par votre Eglise, faire tomber sa rosée sur l’Eglise de Syrie.

De Smyrne d’où je vous écris, les Ephésiens vous saluent. Ils y sont venus pour la gloire de Dieu ; comme vous, ils m’ont réconforté en toutes choses avec Polycarpe, l’évêque de Smyrne. Et les autres Eglises vous saluent aussi en l’honneur de Jésus Christ. Portez-vous bien dans la concorde de Dieu, possédant cet esprit inséparable qu’est Jésus Christ.

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