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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

29e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre, o.p.

Soyez sur le guet

Puis Jésus leur dit une parabole sur ce qu’il fallait toujours prier sans jamais se lasser. Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait Dieu et se moquait des hommes. Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait la trouver, en disant : Rends-moi justice contre mon adversaire! Longtemps, le juge s’y refusa. Puis il se dit : J’ai beau ne pas craindre Dieu et me moquer des hommes, néanmoins, comme cette veuve m’importune, je vais lui faire justice, pour qu’elle ne vienne pas sans fin me casser la tête. Et le Seigneur dit : Écoutez ce que dit ce juge inique. Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui nuit et jour, tandis qu’il temporise à leur sujet ! Je vous le dis, il leur fera prompte justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre?

Commentaire :

Question déplacée ? Vieille hantise ? Avenir improbable, coup de tonnerre dans un ciel estival ! Tel est le sujet sur lequel l’évangéliste veut retenir notre attention en ce dimanche, dans cette parabole exclusive à Luc.

Précédemment, l’évangéliste avait entretenu ses disciples sur la venue du Règne de Dieu, (17 :22-37), enseignement qu’il avait introduit par une question venant des pharisiens : Quand donc viendra le règne de Dieu ? (17 :20-21) Cette parabole de la veuve se termine sur le thème du jugement : Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? (18 :8)

La question hantait les hommes de ce temps, davantage que nous. Nous n’avons qu’à relire les deux lettres de Paul aux Thessaloniciens (2 Th.5 :1-11 et 2 Th.2 :1-17). Vous savez vous-mêmes parfaitement que le Jour du Seigneur arrive comme un voleur en pleine nuit. Et l’auteur de la Lettre aux Hébreux insiste : Le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés d’un grand nombre, apparaîtra une seconde fois à ceux qui l’attendent pour leur donner le salut, à ceux et celles qui vivent en ces jours qui sont les derniers.(He.1:2) Voilà qui est de nature à expliquer le préambule de la parabole de Luc, disciple de Paul. Dans la pensée de son enseignement et pour ceux qui vivaient en attente, Luc débute ainsi : il faut prier et ne jamais se lasser de prier.

Une veuve, le type même de la personne sans défense, se présente devant son juge et le prie de lui faire justice, de la venger de ses ennemis. Mais le juge laisse traîner l’affaire. Un monologue intérieur dénué de toute psychologie amène finalement le juge à changer son attitude. Sans motifs valables, simplement par égoïsme, il prête l’oreille aux demandes de la veuve importune. L’action du juge, voilà bien la pointe de la parabole.

Évidemment, la veuve demeure pour Luc le modèle des fidèles qui prient avec constance. L’évangéliste pense sans doute aux persécutions qui imposent aux croyants de rendre témoignage à Jésus au péril de leur vie. (Lc.6 :22-23, 9 :26; 12 : 4,8,12; 21 :12-19). Si Dieu tient ses promesses, les fidèles seront-ils fidèles jusqu’au bout ?

Mais l’important pour Luc dans cet enseignement est de raviver dans l’esprit des siens l’attente de la Parousie, du retour glorieux du Christ à la fin des temps, la venue du Règne de Dieu. Le Seigneur ne se manifestera plus visiblement, il faut l’attendre dans la foi jusqu’au dernier jour. La parousie viendra soudainement, de façon inopinée, c’est pourquoi les disciples doivent se montrer vigilants et alertes, et prier sans désarmer, avec assiduité et sans défaillance. Telle est bien l’intention première de Luc dans cette parabole de la veuve.

Car Le Fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? Personne ou si peu ne l’attendront vraisemblablement. Beaucoup se seront assoupis, vivant dans une insouciance absolue, une torpeur spirituelle, sans préoccupation religieuse, se jugeant en sécurité, comme à la veille du Déluge et de la destruction de Sodome. (17 :26-30) A l’inverse du premier avènement, celui de Jésus en son Incarnation, progressif et à peine visible, le second sera soudain et instantané.

Cette exhortation à la prière importune ne concerne pas ici les nécessités quotidiennes, mais la fermeté dans l’attente de la venue du Christ. Et il s’agit moins de ténacité, que de hardiesse, absence de timidité, d’audace, source d’opiniâtreté, appuyée sur la foi.

Si le juge inique a finalement prêté l’oreille à la prière importune de la veuve, combien plus Dieu, la justice même, entendra-t-il le cri de détresse de ses élus, Il fera justice impromptu. (18 :8) La prière apparemment inefficace doit donc se poursuivre, encore qu’on ne sache ni sous quelle forme, ni à quelle époque elle obtiendra ce qu’elle implore. C’est en tenant ferme que vous gagnerez. (21 :19).

Oui, maintenant, demeurez en lui, petits enfants, pour que s’il venait à paraître, nous ayons pleine assurance et non point la honte de nous retrouver loin de lui à son Avènement. (I Jn. 2 :28)

Soyez sur le guet ! Veillez et priez car vous ne savez ni le jour ni l’heure (Mat. 24;42)

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