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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

28e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre, o.p.

L’étranger

Comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il passa aux confins de la Samarie et de la Galilée. À son entrée dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Se tenant à distance, ils élevèrent la voix : Jésus, Maître, dirent-ils, aie pitié de nous. A cette vue, Jésus leur dit : Allez vous montrer au prêtre. Pendant qu’ils y allaient, ils furent guéris. L’un d’entre eux, voyant qu’il avait été guéri, revint sur ses pas en glorifiant Dieu à haute voix et se jeta aux pieds de Jésus, visage contre terre, en le remerciant. Or, c’était un Samaritain. Prenant la parole, Jésus lui dit : Est-ce que tous les dix n’ont pas été guéris ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est donc pas trouvé pour revenir rendre gloire à Dieu que ce étranger ! Puis il lui dit : Relève-toi, pars ; ta foi t’a sauvé.

Commentaire :

Nous continuons la lecture de ce qui est communément appelé Le trésor de Luc.(9:51-18:14) : c’est là que nous trouvons les points forts de son enseignement. le tout scandé par un certain nombre de refrains qui retiennent l’attention sur l’essentiel du message et lui donnent tout son sens Et le premier de ces refrains sert de titre à la section : La montée vers Jérusalem.(9:51.53.57; 10:1; 13:22,33; 17:11) Il ne s’agit point ici d’une précision géographique, car nous semblons piétiner sur place.

Luc veut simplement nous tenir dans la lumière du Christ, Serviteur souffrant, dans sa montée à Jérusalem, pour accomplir par sa passion et sa mort, le salut du monde et la résurrection. Un autre refrain d’importance, et il concerne l’évangile de ce jour, c’est la mention de la Samarie : nous y trouvons en fait l’envoi dans des villages, sans doute de Samaritains, la mission en Samarie, la parabole du bon Samaritain et finalement le lépreux, un Samaritain, seul revenu rendre grâce. Les allusions de Luc à la Samarie sont toujours empreintes de bonté, de douceur et de bienveillance, contrairement au langage assez dur de Matthieu : N’entrez pas dans une ville de Samaritains. (Mt.10:5)

Nous trouvons ici une visée objective de Luc pour qui la mission auprès des non-juifs, les païens, était d’importance. Et la prédication en Samarie constitue comme une étape de transition : leur admission au salut porte l’espoir du salut pour les non-juifs, de tous les temps et de toutes les contrées.

L’ÉTRANGER

C’était un Samaritain : un type de la communauté séparée, un schismatique profondément méprisé par les Pharisiens. Même si les Samaritains n’étaient pas admis dans la communauté du Temple, ils priaient le même Dieu et attendaient le même Messie, Mais pour les Pharisiens, ils étaient des païens. Or seul cet étranger, le Samaritain, reconnaît en Jésus l’envoyé de Dieu. Luc insiste donc sur le fait que la mission aux païens fait partie intégrante de la mission de Jésus. On comprend l’importance du discours de Jésus à la synagogue de Nazareth : Il y avait beaucoup de lépreux en Israël lors du prophète Élisée ; pourtant, aucun ne fut guéri sauf Naaman, le Syrien. (4:27) Nous reviennent ici des brides du discours de Paul : C’est aux païens qu’a été envoyé ce salut de Dieu. Eux, ils écouteront. (Ac. 28 :28)

LA PRIÈRE DE L’ÉTRANGER

Les lépreux avaient demandé leur guérison : Jésus, Maître, aie pitié de nous.
Quelle admirable foi ! La foi, rencontre entre deux personnes, fidèles l’une à l’autre et confiante l’une dans l’autre : Jésus et moi. Cette façon d’interpeller Jésus par son nom, habituelle chez Marc, l’est plus encore chez Luc. Prêtons un moment l’oreille à la prière du bon larron sur la croix : Jésus, souviens-toi de moi… Le salut est obtenu grâce à l’invocation du nom de Jésus : Tu lui donneras le nom de Jésus avait dit l’ange, ce qui veut dire sauveur (Lc.1:31). Prière toute simple que chacun peut répéter tout au long du jour, au rythme de sa respiration. La prière du pèlerin russe qui après de longs jours en attente de la leçon de prière demandée à l’ermite, se fit répondre : Jésus, ce seul mot suffit, redit-le inlassablement. Jésus, aie pitié!.

Cri de la misère, cri des lépreux, du criminel au seuil de sa mort, des pécheurs, des aveugles. À ce cri, Dieu, qui a livré son propre fils pour nous sauver, ne peut demeurer insensible.Pour l’étranger, un Samaritain, ce juif était Dieu : il se jette face contre terre en rendant grâce. Faire l’action de grâce est synonyme d’eucharistie. Le seul lieu pour rendre gloire et grâce à Dieu est, pour l’évangéliste Luc, auprès de Jésus. La Samaritaine, au puits de Jacob l’a appris, un jour que Jésus, le Sauveur, lui demandait à boire. (Jn.4 :20-26) Une fois encore, quelqu’un de la Samarie, le païen, le pécheur, l’aveugle, le lépreux, l’étranger est revenu rendre grâce. Nous, peut-être, un jour !

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