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École de la prière

Prières diverses

Imprimer Par Rainer Maria Rilke, Augustin, Soldat inconnu

Révèle , Seigneur, ce qui gît au fond de nous
de Rainer Maria Rilke

Fais, Seigneur, qu’un homme soit saint et grand
et donne-lui une nuit profonde, infinie,
où il ira plus loin qu’on ait jamais été;
donne-lui une nuit où tout s’épanouisse,
et que cette nuit soit odorante comme des glycines,
et légère comme le souffle des vents,
et joyeuse comme Joséphat.

Fais qu’il parvienne enfin à maturité,
qu’il soit si vaste que l’univers suffise à peine à le vêtir;
et permets-lui d’être aussi seul qu’une étoile
pour qu’aucun regard ne vienne le surprendre
à l’heure où son visage change, bouleversé.

Fais que le temps de son enfance ressuscite dans son cœur;
ouvre-lui de nouveau le monde des merveilles
de ses premières années pleines de pressentiments.

Fais qu’il lui soit permis de veiller jusqu’à l’heure
où il enfantera sa propre mort,
pleins d’échos, comme un grand jardin
ou comme un voyageur qui revient de très loin…

Tiens-nous éveillés, une fois au moins;
révèle ce qui gît au fond de nous.

Rainer Maria Rilke

Le livre de la Pauvreté et de la Mort,
Trad. d’Arthur Adamov,
Actes Sud, Hubert Nyssen, 1982, p.21

Je t’ai aimé bien tard
Saint Augustin

Je t’ai aimé bien tard,
beauté ancienne et toujours nouvelle,
je t’ai aimé bien tard!
Tu étais au-dedans de moi-même,
Et moi j’étais au-dehors de moi-même.

C’était en ce dehors que je te cherchais,
et me ruant sur ces beautés, pourtant créées par toi,
j’y perdais ma propre beauté.
Tu étais avec moi, mais moi je n’étais pas avec toi…

Tu m’as appelé, tu as crié
et tu as triomphé de ma surdité.
Tu as brillé, tu as fait resplendir tes rayons
et tu as chassé les ténèbres de mon aveuglement.

Tu as répandu l’odeur de tes parfums :
J’ai commencé à les respirer et j’ai soupiré après toi.
J’ai goûté la douceur de ta grâce
et j’ai eu faim et soir de toi.

Tu m’as touché et mon cœur est tout brûlant d’ardeur
pour la jouissance de ton éternelle paix.

Saint Augustin
Confessions, livre X, XXVII, 38.
Les Belles lettres, t.II, 1926

M’entends-tu mon Dieu?
d’un soldat inconnu

M’entends-tu mon Dieu?

Jamais de ma vie je ne t’ai parlé, mais aujourd’hui je veux te saluer. Tu sais que depuis ma plus tendre enfance on m’a dit que tu n’existait pas, et moi, j’étais si bête que je l’ai cru.

Jamais je n’avais eu conscience de la beauté de ta création. Aujourd’hui, soudain, en voyant les profondeurs de l’immensité, ce ciel étoilé au-dessus de moi, mes yeux se sont ouverts.

Émerveillé, j’ai compris sa lumière.
Comment ais-je pu être si cruellement trompé?

Je ne sais pas Seigneur, si tu me tends la main, mais je te confie ce miracle et tu comprendras : au fond de ce terrible enfer, la lumière a jailli en moi et je t’ai vu.
Je ne te dirai rien de plus, seulement la joie de te connaître. A minuit, nous devons passer à l’attaque, mais je n’ai pas peur, tu nous regardes.

Écoute! c’est le signal. Que faire? J’étais si bien avec toi. Je veux te dire encore ceci : Tu sais que le combat sera mauvais. Peut-être que cette nuit je frapperai chez toi.
Bien que je n’aie jamais été ton ami, me permettras-tu d’entrer quand j’arriverai?
Mais je ne pleure pas, tu vois ce qui m’arrive, mes yeux se sont ouverts.
Pardonne-moi, Dieu. Je pars et ne reviendrai sûrement pas, mais quel miracle!
Je n’ai plus peur de la mort!

Prière trouvée dans la poche d’un soldat inconnu tombé pendant la seconde guerre mondiale. Les nouveaux martyrs russes, ed. Résiac, Montsûrs, 1976, p.344

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