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Entre moi et l’autre

Imprimer Par Paul-André Giguère

Connais-toi toi-même . Presque toutes les traditions spirituelles pourraient faire leur cet impératif venu de la Grèce antique. Les moyens pour parvenir à cette connaissance varient, les enseignements sur ce qu’est véritablement l’être humain et ce qu’il serait appelé à devenir sont différents. Mais toute expérience spirituelle authentique a trait à ce que le spirituel français Marcel Légaut appelait la recherche de son humanité .

Aime ton prochain comme toi-même . Presque toutes les traditions spirituelles se ramènent aussi à cet impératif venu du judaïsme et repris par la tradition chrétienne. La manière d’envisager cet amour se dit de mille façons, les moyens d’atténuer ou d’éliminer les obstacles à l’amour véritable sont différents. Mais toute expérience spirituelle authentique a trait à la capacité d’ouverture à l’autre dans la bienveillance et la compassion.

Ainsi donc, la vie spirituelle se déploie à l’intérieur d’un champ de forces dont l’équilibre n’est pas facile à trouver. Il y a, d’une part, l’attention à soi-même, l’accès à son intériorité, la découverte de sa vérité, la réconciliation avec soi-même au cour de son histoire et de ses déterminismes, la maîtrise de soi. Il y a, d’autre part, l’attention à l’autre, le décentrement de sa propre personne, le don ou l’oubli de soi, le mouvement profond de désintéressement et de gratuité, l’ouverture à la communauté. Les deux mouvements sont absolument essentiels au progrès spirituel.

Car comment se donner véritablement si on ne se possède pas ? Il arrive à celui ou celle qui ne se connaît pas, ou qui ne s’aime pas, de se servir inconsciemment des autres dans le but de se trouver soi-même. L’ouverture à l’autre et le service sont alors motivés en réalité par ce qu’on peut en retirer de gratifiant ou d’utile.

D’une manière corrélative, comment se connaître ou devenir soi en toute vérité si on ne risque pas la rencontre de l’autre et l’expérience de l’altérité ? Il arrive à celui ou celle qui est incapable de prendre ce risque, de se replier sur sa personne et d’absolutiser sa croissance personnelle et la recherche de l’harmonie entre son corps, son âme, son esprit et le cosmos.

Entre la fuite de soi et la fuite de l’autre, ou, inversement, entre le repli sur soi et la perte de soi en l’autre, le chemin est étroit. Voilà pourquoi il est nécessaire de poursuivre sa recherche intérieure en référence à quelqu’un ou quelque chose qui nous est extérieur. Il peut s’agir d’une tradition spirituelle ou religieuse, d’un maître ou d’un guide, d’une Écriture sacrée, d’une communauté composée d’autres femmes, d’autres hommes, animés d’un même désir. Entre moi et l’autre, il est nécessaire d’inscrire un tiers qui puisse prévenir qu’on soit absorbé par l’un des deux pôles.

Le judaïsme, par exemple, invite le fidèle à se référer continuellement à sa tradition porteuse d’un appel aussi bien à l’identité personnelle et collective qu’à l’ouverture au prochain. Mes paroles que voici, vous les mettrez en vous, dans votre cour. Vous en ferez un signe attaché à votre main, une marque placée entre vos yeux. Vous les apprendrez à vos fils en les leur disant quand tu resteras chez toi et quand tu marcheras sur la route, quand tu seras couché et quand tu seras debout ; tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison et à l’entrée de tes villes (Deutéronome 11 18-20).

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