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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

19e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre, o.p.

Il va venir

Sois sans crainte, petit troupeau, car il a plus à votre Père de vous donner le Royaume. Vendez vos biens, et donnez-les en aumônes. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor qui ne vous fera pas défaut dans les cieux, où ni voleur n’approche, ni mite ne détruit. Car où est votre trésor, là aussi sera votre cour. Tenez vos reins ceints et vos lampes allumées. Soyez semblables à des gens qui attendent leur maître à son retour de noces, afin de lui ouvrir dès qu’il viendra et frappera. Heureux ces serviteurs que le maître à son arrivée trouvera fidèles à veiller ! En vérité, je vous le dis, il se ceindra, les fera mettre à table, et, passant de l’un à l’autre, il les servira. Qu’il vienne à la deuxième ou troisième veille, s’il trouve les choses ainsi, heureux seront-ils ! Comprenez bien ceci : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur devait venir, il n’aurait pas laissé percer les murs de sa demeure. Tenez-vous prêts, vous aussi, car c’est à l’heure que vous ne pensez pas que le Fils de l’homme viendra. Pierre dit alors : «Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole ou bien pour tout le monde ? » Le Seigneur répondit : «Quel est donc l’intendant fidèle, avisé, que le maître établira sur ses gens pour leur donner en temps voulu leur ration de blé ? Heureux ce serviteur, que son maître à son arrivée trouvera occupé de la sorte ! En vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens. Mais si ce serviteur dit en son cour : Mon maître tarde à venir, et qu’il se mette à battre serviteurs et servantes, à manger, boire et s’enivrer, le maître de ce serviteur viendra au jour qu’il ne l’attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas ; il le retranchera et lui assignera son lot parmi les infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’aura rien tenu prêt et n’aura pas agi selon cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Quant à celui qui, sans la connaître, aura, par sa conduite, mérité des coups, il n’en recevra qu’un petit nombre. A qui on aura donné beaucoup il sera beaucoup demandé, et à qui on aura confié beaucoup, on réclamera davantage.

Commentaire :

Les denrées de la foi sont nombreuses aujourd’hui. Les uns mettent leur confiance en la loto, les jeux vidéos, la chance, leur bonne étoile ; les autres, dans l’avancement de la science même si elle ne le fait qu’à pas d’oie, la bonté des humains, la négociation, l’effort personnel, une bonne psychanalyse. En blague, les premiers disent : «ca ne change pas le monde!», mais le seconds ne ménagent point leurs efforts pour tenter d’établir un monde de paix et d’amour. Malgré tout, l’espérance s’avère de plus en plus difficile avec le temps et de nouvelles sources de désespérances se découvrent chaque jour. Pourtant, il doit bien y avoir quelque part, raison d’espérer contre toute espérance (Rm.4 :18) ) L’épître aux Hébreux, ce dimanche, fait l’éloge des nos ancêtres dans la foi, que l’auteur décrit comme la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités que l’on ne voit pas. Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, de sorte que ce que l’on voit provient de ce qui n’est pas apparent.» (Hé.11:1-3)

LA VIGILANCE CHRÉTIENNE

Il serait plus ou moins fondé d’entendre ce discours de Luc à ses disciples comme une mise en garde de la proximité du retour du Christ et de la fin des temps, voire simplement la mort individuelle. Certains vivaient de cet esprit et avaient abandonné tout travail. La vigilance chrétienne consiste avant tout à ne pas être absent de ce monde : oubli total de la terre et éloignement de la vie quotidienne. La pensée de la venue du Christ ne doit point pousser les chrétiens vers le désert ni les retirer du monde. Le cour vigilant use de ce monde comme n’en usant pas, il accomplit les tâches terrestres en gardant l’espoir et le désir de voir se réaliser l’avènement du Maître et ce monde nouveau qu’il a promis. Désirer la venue du Christ, écrivait Augustin, c’est concrètement dépouiller le vieil homme pour revêtir l’homme nouveau et se tourner résolument vers les biens promis par le Christ.

LA VENUE DU MAÎTRE

Les évangélistes n’ont pas manqué de sonner l’alerte concernant le retour du Christ. Les paraboles de vigilance se multiplient sous leurs plumes : le maître de retour des noces, les dix vierges, le voleur de nuit qui inspira l’apôtre Paul dans sa Première lettre aux Thessaloniciens (5:2.4-8) et enfin la parabole du portier (Mc.13:33-37)

«C’est l’heure de vous arracher au sommeil; le salut est maintenant plus près de nous qu’au temps où nous avons cru. La nuit est avancée. Le jour est proche. Laissons là les ouvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière», écrivait Paul aux

Romains. (13:11-12) Dans l’évangile de ce dimanche, trois paraboles invitent les disciples à se tenir prêts pour la venue de leur Maître. Fin du monde ou la fin d’un monde ? Optons pour cette dernière précision. Avant de fixer nos yeux vers le ciel, comme les apôtres au soir de l’Ascension, promenons nos regards sur la terre et préparons nos cours, nos esprits et nos âmes à la réalisation du salut apporté par Jésus à tous les confins du monde, son désir de bâtir un monde de justice, de paix et d’amour. «La création en attente aspire . à être libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de gloire des enfants de Dieu. Et non pas elle seule, mais nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit.» Loin de nous d’attendre des événements apocalyptiques ou d’entretenir des rêveries de millénaristes toujours déçus. C’est aujourd’hui qu’il faut nous garder de toute résistance à l’événement et à l’avènement : la venue du Christ, avec sa parole et son Royaume de paix de justice, d’amour et de liberté.

DÉTACHEMENT

A cette fin, :Luc propose aux siens deux mots d’ordre : détachement et vigilance.

Pour inciter ses disciples au détachement, Luc dirige leurs regards vers le Royaume promis. Quel sens l’évangéliste attache-t-il à ce texte ? Pour ses fidèles, en vue de les rassurer, Luc utilise les mots de Jésus : «Petit troupeau», peuple choisi, mis à part, guidé par Dieu, » (Is.49 :9-10) «ne crains pas.» La Promesse du Père tient toujours et nous n’avons qu’à accueillir son règne ; c’est une promesse, nous n’aurons pas à nous en emparer de force. Aussi Luc insiste-t-il sur le détachement et l’aumône (11 :41).

Trois paraboles suivent : l’attente de celui qui vient requiert la tenue de service, pans de robe relevés et serrés à la ceinture, lampes allumées. Le maître va revenir à une heure imprévisible, puissions-nous être toujours prêts à accueillir celui qui se fera notre serviteur, le Fils de l’homme. 21:36 Et pour insister sur l’imprévisibilité de cette venue, une deuxième parabole tirée de l’expérience courante : Quand les voleurs percent les minces parois des maisons (Jb.24:16) ils ne s’annoncent pas. La troisième parabole est propre à saint .Luc. Elle vise les responsables de communauté chrétienne et de la subsistance des domestiques durant l’absence du maître. .

MESSAGE POUR NOTRE TEMPS.

Des tribulations s’annoncent, sévissent ; le Christ encourage le «petit troupeau» que nous sommes, parfois saisi de crainte ou de désespoir, à mettre sa confiance dans le Père et à se faire des trésors dans le ciel et non sur la terre. À cette fin, nous devons veiller et travailler. Le Maître va venir : le règne de Dieu est là, de même que son jugement. Il est à la porte, Jésus, le cambrioleur de nos misères : image original de Luc. (16:1-8 et 18:1-8)

L’attente du Seigneur non seulement prive de valeur les choses autres que celles que nous attendons, mais elle nous retire l’instant présent lui-même. En effet, «ce que nous attendons, ce n’est pas la présence de l’instant. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas ce que l’instant est. Ce que nous attendons, ce qui nous intéresse suprêmement, c’est Celui que l’instant nous apporte, c’est l’arrivée et le contact du Seigneur dans cet instant.» (Visage de lumière, par un moine d’Orient). Le Royaume de Dieu est tout proche.

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