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Toucher c’est croire !

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

Dans les récits bibliques qui relatent l’événement de Pâques, il y a un personnage haut en couleurs: l’apôtre Thomas. Haut en couleurs principalement pour la réputation dont la tradition l’a affublé. C’est, dit-on, un incrédule. Il veut des preuves. Il veut toucher. Son attitude est tellement retentissante, qu’une expression en est née: «incrédule comme Thomas». Nous taquinons nos amis qui doutent de nos propos quand nous leur déclarons: «Tu es un saint Thomas!»

Pourtant, à regarder de plus près le texte évangélique, c’est plutôt un croyant, et même un grand croyant, que nous rencontrons en saint Thomas. Il dit: «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n’y croirai pas.» (Jean 20, 25) Voilà une affirmation de foi importante: Thomas croit ou veut croire en reconnaissant dans le Christ celui qui a souffert et est mort. Il ne veut pas ignorer la passion. Bien au contraire. La mort du Christ fait partie de sa foi au même titre que sa résurrection. Celle-ci ne vient pas cacher le scandale de la croix; elle en montre plutôt la fécondité.

Le Ressuscité apparaît huit jours plus tard. Thomas est présent. Et le Seigneur lui dit: «Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté; cesse d’être incrédule, sois croyant.» (Jean 20, 27) Autrement dit: reconnais le crucifié dans celui qui apparaît en ressuscité. Sois croyant jusque-là. La résurrection ne nie pas la passion. Elle en montre toute la fécondité. Dieu a suscité de la vie au creux de la mort. Thomas est invité à reconnaître en celui qui est vivant devant lui celui qui était réellement mort quelques heures auparavant.

Le témoignage de Thomas nous invite nous-mêmes à proclamer une foi qui ne gomme pas la mort et la souffrance du Christ. Bien plus, nous croirons en voyant les marques de la souffrance sur les hommes et les femmes que nous côtoyons. Nous croirons en touchant les blessures humaines, en portant secours à nos semblables qui traversent leur propre passion. Une foi qui ressemble à celle de Thomas est une foi qui s’exprime dans le dévouement auprès des plus petits, ceux et celles qui vivent des moments difficiles. Être incrédule, c’est se tenir à l’écart du service des autres. Être croyant, c’est s’engager avec Dieu dans le processus de résurrection de ceux et celles qui subissent des épreuves.

Thomas mérite donc une place d’honneur. Il veut toucher pour croire. Toucher la souffrance que Dieu transforme en vie, toucher la mort que Dieu fait déboucher sur la résurrection.

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