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Billet hebdomadaire

Imaginons-nous

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

Imaginons-nous saint Matthieu en train d’écrire son évangile en ce début décembre 2001, après une rencontre d’étudiants et d’étudiantes de l’Université de Montréal (ou d’une autre université ou école à travers le monde). J’imagine qu’il dirait à peu près ceci:

Jésus parlait avec de jeunes universitaires de sa venue:

_ L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui se passe sur le campus. Dans ces grands édifices pleins d’étudiants et de professeurs, on étudie et on enseigne. On lit de gros livres remplis d’idées savantes. On fait des expériences plus ou moins scientifiques. On passe des examens. On en réussit un certain nombre. On en coule quelques-uns. On tombe en amour ou on met fin à des fréquentations. On fait du sport et on écoute la télé. On compte les sous qu’on a et ceux qu’on aimerait avoir. Et personne ne se doute de rien jusqu’au jour où des étudiants sont devenus plus savants que leurs professeurs, que d’autres décident de se marier et de passer le reste de leur vie ensemble, que d’autres partent travailler dans une région éloignée simplement pour rendre service aux gens qui vivent dans cette région, que d’autres reçoivent les confidences de confrères et de consoeurs qui traversent un malheur, que d’autres interviennent chaque fois qu’ils sont témoins d’une injustice, que d’autres choisissent la non-violence plutôt que l’intervention musclée.

Une étudiante prit la parole et dit:
_ Veux-tu dire, Seigneur, que ta venue ressemble au quotidien? Rien de spécial. Dans l’anonymat le plus complet. Et que nous risquons de le manquer?

Jésus reprit la parole:
_ Pas tout-à-fait. Tu peux le reconnaître dans le sourire innocent d’un enfant qui vient te chercher jusqu’au fond de tes tripes. Tu peux le remarquer dans l’engagement de ton voisin qui fait partie de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture. Chaque mois, il envoie une lettre à un chef d’état pour dénoncer une situation de torture. Un geste d’affection peut attirer ton attention. Les réactions contre la guerre en Israël ou en Afghanistan, les mouvements pour la paix, la contestation des injustices, les organismes qui viennent en aide aux défavorisés, le fond Partage du Centre étudiant, le gars de Polytechnique qui prend la peine d’expliquer à un autre un cours plutôt compliqué qu’un professeur vient de donner. Tout cela, n’est-ce pas des signes de ma venue?

_ Mais c’est de la vie courante tout cela, répliqua un autre étudiant. Depuis toujours, il y a des bons gestes, de bonnes paroles, des actions humanitaires, des protestations contre le mal.

_ C’est vrai, dit Jésus. L’Évangile a commencé bien avant qu’on l’écrive. Bien avant que j’arrive comme au sommet de cet Évangile. La naissance d’hommes et de femmes qui deviennent de plus en plus humains, c’est déjà une manifestation de ma venue. Ce sont des hommes et des femmes que Dieu greffe sur l’arbre que je suis, comme des sarments greffés sur une vigne, comme des branches entées sur un érable.

_ Alors, si ta venue est si ordinaire, nous risquons de ne pas nous en rendre compte?

_ Oui, mais… On peut aussi s’en rendre compte. Comme Noé a senti le vent. Ou plutôt, d’après la Bible, comme Dieu lui a donné du flair. Aujourd’hui, Dieu vous donne la foi. C’est votre flair. Un regard différent sur ce qui se passe, un regard qui permet de remarquer les signes de l’avènement du Christ. Il y en a qui ont le flair et d’autres pas. Deux étudiants préparent leurs examens. L’un est pris pour le Royaume. L’Évangile le passionne. La foi au Christ le fait vivre. L’autre reste indifférent. Deux étudiantes font du vélo: l’une est prise par sa foi, l’autre laissée.

_ Si je comprends bien, dit une étudiante. C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. C’est dans des situations qui n’attirent pas particulièrement notre attention que tu te manifestes.

_ T’as raison, conclut Jésus. Veillez donc! Vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra.

En ce début de décembre 2001, en rentrant à la maison, chacun se demandait s’il n’avait pas quelque chose à faire pour hâter la venue du Seigneur. Quelque chose à vivre pour rester en état de veille. Pourquoi pas une attention particulière au cours de la semaine à une situation qui demande un plus grand souci de justice? Parmi les activités de la semaine n’y en a-t-il pas une qui pourrait être soignée pour qu’elle annonce la venue du Seigneur? Une manière de vivre qui favorise la paix et la justice?

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