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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 5e Dimanche de Pâques (C)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

« Comme je vous ai aimés »

À la mort de son fondateur, il y a trois ans, le réseau des foyers de l’Arche fondé à Trosly-Breuil, en France, comptait plus de 152 groupes dans 37 pays. Nous avons, dans ces petites communautés, le modèle reconnu d’un vivre ensemble original offert aux déficients mentaux, aux handicapés intellectuels et sociaux. Les foyers de l’Arche se veulent un refuge pour l’accueil inconditionnel des blessés de la vie, des êtres fragilisés, en besoin de protection, d’encouragement, de tendresse.

L’évangile de ce dimanche explique en bonne part l’œuvre de l’initiateur de l’Arche et de ses collaborateurs. Les paroles du Christ nous disent la source profonde de ce dynamisme spirituel qui fait de ces communautés des lieux d’amour, de réconciliation, d’acceptation inconditionnelle de l’autre. Malgré les révélations plus récentes de mauvaises conduites qui entachent la réputation du fondateur de l’Arche, le commandement nouveau, dont Jésus nous parle en ce dimanche, a trouvé dans ces petites communautés une forme impressionnante d’accomplissement. Il faut faire la part des choses. Les fautes personnelles d’un artisan n’enlèvent rien à la beauté et à la nature profonde de son œuvre. La grâce de Dieu se joue de nos insuffisances et de nos misères. Voyons dans l’œuvre de l’Arche l’effet authentique de la miséricorde divine, le triomphe de l’Amour divin au cœur d’un monde pauvre et malheureux.

Aimer et être aimé, ça n’a rien de neuf pour nous. Nous avons tous envie d’aimer et le besoin d’être aimés. Tout le monde tombe en amour! Ce dont Jésus nous parle ici, c’est cependant d’un commandement nouveau, d’un amour pas comme les autres, d’un amour de charité. Notre vocabulaire est pauvre pour en parler. Disons qu’il s’agit d’un amour pas seulement naturel et humain, mais de l’amour du Christ lui-même, dont il nous a donné exemple lors du lavement des pieds, dont il nous a révélé la grandeur et la profondeur dans le don de sa vie sur la croix.

Cet amour qui est proprement divin est répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint. C’est cet amour qui tient ensemble les disciples du Christ. Cet amour qui nous rend capables d’aimer comme lui; qui nous fait nous aimer les uns les autres comme lui nous a aimés. Jusqu’à donner notre vie. Cet amour, capable d’un dépassement héroïque, témoigne de l’infini de l’amour divin en nous. Il nous sauve de l’égoïsme, de la peur, des ténèbres de la trahison, de l’infidélité, de la mort.

« Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres ». Cet amour n’est pas réservé à quelques êtres exceptionnels, – Mère Teresa, Vincent de Paul, Martin Luther King, Thérèse de l’Enfant-Jésus et les autres -. Cette grâce d’aimer, comme le Christ nous a aimés, elle est offerte à chacun de nous. Elle se retrouve dans les couples, dans les familles, chez tous les gens de bonne volonté. Elle est partout où l’Esprit d’humilité et de service anime les gestes simples et patients, les cœurs qui pardonnent, les gens qui partagent et sacrifient leur bien-être et leur confort pour aider le démuni, qui accueillent volontiers l’étranger, qui se laissent déranger pour le salut du prochain. Ce sont eux les vrais disciples du Maître et Seigneur Jésus, ceux qui, même sans le savoir, le font connaître comme Christ Sauveur, lui qui nous a tous aimés le premier et nous fait miséricorde, lui qui s’est livré pour nous, qui nous donne d’aimer comme lui.

C’est elle la Jérusalem nouvelle descendue de chez Dieu dont parlait la 2e lecture. Cette communauté sainte de ceux qui aiment comme Jésus. Avec elle advient un monde nouveau où cesseront les pleurs, les tristesses, les cris de mort. Déjà c’est la demeure de Dieu avec les hommes. C’est ainsi qu’il fait chez nous toute chose nouvelle.

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