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Nous deux,

Responsable de la chronique : Caroline Pinet
Nous deux

La rose d’Antoine

Imprimer Par Caroline Pinet

 

D’Antoine de Saint-Exupéry à Gilbert Bécaud en passant par Ronsard et Hugo, les auteurs ont souvent pris la rose pour symboliser l’amour. La rose, à la fois sublime et fragile, permet d’illustrer l’amour dans ce qu’il revêt de complexité et de profondeur. Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus reprenait également la rose pour symboliser son amour totale à Jésus. Quand elle parle d’effeuiller la rose, elle signifiait sa volonté de faire tous les sacrifices afin de témoigner de son amour au Christ, sachant que le plus grand amour est celui de donner sa vie pour ses amis.

Je me souviens très bien de la première fois où j’ai lu Le Petit Prince. J’avais neuf ans. Cela m’avait émue profondément. Ce joli petit prince, ce renard, cette rose ! Quelle poésie ! Je l’ai lu par la suite à plusieurs reprises à différents moments de ma vie et à chaque fois une dimension nouvelle du récit m’interpellait. Récemment, j’ai appris que le fil rouge de cette œuvre magnifique est en fait Consuelo, la femme de l’auteur. Saint-Exupéry l’avait quittée, comme le petit Prince qui abandonne sa rose sur sa planète et a regretté par la suite cette décision. Il se fait du souci pour elle, fragilisée par l’asthme, il cherche à la retrouver.

Le petit prince se rend compte que sa rose est unique bien qu’il en existe cinq mille qui lui ressemblent, cultivées dans un jardin. C’est par la sagesse d’un renard qu’il apprend qu’en fait, nous devenons responsables pour toujours de ce que nous avons apprivoisé. Se marier, s’unir à un autre n’a rien de banal. Cela nous engage pleinement.

On dit que le couple Saint-Exupéry vivait un grand amour. On imagine alors des pages de bonheur. Malheureusement, les égoïsmes de l’un, les fragilités de l’autre viennent nous rappeler que les grandes pages d’amour s’écrivent avec ce que nous sommes – et que Saint-Paul ne cesse de nous rappeler – de pauvres pécheurs : « …18Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair: j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. 19Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. 20Et si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui le fais, c’est le péché qui habite en moi… » (Romains, 7 ; 18-20).

Ainsi donc, ce doux récit, qui nous apprend les profonds secrets universels du cœur, nous révèle les regrets amers d’un écrivain qui a si mal aimé sa femme capricieuse vers qui il souhaite retourner. Il s’agit d’une longue « lettre de pardon » révélera plus tard Consuelo dans un livre autobiographique La rose du Petit Prince.

La nature humaine offre toujours des paysages de sentiments aux reliefs si contrastés entre amour sublime et souffrance. Nous connaissons tous ces lignes splendides de l’œuvre du « Petit Prince » au sujet des yeux du cœur, de la responsabilité que l’on a sur ce qu’on a apprivoisé. Mais nous ignorons, pour beaucoup, les lignes non moins profondes qu’adressa l’auteur à son épouse avant d’effectuer ce qui sera son dernier vol : «Consuelo, merci du fond du cœur d’être ma femme. Si je suis blessé j’aurai qui me soignera. Si je suis tué j’aurai qui attendre dans l’éternité. Si je reviens j’aurai vers qui revenir. Consuelo toutes nos disputes, tous nos litiges sont morts. Je ne suis plus qu’un grand cantique de reconnaissance. »

 Les grands amours n’ont pas à être malheureux. Mais, nos natures humaines compliquées sèment parfois des souffrances malgré nous à cause de notre finitude tout humaine. Dieu nous appelle à dépasser nos faiblesses et à aimer de manière simple au quotidien en nous aidant du pardon qui  permet d’atteindre des profondeurs d’amour qui touche au sublime.

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