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Aventure spirituelle,

Responsable de la chronique : Gilles Simard, o.p.
Aventure spirituelle

Saint Albert le Grand, o.p.

Imprimer Par Albert-Henri Kühlem, o.p.

Aujourd’hui, découvrons ensemble saint Albert « le Grand », avec les mots du f. Albert-Henri Kühlem op (Centre Cormier de Marseille), Saint Albert le Grand, entre science et foi

La grandeur d’un petit homme. Quand saint Albert se présenta la première fois au pape Alexandre IV qui ne l’avait jamais vu auparavant, celui-ci l’accueillit gentiment en lui disant : « Maître Albert, levez-vous ! » et saint Albert de répondre : « Votre Sainteté, je suis déjà debout. » Saint Albert était petit, tellement petit que le Pape pensait avoir devant lui un homme agenouillé. Sa petitesse corporelle en revanche n’avait pas pu empêcher ses contemporains d’appeler Maître Albert « le Grand », tellement la renommée de l’ouverture et de l’universalité de son esprit était connue et admirée par tout l’Occident.  

Un esprit scientifique. Albert est né à Lauingen (Bavière, Allemagne), ville sur le Danube, vers l’an 1200. Très tôt, il développe un sens scientifique dont la méthode était l’observation et la déduction. Il découvre et constate par exemple que chaque animal est au mieux adapté à son environnement ce qui est pour lui une occasion de louange du créateur. Il en déduira plus tard que là où il y a toujours la neige, il devrait y avoir des ours blancs. À l’époque de saint Albert, l’existence de ces ours polaires n’était pas encore connue, mais la déduction, l’essai de s’unir à l’esprit du créateur et de voir les choses et la réalité comme Dieu les voit, a toujours été la méthode scientifique qu’il gardera pendant toute sa vie.

L’entrée chez les Dominicains. À partir de l’année 1222, Albert est étudiant en Italie et en 1229 son nom apparaît inscrit à l’Université de Padoue, une des plus grandes et renommées universités de son temps. […] À Padoue, il y avait aussi un couvent dominicain qu’Albert fréquentait régulièrement. Cette communauté nouvelle a dû l’attirer à plus d’un titre par son enthousiasme de louange et la prédication du Christ. […] Lors d’un entretien avec Jourdain [de Saxe, Maître de l’Ordre], celui-ci lui assure : « Je te promets, mon fils, si tu entres dans notre Ordre, tu ne le quitteras plus jamais. » Ces paroles l’ont accompagné pendant toute sa vie religieuse et l’ont aidé lors des épreuves que chaque religieux peut affronter. Albert reçoit donc l’habit des mains du bienheureux Jourdain et commence son noviciat d’un an à Padoue en 1229. […] À la fin de son noviciat en 1230, Albert prononça les vœux religieux. Il est envoyé ensuite pour des études de théologie à Cologne (Rhénanie) en Allemagne, une ville qui va devenir sa ville de prédilection. […] 

Un formateur hors pair. […] En 1245, il devient le premier étranger professeur de théologie à Paris. Pendant trois ans d’enseignement, il a dû certainement impressionner les étudiants comme en témoignent encore aujourd’hui à Paris la « rue Maître Albert » et la station de Métro « Maubert » (Maître Albert) dans le 5e arrondissement. De retour à Cologne en 1248, il a visité les fouilles pour les fondations, pour examiner avec son étudiant Thomas d’Aquin les différentes couches historiques. Ce n’est d’ailleurs pas le hasard qui a amené Thomas d’Aquin à Cologne auprès d’Albert. À son retour à Cologne, on demanda à Albert de fonder comme c’était déjà le cas à Bologne (Italie), Montpellier (France) et Oxford (Angleterre), un Studium, c’est-à-dire un centre de formation théologique et philosophique pour les Frères. Thomas d’Aquin fit partie des premiers étudiants de ce Studium. Thomas devint son meilleur étudiant et Albert proposa son élève comme professeur à l’université de Paris. Mais le Maître de l’Ordre refusa. Albert se révéla pour cette question comme un peu têtu, car il se mit en contact avec le légat du Pape, Hugues de Saint-Cher, qui prépara à Thomas le chemin vers Paris. Thomas n’avait que 27 ans et sans Albert, il ne serait jamais devenu professeur à Paris. Thomas lui-même craignait un peu cette nouvelle charge professorale, mais Albert l’encourageait en disant : « Toi, tu es véritablement un plus grand maître que moi ! »

Un émissaire de paix. L’influence d’Albert à Cologne -et bien au-delà- continua à s’accroître. Par deux fois, sa sagesse renommée amena les citoyens de Cologne à lui demander d’établir la paix entre leur ville et son archevêque. Bien qu’il s’agissait (sic) de questions de droit économique, Albert savait toujours calmer les parties et durablement établir la paix en vérité. la paix établie par Albert était plus forte que l’égoïsme blessé de certains. À l’intérieur de l’Ordre dominicain, on était évidemment aussi fier d’Albert. […] Il semble que partout où Albert apparut, chacun voulait le garder pour soi. Lorsque les Dominicains et Franciscains ont été calomniés et menacés par le clergé séculier à Paris à cause de leur mode de vie, Albert est encore envoyé auprès du Pape pour lui soumettre la situation. Le pape Alexandre IV trancha en faveur de sa demande, et il fut tellement impressionné par Albert qu’il le gardât à sa cour et le nomma professeur à l’université papale. […]

 À l’écoute de la volonté de Dieu. Pendant trois ans, il peut s’adonner aux études et à l’enseignement, jusqu’à ce que le Pape lui demande en janvier 1260 d’accepter de devenir évêque de Ratisbonne, un diocèse dans une situation très précaire sur tous les points de vue. […] Deux ans lui suffirent pour rétablir l’ordre dans le diocèse de Ratisbonne. Une fois cette mission accomplie, il demandât à être libéré de sa charge pour prêcher dans toute l’Allemagne et l’Europe, pour participer au Concile de Lyon en 1274 et partir encore quelques années avant sa mort à Paris, pour défendre la doctrine de son disciple saint Thomas d’Aquin.

Son influence intellectuelle. [Saint Albert] fait partie des premiers savants qui intégrèrent la pensé et la philosophie d’Aristote à l’université, une affaire très osée dans le milieu plutôt conservateur de l’époque. Il a aussi sensibilisé les universités aux sciences naturelles, qu’il intégra même au Studium des Dominicains de Cologne. Le nombre de ces écrits est impressionnant. Il paraît que saint Albert donnait comme secret pour travailler si efficacement, la prière, cette prière qui procure l’humilité et qui appelle grandes toutes les œuvres du Seigneur.   À la fin de sa vie, Albert se retira dans sa petite cellule du couvent de Cologne.

Albert le Grand meurt le 15 novembre 1280 entouré de ses Frères. Le 15 septembre 1622, il est béatifié par Grégoire XV ; puis il est canonisé le 16 décembre 1931 par le pape Pie XI qui le nomme docteur de l’Église. Fêté le jour anniversaire de sa mort et surnommé le « Docteur universel », il est le saint patron des savants chrétiens depuis 1941. L’universalité d’Albert est intellectuelle et existentielle, elle est dans ce qu’il a fait et dans ce qu’il a été, mais elle est surtout le fruit d’une confiance absolue au Christ et à sa Divine Mère.

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