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Responsable de la chronique : Gilles Leblanc
Cinéma d'aujourd'hui

Sables mouvants : DUNE et LES OISEAUX IVRES 

Imprimer Par Gilles Leblanc

Dans la vie, il y a des moments où survient le risque de s’enfoncer, et ce, au propre comme au figuré. Deux films récents réalisés par des Québécois en sont de formidables illustrations. Tout d’abord, le réputé Denis Villeneuve arrive enfin avec le somptueux DUNE, qui présente l’épopée, vécue dans un futur lointain, du jeune Paul Atreides sur la terre désertique d’Arrakis. Pour sa part dans LES OISEAUX IVRES, Ivan Grbovic raconte l’histoire mouvementée de Willy, un Mexicain devenu travailleur agricole au Québec.

DUNE 

Depuis la publication du roman « Dune »de Frank Herbert en 1965, plusieurs des éléments qui le composent ont été récupérés par d’autres créateurs. À commencer par George Lucas dans sa saga STAR WARS. On ne peut donc pas reprocher à Denis Villeneuve (INCENDIES, BLADE RUNNER 2049) la vague impression de déjà-vu qui se dégage de ce nouveau DUNE. De plus, le film colle à son temps, en mettant de l’avant des thèmes douloureusement contemporains : les effets de la colonisation, l’exploitation des ressources naturelles, l’impact des guerres fratricides, l’affirmation des femmes, etc.

En l’an 10191, le Duc Leto Atreides est nommé par l’Empereur au poste de gouverneur de la planète Arrakis, parfois surnommée Dune en raison de son sol sablonneux. Particulièrement hostile, ce corps céleste possède une importance stratégique grâce à la récolte et à la production de l’Épice, une substance aussi rare que précieuse sécrétée par des vers géants. Le Duc se rend alors sur Arrakis avec sa femme, Dame Jessica, et son fils Paul.

Mécontent de la situation, l’ancien chef du territoire, le baron Vladimir Harkonnen, trame un complot et une invasion militaire pour reprendre le pouvoir. Témoin des jeux de coulisses machiavéliques, le jeune Paul s’évade dans la nuit du meurtre de son père et de ses fidèles collaborateurs. Accompagné de sa mère, Paul ne pourra survivre que s’il fraternise et s’allie aux Fremen, un peuple autochtone vivant dans le désert profond d’Arrakis. Mais les Fremen n’aiment pas les étrangers…

La mise en scène, d’une grande maîtrise, est fortifiée par les images somptueuses et la direction artistique recherchée. La distribution imposante et la musique inspirée de Hans Zimmer finissent de contribuer à cet opéra spatial, adulte et intelligent. Et ce même si, avec quelques longueurs, le récit (dont l’action s’arrête aux deux tiers du roman) ne parvient pas à extraire toute la richesse de l’univers de Herbert. 

LES OISEAUX IVRES

Révélé en 2011 par ROMÉO ONZE, portrait sensible et sobre d’un jeune handicapé en quête d’amour, Ivan Grbovic nous revient dix ans plus tard avec une œuvre plus riche et complexe. Coécrit avec sa conjointe, la talentueuse directrice de photo Sara Mishara, son scénario aborde avec fluidité des thèmes tels le mensonge, l’infidélité, l’exploitation sexuelle, le racisme et la vulnérabilité des travailleurs saisonniers.

Chauffeur d’un baron de la drogue mexicain, Willy prend la fuite quand sa liaison avec Marlena, la conjointe de ce dernier, est mise à jour. Convaincu que la jeune femme a trouvé refuge chez sa tante qui habite dans la région de Montréal, Willy se lance à sa recherche. À son arrivée au Canada, l’exilé clandestin se fait embaucher comme cueilleur de laitues sur une ferme de la Montérégie.

Julie, la propriétaire, vit une relation trouble avec son mari Richard, qui l’aide à gérer l’exploitation. Tout en poursuivant ses démarches pour obtenir les coordonnées de la tante de Marlena, Willy vient en aide à la fille en détresse de ses employeurs. Mais son attention, mal interprétée, provoque un drame.

Sur le plan formel, Grbovic fait montre d’une égale ambition, en privilégiant un traitement qui marie harmonieusement réalisme et onirisme. L’interprétation est vibrante et parfois vigoureuse, notamment de la part de Jorge Antonio Guerrero et de Claude Legault.

Le film a été retenu pour représenter le Canada aux Oscars 2022 dans la catégorie du Meilleur long métrage international.

Gilles Leblanc

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