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Aventure spirituelle,

Responsable de la chronique : Gilles Simard, o.p.
Aventure spirituelle

Sainte Catherine de Ricci, o.p. (1522 – 1590)

Imprimer Par Gilles Simard, o.p.

FIGURES DOMINICAINES

Nous commençons cette nouvelle chronique avec une religieuse dominicaine, membre de ce qui était convenu d’appeler autrefois le Tiers Ordre. Sainte Catherine de Ricci habitait néanmoins un monastère et y était cloîtrée. Sa mémoire est rappelée au calendrier des saints le 4 février. Alessandra Lucrezia Romola di Pierfrancesco (son père) est née au sein d’une famille aisée de Florence (Italie) le 23 avril 1522. Elle manifesta une ferveur religieuse dès l’âge de trois ans[1], alors qu’elle aimait se retirer dans le silence pour prier. À 6 ans, elle eut une vision de Jésus-Christ au-dessus de l’église Saint-Dominique et décida alors qu’elle en serait l’épouse. Elle examina la manière de vivre dans les nombreux monastères de la région de Florence, pour finalement choisir le monastère Saint-Vincent de Prato, où la vie se déroulait selon les observances monastiques les plus strictes. Elle entra au noviciat, non sans peine, à l’âge de 13 ans. C’était alors l’âge du mariage pour les filles au sein des familles de la noblesse florentine. Elle fit profession l’année suivante, en 1536, et prit le nom de Catherine. 

Les personnes qui côtoyaient Alessandra/Catherine étaient frappées par son humilité, sa douceur, sa piété, sa fermeté et une sagesse précoce. Le Seigneur lui donna de nombreuses grâces, mais elle fut avertie dans une vision qu’elle aurait à beaucoup souffrir dans la vie religieuse. La jeune novice Catherine, avec sa vie intérieure intense, ses visions célestes et ses fréquents états d’extase, a eu des difficultés avec les obligations de la vie commune et la discipline du noviciat. Son silence quant à sa vie intérieure provoqua des malentendus avec ses maîtresses et supérieures ainsi que bien des humiliations. Elle paraissait stupide, infidèle et désobéissante et démontrait son inaptitude pour le chant et les travaux manuels. Son goût exclusif pour la prière et la contemplation était interprété comme volonté propre (faute grave dans la vie religieuse). Ces malentendus et ces humiliations durèrent environ 5 ans. Et si cela ne suffisait pas, elle fut très malade pendant deux ans. Elle obtint la guérison grâce aux prières d’intercession faites aux frères Jérôme Savonarole, Dominique et Silvestre. Six mois plus tard, elle fut atteinte de la petite vérole, maladie douloureuse, qui fit des ravages. Catherine se retrouva entre la vie et la mort de la fin octobre au premier décembre 1540. Elle obtint à nouveau la guérison grâce aux prières d’intercession faites aux frères Jérôme Savonarole et ses compagnons. Deux guérisons considérées comme miraculeuses. Ses compagnes furent touchées par son humilité et son attachement à la vie religieuse.

À 19 ans, Catherine commença des périodes d’extase hebdomadaires, de jeudi midi à vendredi 16h00. Elle assistait alors successivement aux stades de la Passion du Christ, comme si elle était témoin oculaire, parfois du point de vue de la Vierge Marie, parfois celui de Jésus-Christ. Elle souffrait comme Jésus ou comme la Vierge Marie. Elle reproduisait leurs gestes. La vision cessait avec la descente de la croix. Catherine sortait alors de l’extase. Celle-ci se répéta pendant douze ans. Cela affectait la tranquillité et la vie religieuse du monastère. En 1542 elle reçut les stigmates, ces marques des clous et de la lance que reçut le Seigneur sur la croix. Les sœurs du monastère finirent par reconnaître les dons que Catherine avait reçus du ciel. Ses extases de la Passion du Christ et ses stigmates furent reconnues par l’Ordre des frères prêcheurs et par l’Église.

Sainte Catherine de Ricci vécut à une époque de grand relâchement des mœurs religieux, particulièrement au sein de l’Église. Elle devint sous-prieure en 1547, puis elle fut élue prieure de sa communauté à l’unanimité en 1552, charge de service qu’elle occupa ou celle de sous-prieure pendant 38 ans. Elle participa, à sa manière, au renouveau de l’Église qui suivit le concile de Trente. De nombreuses personnes de Toscane vinrent la voir. On venait lui demander conseil, éclaircir des doutes ou obtenir des réponses quant à la vie intérieure. Un geste, un regard, une parole de Catherine suffisait à les convertir. Elle avait reçu de Jésus-Christ « cette action rédemptrice sur les âmes », aux portes du monastère. En contrepartie, elle ressentait à leur place leurs souffrances dans son propre corps. Prenant soin de ses sœurs, comme prieure, Catherine leur écrivit avis et conseils, leur enseignant sa doctrine sur la perfection religieuse, dans un langage simple. Elle a laissé de nombreux écrits comprenant sa doctrine, des conseils individuels et des exhortations publiques. Catherine de Ricci a été béatifiée par le pape Clément XII en 1732, puis canonisée par le pape Benoît XIV en 1746.


[1]Bayonne, Hyacinthe (Le P.), Vie de sainte Catherine de Ricci de Florence, religieuse du Tiers-ordre régulier de saint Dominique, au monastère de Saint-Vincent-de-Prato, en Toscane (1522-1590), par le R. P. Hyacinthe Bayonne,… , 1873, consulté le 26 janvier 2021 

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