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Le psalmiste,

Responsable de la chronique : Michel Gourgues, o.p.
Le psalmiste

Psaume 33 (32) : « La parole, l’amour, le regard et le projet de Dieu »

Imprimer Par Christian Eeckhout, o.p.

1. Criez de joie, les justes, pour Yahvé, aux cœurs droits convient la louange.
2. Rendez grâce à Yahvé sur la harpe, jouez-lui sur la lyre à dix cordes ;
3. Chantez-lui un cantique nouveau, de tout votre art accompagnez l’acclamation !

4. Droite est la parole de Yahvé, et toute son œuvre est vérité ;
5. il chérit la justice et le droit, de l’amour de Yahvé la terre est pleine.
6. Par la parole de Yahvé les cieux ont été faits,
par le souffle de sa bouche, toute leur armée ;
7. il rassemble l’eau des mers comme une digue, il met en réserve les abîmes.
8. Qu’elle tremble devant Yahvé, toute la terre,
qu’il soit craint de tous les habitants du monde !
9. Il parle et cela est, il commande et cela existe.

10. Yahvé déjoue le plan des nations, il empêche les pensées des peuples;
11. mais le plan de Yahvé subsiste à jamais, les pensées de son cœur, d’âge en âge.
12. Heureux le peuple dont Yahvé est le Dieu, la nation qu’il s’est choisie en héritage ! 

13. Du haut des cieux Yahvé regarde, il voit tous les fils d’Adam ;
14. du lieu de sa demeure il observe tous les habitants de la terre ;
15. lui seul forme leur cœur, il discerne tous leurs actes.

16. Le roi n’est pas sauvé par une grande force,
le brave préservé par sa grande vigueur.
17. Mensonge qu’un cheval pour sauver, avec sa grande force, pas d’issue.
18. Voici, l’œil de Yahvé est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent son amour,
19. pour préserver leur âme de la mort et les faire vivre au temps de la famine.

20. Notre âme attend Yahvé, notre secours et bouclier, c’est lui ;
21. en lui, la joie de notre cœur, en son nom de sainteté notre foi.
22. Sur nous soit ton amour, Yahvé, comme notre espoir est en toi.
(Traduction de la Bible de Jérusalem ©) 

Pourquoi louer Dieu ?

On pourrait parfois, vu les difficultés de la vie et les problèmes rencontrés sur la planète, se demander les raisons que nous avons pour dire à Dieu que ce qu’Il a fait est bien et bon. Où trouver les motifs de notre espérance ? De notre joie de vivre ? 

Ce n’est pas à la suite de réflexions philosophiques que la communauté est poussée à louer Dieu, mais bien au vu de son expérience spirituelle très concrète dans son histoire.

Un hymne qui dit l’émoi des créatures face à la grandeur du Créateur

Ce psaume veut aider le croyant à se rappeler ces raisons, à reconnaître Dieu à l’œuvre et notamment sa parole créatrice, son regard attentif. En s’émerveillant du projet de Celui qui a tout créé par débordement de son amour, le récit énumère le visible : les cieux, les mers, la terre et l’humanité. Le psaume 18 (19) nommait le soleil et la loi et refusait l’empire des orgueilleux. Le psaume 103 (104), quant à lui, bénit Dieu pour sa grandeur et sa sagesse à travers l’organisation du cosmos, à la manière du début du livre de la Genèse. Ici le psalmiste tend à rappeler la présence réelle de Dieu dans le monde : il sent Dieu proche de son peuple. Une protection de Dieu qui dépasse la vanité de la puissance humaine. Où l’espérance du secours et de la miséricorde de Dieu prévaut sur la puissance humaine et la force des armes représentées par le « cheval » de cavalerie ou l’instrument de l’armée du « roi ». Pour les biens reçus, pour ceux en attente et pour ceux espérés de l’absolue fidélité de Dieu, les justes ne peuvent que Le louer.

Un psaume de la famille des louanges 

Le psaume 33 (32) apparaît d’emblée comme celui d’une célébration qui chante la gloire de Dieu. Les instruments de musique n’y sont pas absents, pour augmenter l’éclat de ce cantique. Les louanges sont bâties selon un schéma classique : après un signal de départ ou invitatoire qui établit une atmosphère de liesse (v. 1-3), le corps du psaume déploie les motifs de louange suggérés par le poète (v. 4-11) avec, au milieu, un sommet de bonheur qui se rapporte au peuple et à son élection divine (v. 12). Une avant-dernière partie marque le jugement de Dieu, l’illusion de la force trompeuse et l’efficacité de la vigilance de Dieu en cas de péril grave (v. 13-19). Le psaume se termine en inclusion par une belle affirmation et appropriation qui précède une prière de confiance en faveur de la communauté (v. 20-22). Parce que Dieu est incomparable pour son peuple, la joie naît et se communique par le chant et les instruments : les justes deviennent missionnaires de son saint Nom.

Et pour les chrétiens, qui ont conscience de la nouvelle création du Père intervenue par la pâque de Jésus le Christ et l’envoi merveilleux de l’Esprit-Saint, s’unir à la joie de Marie et de l’Eglise qui relit et célèbre les merveilles de la création (v. 4-9), de l’élection (v. 12)et de l’alliance définitive par la libération ou rédemption de la mort (v. 19-8-19), et non pas par les moyens militaires ou financiers (v. 16-17). Le salut ne vient pas d’une force d’ici-bas, mais de Yahvé seul, en sa patience, sa loyauté, sa bonté, son amour !

Le psaume dans la prière des fidèles

Il est intéressant de remarquer que ce psaume est, heureusement, assez fréquemment proposé à la méditation des fidèles lors de la liturgie de la Parole. D’abord à chaque mois, le mardi de la première semaine dans l’office des Laudes. En outre, avant l’eucharistie, au temps de l’Avent juste avant Noël (le 21 décembre), dix fois en semaine au long du temps ordinaire, lors de la veillée pascale, le mardi de l’octave de Pâques et le samedi de la 2e semaine de Pâques. Quant aux messes dominicales, il est proposé à cinq reprises : le 2e dimanche de Carême, le 5e du temps pascal (année A), le 19e de l’année C, le 29e de l’année B et lors de la solennité de la sainte Trinité. La plupart du temps ce sont les cinq versets du début et les cinq derniers que nous chantons. Quatre fois est rappelé le centre de cet hymne avec le bonheur du peuple de Dieu, la permanence du plan du Seigneur qui endigue l’eau des mers et reste attentif à tous les habitants de la terre. C’est ainsi qu’en Église, nous pouvons à bon droit acclamer le Seigneur, tant attentionné, dont l’amour et le saint Nom sont sources d’espérance et de joie, quelles que soient nos épreuves, sachant qu’en Jésus est donnée le salut et la vie.

Fr. Christian Eeckhout, o.p.

École biblique de Jérusalem

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