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Nous deux,

Responsable de la chronique : Caroline Pinet
Nous deux

C’est toute une musique qui me parle de toi

Imprimer Par Caroline Pinet

Pour l’anniversaire de mon fils aîné, sa compagne lui a offert un joli album de leurs photos qui recouvre les bons moments au cours de leur première année ensemble. Une idée touchante qui témoigne d’une mémoire commune qui se forge.

Et résonne en moi les paroles de Monique Leyrac : « C’est toute une musique, qui me parle de toi. C’est toute une musique, qui me suit pas à pas : en chaque chose, à chaque pas. Je trouve un peu de toi… ». N’est-ce pas dans les moments partagés, dans les souvenirs que l’on se forge que parvient à grandir l’amour ? Nous nous attachons progressivement à l’autre au fur et à mesure que nous vivons des événements ensemble. Nous construisons une histoire commune à laquelle nous pouvons recourir régulièrement en évoquant ces moments partagés.

C’est d’ailleurs également le même ressort qui soude les familles. Se remémorer les bons moments, mais aussi les mésaventures, comme cette fois où nous avons vécu en vacances une panne d’auto sur l’autoroute et qu’il a fallu appeler la remorqueuse… Si sur le coup, la situation n’était pas drôle, chacun ensuite aime à la raconter lorsque nous nous réunissons, à y apporter le détail qu’il a ressenti, et surtout de pouvoir dire : j’y étais ! Même la plus jeune, dont les souvenirs sont plus brouillés, se souvient qu’elle avait, quant à elle, « mangé le meilleur sandwich » de sa vie alors qu’il a fallu improviser un repas avec rien !

Il en va de même pour toutes les communautés, les groupes, qui réussissent à exister : il faut pouvoir partager des moments significatifs et marquants ensemble ! Cela s’applique au niveau même de mon métier. J’enseigne à des maternelles de trois ans. Pour les petits, le temps s’inscrit beaucoup dans les rituels, dans la routine qui ne cesse de construire cette notion temporelle. Mais, la mémoire à plus long terme, partagée par le groupe, se forge aussi à travers les événements marquants, suffisamment forts pour eux, pour qu’ils parviennent à y recourir en se remémorant l’événement. Ce peut être une sortie ou alors notre dernier spectacle de clown auquel ils ont participé et qui devient l’occasion  d’évoquer un souvenir plaisant : « C’est quand maîtresse qu’on refera un spectacle ? »

La communauté chrétienne, qui s’appuie sur un livre de « mémoire », celle du Christ, racontée par la première communauté de ceux qui l’ont connu, existe aussi parce que des événements très forts se sont déroulés. Suffisamment forts pour qu’après plus de deux mille ans, nous nous y référions encore.

Mais cette mémoire aurait peu de chance de se mettre en place sans le temps. Le temps qui marque la distance avec l’événement lui-même, mais aussi le temps que l’on a pris pour permettre que soit cet événement. Car il faut le prendre ce temps, pour que vive la vie que l’on se tisse en commun. Si un couple n’a pas le temps de se voir et de vivre ensemble, bien souvent, il ne résistera pas au temps…

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