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Dieu en famille,

Responsable de la chronique : Raphaël Pinet
Dieu en famille

Place aux femmes !

Imprimer Par Raphaël Pinet

Dernièrement, une journaliste dont je tairai le nom pour ne pas lui faire l’honneur de la citer a déclaré qu’elle n’aimait pas les hommes (les mâles) et qu’elle souhaitait même les éliminer. Ces propos d’une violente bêtise et d’une grande violence tout court, concourt à exacerber de nouvelles tensions dans une société qui a davantage besoin de pacificateurs que de semeurs de haine. Répondre à l’exclusion patriarcale pluriséculaire par une exclusion sexiste et revancharde ne fait guère avancer les choses … à moins que cette sortie ne provoque d’utiles réflexions.

Être chrétien en effet est peu confortable surtout lorsque votre œil est encombré d’une poutre ! Nous devons toujours balayer devant notre porte avant de faire le ménage chez les autres. L’Église aujourd’hui n’est-elle pas porteuse d’exclusions bien peu évangéliques, notamment dans le domaine des relations entre les femmes et les hommes au sein de nos communautés ?

Les réflexions de Geneviève Comeau, théologienne et religieuse, récemment interrogée sur la Croix[1], apporte un éclairage des plus intéressants dans ce domaine. La question se pose certes en termes de responsabilité mais aussi selon l’angle des relations entre les hommes et les femmes au sein de l’Église.

La responsabilité suppose la prise en charge d’une fonction, d’un projet dans lequel le (ou la) responsable exerce un leadership adossé à un pouvoir de décision. Si, in fine, la décision revient aux clercs, la responsabilité dévolue n’est que le cache-misère d’une Église à deux voix… qui se compose toute seule, bien souvent au masculin.

Mais être chrétien est peu confortable surtout lorsque votre œil est encombré d’une poutre ! Nous devons toujours balayer devant notre porte avant de faire le ménage chez les autres. La réflexion sur la promotion d’une Église plus évangélique, donc plus juste, plus équitable, davantage co-responsable, ne doit pas faire l’impasse sur nos propres relations par rapport aux femmes de notre vie, en dehors de tout contexte spécifiquement ecclésial.

Ainsi, la place des femmes dans l’Église doit passer par une réflexion sur la place des femmes dans nos foyers, dans nos familles, sur nos lieux de travail, dans nos lieux de transport, dans les théâtres de nos loisirs, sur le lieu de nos vacances. Partout où des hommes croyants côtoient des femmes que le hasard ou la Providence met sur leur chemin, ils doivent avoir cette pensée obsédante comme croyant : que faire pour une société plus juste dans les relations entre les femmes et les hommes ?

Plus modestement, au sein de la famille, la question de ces relations si enrichissantes parce que basée sur l’altérité, au risque du conflit ou de l’effacement, se pose radicalement, c’est-à-dire, non pas sur le mode d’une intensité sans partage, mais au sens propre, à la racine du problème.

Nous ne pourrons en effet faire la place qui revient à la moitié de l’humanité si nous restons engoncés dans un modèle ecclésial inégalitaire au sein même de la famille.

Toujours le Christ doit être notre modèle. Dans la liberté qu’il a pris à l’égard des personnes que leur statut excluait, Bartimée face aux docteurs de la Loi, le Samaritain et le Lévite trop pressé, la veuve et son obole face aux riches donateurs, la femme adultère face à ses juges, et j’en passe…

Jésus n’a pas gommé les différences mais il a cessé d’en faire un argument de division. 

Ainsi, la grande égalité entre toutes les différences qui traversent l’humanité, c’est d’être également des Filles et des Fils de Dieu, également aimé de Celui qui est Amour.


[1] Voir https://croire.la-croix.com/Definitions/Lexique/Collaboration-hommes-femmes-lEglise-est-elle-retard-2020-09-30-1701116786?PMID=undefined

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