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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 27e Dimanche T.O. Année C

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.
SERVITEURS JUSQU’AU BOUT
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 17, 5-10)

En ce temps-là,
    les Apôtres dirent au Seigneur :
« Augmente en nous la foi ! »
    Le Seigneur répondit :
« Si vous aviez de la foi,
gros comme une graine de moutarde,
vous auriez dit à l’arbre que voici :
‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’,
et il vous aurait obéi.

    Lequel d’entre vous,
quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes,
lui dira à son retour des champs :
‘Viens vite prendre place à table’ ?
    Ne lui dira-t-il pas plutôt :
‘Prépare-moi à dîner,
mets-toi en tenue pour me servir,
le temps que je mange et boive.
Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ?
    Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur
d’avoir exécuté ses ordres ?
    De même vous aussi,
quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné,
dites :
‘Nous sommes de simples serviteurs :
nous n’avons fait que notre devoir’ »

COMMENTAIRE

Cette finale d’évangile est bien peu encourageante. À première vue! Comme si le Seigneur nous disait : vous n’êtes vraiment pas à la hauteur. Vous êtes bien ordinaires! Vous n’avez pas de quoi vous vanter. Il y a certainement du vrai là-dedans. Mais le Seigneur ne veut certainement pas nous décourager. Sa Parole est toujours une bonne nouvelle. Et dans les deux figures qu’il utilise pour nous instruire aujourd’hui, il dit des choses importantes sur notre vie de foi, notre vie en Église. La Parole de ce dimanche nous rejoint dans ce que nous vivons de plus difficile. Elle nous accompagne justement pour que nous n’allions pas désespérer, pour que nous trouvions du sens et de l’élan pour notre vie présente.

Nous avons d’abord entendu le cri de souffrance et d’indignation du prophète Habacuc. Pas besoin de savoir quelles cruautés menaçaient le peuple juif à l’époque, aux environ de l’an 600 avec le Christ. Nous avons sous les yeux de quoi imaginer le pire. Ce qui étonne dans la 1e lecture c’est l’audace du prophète qui s’en prend à Dieu. Il ose l’interpeller : que fais-tu, Seigneur? Qu’attends-tu pour nous tirer de notre misère? La réponse du Seigneur l’invite au calme : Fais-moi confiance! Je suis là. Tôt  ou tard tu verras. La vision que je te fais connaître s’accomplira. « Si elle paraît tarder, attends-là. »

Oui, nous avons le droit de crier, de pleurer, de poser des questions quand la vie est trop dure et que nous n’en pouvons plus. Une résignation trop facile serait un manque de foi peut-être. Le témoignage du prophète nous invite à tenir notre cœur en éveil et nos oreilles prêtes à entendre la réponse du Seigneur, pour nous ajuster à lui et tenir sous son regard. Il ne nous décevra pas « Le juste vivra par sa fidélité ». Confiance et  patience! Dieu veille sur les siens et il prend soin d’eux.

L’évangile abordait le même sujet. « Augmente en nous la foi! », disaient les apôtres. Ils avaient le sentiment d’avoir si peu de foi. Et Jésus leur répond qu’il en faut bien peu pour faire des merveilles. Ont-ils jamais essayé? Prenez une graine de moutarde de foi, ce n’est pas beaucoup, et bien, vous avez là la capacité d’installer la vie où règne la mort. Le grand arbre, c’est la vie! La mer, c’est la mort! Planter l’arbre dans la mer, n’est-ce pas faire œuvre de vie, de résurrection! C’est dire combien nous sommes forts avec la foi. Et le Seigneur nous en donne juste assez pour notre conversion et notre relèvement. La foi, c’est Pâques dans nos vies! C’est déjà le monde nouveau du Royaume! Il faut croire en la foi qui s’appuie sur Dieu, sur sa puissance d’amour et de vie.

Seulement, aurions-nous oublié qui nous sommes? Nous vivons pour l’instant l’humble condition du serviteur. Le serviteur ne doit-il pas s’acquitter de ses tâches jusqu’au bout?  Nous avons en Jésus lui-même le modèle à suivre. Au milieu de nous, il s’est fait le serviteur de tous. Comment ne pas aller comme lui jusqu’au bout de notre service? Rappelons-nous que le juste vivra de sa fidélité.

S. Paul aborde le même sujet dans sa 2e lettre à Timothée. Son disciple est peut-être fatigué, essoufflé, dirions-nous?  Paul lui rappelle qu’il a en lui la ressource qu’il faut pour tenir et continuer. Consacré pour son ministère, Timothée a reçu un esprit, non pas de peur, mais de force, d’amour et de maîtrise de soi. Paul invite donc son disciple à raviver le don gratuit de Dieu qui est en lui. Le secret de notre vie, il est là. Nous tenons notre force et nos ressources de Dieu lui-même. Comment n’aurions-nous pas la capacité de tenir dans les épreuves et produire des merveilles. Rappelons-nous le grand arbre planté dans la mer.

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