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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 32e Dimanche T.O. (B)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Tout donner. Donner tout. Comme lui!

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 12, 41-44)

En ce temps-là,
Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor,
et regardait comment la foule y mettait de l’argent.
Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.
Une pauvre veuve s’avança
et mit deux petites pièces de monnaie.
Jésus appela ses disciples et leur déclara :
« Amen, je vous le dis :
cette pauvre veuve a mis dans le Trésor
plus que tous les autres.
Car tous, ils ont pris sur leur superflu,
mais elle, elle a pris sur son indigence :
elle a mis tout ce qu’elle possédait,
tout ce qu’elle avait pour vivre. »

 

COMMENTAIRE

Jésus regardait la foule. Ce devait être amusant à voir. Tout ce monde dans les galeries du temple. Et là, devant les troncs disposés pour accueillir les offrandes, chacun se sentant interpelé. Les uns ayant déjà préparé leur enveloppe. Ils donnent par devoir, pour faire comme les autres, pour rendre grâce à Dieu, intercédant pour eux-mêmes, pour un des leurs. D’autres peut-être donnent spontanément, sur le vif de l’émotion. Certains veulent qu’on voie bien ce qu’ils donnent. Leur manière plus ostentatoire les trahit. D’autres sont plus discrets, plus humbles ou plus mesquins : ils ne veulent pas être vus. Jésus, lui, voit tout. Il regarde jusqu’au fond de l’âme et du cœur. Il sait bien qui est là pour les apparences, pour la forme, sans son cœur, et qui est là pour vrai, pour Dieu, pour sa foi et son amour.

Il voit cette femme qui s’amène. Elle est pauvre. Elle est seule. Elle tient quelques piécettes dans sa main. Elle s’approche du tronc. Et d’un geste rapide, hésitant peut-être, elle dispose de ses pièces, et s’en retourne discrètement, comme elle est venue. Elle a fait le don que lui inspirait sa foi, son amour pour Dieu. N’a-t-elle pas donné pour le Dieu d’Israël, si glorieusement adoré dans ce temple. Elle s’en retourne chez elle, toute légère du don qu’elle a fait, délestée de sa fortune, confrontée sans doute à la dure réalité, mais toute confiante en son Seigneur et maître.

Le Seigneur nous invite à regarder cette femme avec lui pour voir la vérité de son geste. Elle a fait plus que tous les autres, qui eux n’ont donné que de leur superflu. « Elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. » Le récit finit là. Qu’arrivera-t-il à cette femme? L’histoire ne le dit pas. En principe elle n’a plus rien pour vivre. Il n’y a pas de filet social. Va-t-elle mourir, victime de son trop grand amour? Qu’arrive-t-il à ceux qui donnent tout d’eux-mêmes? Son geste nous interpelle toujours. Un geste lumineux, prophétique. Qui préfigure le don que bientôt Jésus va faire de lui-même. Qui préfigure nos propres gestes de générosité, de service, de don de nous-mêmes.

Le Dieu d’Israël, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus le Christ ne se laisse pas vaincre en générosité. Il l’a prouvé autrefois pour Élie et la veuve de Sarepta au pays de Sidon, il l’a prouvé pour le psalmiste. Il l’a prouvé au matin de Pâques. Les deux veuves de l’Écriture nous livrent un témoignage qu’il nous est bien difficile d’imiter. Nous pensons bien que Dieu ne nous en demande pas autant. Reste que Jésus dans sa passion a suivi l’exemple de ces deux femmes. Il a donné tout de lui-même, s’abandonnant totalement à son Père, qui seul pouvait le faire vivre à jamais. Pâques nous donne la réponse : la victoire de l’amour et du don sur l’égoïsme et la mort.

À défaut de tout donner, il nous est proposé de partager, en prenant un peu de ce qui est important pour nous pour que d’autres puissent en profiter. Partager de notre temps, de notre attention. Offrir notre disponibilité, notre amitié, nos diverses ressources. Comme lui qui s’est offert une fois pour toute. Lui qui n’exclut personne des bénéfices du don qu’il a fait de sa vie. Lui dont l’action salvatrice se continue par notre engagement, notre service, notre amour. Prenons appui sur le don que Jésus nous a fait de lui-même, sur le sacrifice pascal du Christ. Qu’il transparaisse en tous nos gestes par la puissance de l’Esprit de Dieu. Alors tous pourront découvrir que Dieu les aime d’un amour qui les sauve, qui les fait vivre.

 

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