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Responsable de la chronique : Suzanne Demers, o.p.
Aventure spirituelle

Accueil et tolérance

Imprimer Par Louis-Joseph Goulet

 

Chaque fois que les missionnaires reviennent au pays après quelques années d’absence, ils sont frappés par la transformation rapide de notre société: le Québec d’aujourd’hui est bien différent de celui qu’ils ont quitté il y a dix, vingt ou trente ans. Il se présente comme une société pluraliste, multiethnique, où des citoyens sont venus des quatre coins du globe pour enrichir et colorer la mosaïque ethno-culturelle que nous formons. Des pas indéniables ont été franchis pour créer au Québec une manière de vivre-ensemble, ouverte aux différences culturelles, soucieuse de favoriser la tolérance face à la diversité de la population canadienne et québécoise d’aujourd’hui.

C’est ainsi qu’avec le temps le Québec est devenu, parmi les sociétés modernes, une des plus accueillantes face à la diversité ethno-culturelle. De fait, il s’est développé, au Québec comme au Canada, un modèle original de réception et d’intégration des nouveaux arrivants, qu’ils soient immigrants ou réfugiés. Des chrétiens, des musulmans, des bouddhistes, des hindous se rencontrent et fraternisent, pénétrés d’une volonté de tolérance active, alors que, chaque soir, la télévision nous offre des images de génocides, de purifications ethniques, de meurtres et de cruautés inouïes. C’est pour fuir ces situations de violence et de mort et pour s’épanouir dans une civilisation de paix, d’entente et de confiance que beaucoup d’opprimés cherchent asile au Canada.

Les statistiques récentes nous révèlent d’ailleurs que les crimes à connotation racistes ont diminué au Québec, ces dernières années. Il suffit d’être en contact avec des membres des diverses communautés culturelles pour se rendre compte que leur perception de la société québécoise n’est pas celle d’une société intolérante et raciste, mais plutôt tolérante et accueillante. Et même si des incidents isolés peuvent survenir ici et là, nous sommes bien loin des violences urbaines des banlieues britanniques ou françaises.

Mon travail de directeur du bureau des missions, et davantage encore mon implication auprès des réfugiés et des personnes déplacées, m’amènent à côtoyer chaque jour des gens venus de tous les continents. Il est toujours intéressant de recueillir les premières impressions de ces gens, venus d’Asie ou d’Afrique, qui ont souvent erré d’un pays à l’autre avant de se fixer au Québec. Ce qui les frappe le plus, c’est la qualité de l’accueil qu’ils reçoivent en débarquant ici. Qu’il s’agisse des agents d’immigration, des douaniers, des autres fonctionnaires du gouvernement, des commis dans les magasins, des personnes rencontrées sur la rue, ils ne tarissent pas d’éloges sur la gentillesse et l’amabilité des personnes rencontrées, sur leur obligeance à répondre aux questions et à fournir les renseignements demandés.

Il y a, je crois, des attitudes à développer pour accueillir les nouveaux venus et leurs enfants. Il faut créer des manières de vivre ensemble qui favorisent l’intégration de ces personnes qui ne demandent qu’à partager nos valeurs et améliorer leur qualité de vie. Cette courtoisie de la majorité des gens d’ici est, pour bon nombre de ces nouveaux arrivants, l’expression d’une tradition chrétienne, qui prône le respect des personnes, la générosité et la solidarité. Les accueillir ainsi et leur faire confiance, c’est leur offrir de meilleures chances de réussir leur adaptation et les aider à prendre leur place dans un Québec en devenir.

Alors que la tolérance n’est souvent rien d’autre qu’un code social fait de courtoisie et de bonnes manières, les qualités d’accueil de la population québécoise manifestent davantage la convivialité, ces rapports positifs qui garantissent la cohésion sociale. Si les êtres humains ont tendance à être plus à l’aise dans un milieu homogène que dans un milieu diversifié comme le nôtre, c’est le devoir des autorités, civiles et religieuses, d’harmoniser les diversités et de favoriser ainsi l’épanouissement de la collectivité. Il y a quelques années, l’épiscopat canadien avait publié un document intitulé: « Une mission prophétique pour l’Église » qui, après un large portrait historique de l’immigration au Canada depuis ses débuts, rendait hommage au sens de l’accueil du peuple canadien. Au nom de l’Évangile et des valeurs qu’il véhicule, les évêques du Canada invitaient les fidèles à exercer une mission prophétique faite de qualité d’accueil et d’intégration des immigrants et des réfugiés.

Tout comme la couche d’ozone, l’espace de paix et de liberté se raréfie sur notre planète, selon les bulletins quotidiens de nouvelles. Mais, pour des millions d’êtres humains, le Canada demeure une terre promise. En ouvrant nos yeux, nos oreilles et nos cœurs, nous verrons la misère qui nous entoure et nous entendrons les cris des pauvres. C’est de cette expérience que j’essaie de se faire l’écho. Continuons aussi d’ouvrir nos cœurs et nos maisons pour témoigner des qualités d’accueil et de générosité héritées de notre tradition démocratique et chrétienne. Les chemins de la rencontre demeurent encore les plus beaux qui soient!

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