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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour la solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Notre Dame des espaces intérieurs

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2,16-21.
En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.
Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.

 

COMMENTAIRE

Le rôle confié aux bergers, cette nuit-là, est étonnant. Instruits par les anges, ils se sont engagés dans la confiance et ils se sont portés rapidement vers Bethléem. Ce sont des pauvres et des marginaux, ces hommes choisis pour aller voir l’enfant et pour témoigner du grand mystère de Dieu venu en notre chair. Les voilà qu’ils racontent, pour l’émerveillement de tous, ce qu’ils savent de l’enfant. Et ils repartent en glorifiant Dieu. D’humbles hommes prennent ainsi le relais des anges. C’est leur tour d’annoncer la Nouvelle. Et si les bergers, c’était nous aujourd’hui dans la joie et la ferveur de l’heureuse découverte que nous faisons du Seigneur?

Dieu opère de façon déconcertante. Nous le voyons bien. Marie et Joseph le savaient déjà. N’ont-ils pas fait l’expérience de l’inconfort et du dénuement, alors même qu’ils donnaient au monde sa plus grande richesse. Ils apprennent à mesure. Ils apprennent des bergers. Une fois de plus Marie considère l’abaissement et l’humilité dans lesquels le Père a choisi d’introduire son Fils chez les hommes.

C’est ainsi que le ministère confié aux bergers nous invite à revoir nos jugements sur les personnes. Dieu se révèle aux plus petits. Le Seigneur nous rejoint dans nos pauvretés, nos manques et nos attentes. S’étant fait lui-même pauvre parmi les pauvres, petit avec les petits, c’est par les pauvres et les petits qu’il se laisse voir et approcher. Il faut nous en rappeler toujours. La rencontre de notre Seigneur n’est pas une affaire de richesse, de savoir ou de pouvoir. C’est une affaire d’éveil, d’écoute, d’attention aux signes, de liberté intérieure pour une « reconnaissance ».

Mettons-nous donc en route nous aussi comme les bergers, comme Marie et Joseph, comme savent le faire les petits et les pauvres. Et nous découvrirons la merveille que Dieu a préparée pour tous ceux qu’il aime : le nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.

Cette manière de Dieu avec son fils et avec nous ne devrait-elle pas renouveler notre regard sur le monde qui nous entoure? Ainsi, durant l’année qui vient de finir, des choses se sont produites dans notre univers personnel et collectif, de fortes secousses peut-être, pas seulement matérielles et physiques, mais aussi morales et spirituelles, qui ont touché nos cœurs et nos consciences. Comme pour Marie, qui ruminait en elle-même le sens de la venue des bergers et de leur discours, ce qui arrive autour de nous ne devrait-il pas éveiller nos cœurs à l’espérance, pour notre remise en question personnelle, pour l’accueil en nous d’une nouveauté?

Comme Marie, puissions-nous dégager en nous un espace de liberté intérieure pour entendre Dieu qui nous parle de son amour! Puissions l’écouter plus, lui être plus attentifs, ouvrir nos yeux et nos oreilles, et laisser entrer en nous son discours, communier dans la foi à ce Dieu d’amour et de paix qui demande à nous consoler, à nous conforter. Ce serait peut-être là notre chance de vivre aussi des rapports humains plus fraternels, plus solidaires, plus ouverts, plus paisibles et plus justes.

S’il est un vœu que nous pourrions faire en ce Jour de l’An, ne serait-ce pas celui-ci : devenir plus authentiques, nous mettre davantage à l’écoute des autres, pour l’accueil et le dialogue véritables. Qu’il y ait en nous de l’espace pour la pensée, la prière, l’adoration, la rencontre du Dieu vivant, l’accueil de l’autre, et pour tout ce qui vient avec : le courage devant les épreuves, la sérénité devant les problèmes de la vie, l’amour du prochain avec un infini respect pour toute personne humaine.

C’est ce que je nous souhaite pour l’année 2018.

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