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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 2e dimanche. T. O. Année A

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

C’est lui, le Fils de Dieu!

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 1,29-34.
En ce temps-là, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ;
c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était.
Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. »
Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui.
Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.”
Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

COMMENTAIRE

Cet évangile donne une impression de déjà vu, de redite. Le texte est assez subtil, voire difficile à lire. Il y a des répétitions qui ont l’air de trop insister. L’auteur nous mène du passé au présent, et vice-versa, comme pour nous dérouter.

Ce qui est évident, c’est que le prophète Jean Baptiste témoigne pour nous de la compréhension nouvelle qu’il a de la personne de Jésus. Il avoue qu’il ne le connaissait pas quand déjà il préparait sa venue.

Or Jean, selon la tradition de l’évangile de Luc, avait un lien de parenté avec Jésus. N’était-il pas le fils de Zacharie et d’Élisabeth, le petit cousin du fils de Marie ? Comment peut-il nous dire qu’il ne le connaissait pas? À moins qu’il ne veuille attirer notre attention sur la nécessité d’en appeler à d’autres critères que ceux de la parenté et du voisinage pour connaître Jésus, et qui sont les promesses bibliques et la révélation divine. Nous assistons ici à la mise au point du regard de Jean sur Jésus. Voici que soudainement Jean reconnaît celui qu’hier encore il ne connaissait pas vraiment.

Jean Baptiste fait preuve d’humilité, de fidélité à la grâce de Dieu, quand il témoigne. S’il reconnaît, par delà ses attentes personnelles et ses préjugés, l’identité véritable de Jésus de Nazareth, c’est que l’Esprit-Saint l’a assisté. S’il avoue qu’auparavant il ne connaissait pas Jésus, c’est après s’être posé des questions, avoir cherché, prié, relu les prophètes et la tradition juive, écouté Dieu. Lui, Jean, l’homme rude, sévère et rigoureux, l’homme radical et exigeant, il se retrouve devant un Messie tout en douceur et compassion. Qui prend sur lui le péché des hommes. Le voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Était-ce bien là celui qu’il attendait ? Il y a des vérités que nous aussi nous mettons du temps à découvrir, à accepter. C’est en faisant la relecture d’événements, de rencontres, d’expériences qui nous ont touchés, que nous découvrons soudainement un sens, que nous voyons la lumière. Ainsi il en faut du temps pour faire le point, laisser l’Esprit nous instruire et mesurer avec nous la portée des influences qui nous ont marqués.

Jean Baptiste, lui, était là pour cet instant où le Christ allait paraître. Il a eu la grâce du discernement. Il n’a pas fait obstacle à Jésus. Au contraire, il a pu le contempler, tel qu’il était, en tout son élan. En le voyant venir vers lui, Jean prononce la formule incomparable qui manifeste, aux yeux de tous, l’amour de Dieu. Son point d’équilibre et sa fragilité. Son point de rayonnement et sa vulnérabilité. Voici l’Agneau de Dieu. Voici le Serviteur souffrant et l’Agneau de la Pâque. Voici le Sauveur que le monde attend. Voici le Fils de Dieu. Le prophète Jean peut en témoigner, il l’a vu pour nous. À notre tour de le connaître, pour entrer dans la grâce du pardon. Jean nous rappelle que nous devons nous ouvrir à cette venue de Dieu, qu’il ne faut pas nous asseoir sur nos certitudes, mais chercher, demeurer sensibles à l’Esprit, pour contempler le Verbe de Dieu, voir sa lumière.

Plusieurs s’arrêtent vite sur le chemin. Nous connaissons tous des savants dans les connaissances humaines qui nous étonnent par leur ignorance religieuse et la pauvreté apparente de leur foi. Pourtant ne leur fallait-il pas cultiver aussi la foi, et suivre la bonne nouvelle jusqu’au bout? Elle n’a jamais fini de nous étonner. Dieu vient vers nous en son Fils. Allons-nous discerner, dans l’Esprit, sa présence active, sanctifiante pour nos vies ? Saurons-nous y mettre du temps et la réponse de notre amour ?

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