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Responsable de la chronique : Denis Gagnon, o.p.
Billet hebdomadaire

De la vengeance au pardon

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

marguerite-fanee

17 janvier 2016

Dans la Bible, les idées ont évolué à travers les siècles de rédaction du livre sacré. Dans les plus vieux textes, on ne parle  pas de la même façon que dans les  textes plus récents. Ainsi, dans le livre de la Genèse, on dit : «Caïn est vengé sept fois mais Lamek est vengé soixante-dix fois sept fois.»

Plus tard, on s’est rendu compte que cela n’avait pas de bon sens que la vengeance soit aussi «douce au cœur de l’indien». Alors, on a institué la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. C’était une énorme amélioration.  Au lieu de se venger «au boutte», si vous me permettez l’expression, on faisait à l’autre exactement ce qu’il nous avait fait. Une sorte de vengeance commerciale. Tu me voles cinq dollars, je te prends cinq dollars. Tu me casses une dent, je te casse une dent.

À une autre époque, plus récente, on invite le juif croyant à ne pas se venger lui-même mais à demander à Dieu de le venger à sa place. Les prières de l’époque ressemblent à ceci : «Dieu des vengeances, parais et frappe mes ennemis.»

Pour sa part, Jésus fait un saut encore plus grand. Nous ne pouvons plus nous venger, ni même demander à Dieu de nous venger. Jésus demande de pardonner, et pardonner du fond du cœur. Cela ne signifie pas que nous devons laisser l’ennemi nous gifler, ni même refuser de voir le mal et les conflits.

Pardonner, c’est aimer assez ton ennemi pour souhaiter qu’il change d’attitude à ton endroit. C’est reconnaître qu’en essayant de te faire du mal, il se rend malheureux lui-même. Pardonner, c’est avoir assez d’imagination  pour inventer des gestes de rapprochement. C’est prendre la route vers la  réconciliation en ayant la patience de s’attendre soi-même et de l’attendre lui aussi. Un pas à la fois en respectant nos lenteurs  respectives.

En pardonnant ainsi, tu n’agis pas par politesse ou par convenance. Tu ne peux pardonner qu’en reconnaissant que tu as été toi-même pardonné par Dieu. Dieu t’a remis ta dette, une dette infiniment plus grande que toutes les dettes que les autres peuvent te devoir. Tu t’en allais irrémédiablement à la mort et Dieu t’a fait échapper à cette mort. Dieu t’a donné la vie.

Si nous prenions conscience de la dette que nous avons à l’égard de Dieu, et que Dieu nous remet gratuitement, nous n’oserions jamais prendre quelqu’un à la gorge pour lui faire payer sa bévue. Au contraire, nous nous engagerions sur la route vers le pardon.

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