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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie du 12e dimanche du Temps Ordinaire (B)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

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Plus fort que la tempête !

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 4,35-41.

Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule. Le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. »
Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient.
Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait.
Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »
Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »
Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »

COMMENTAIRE

« C’est au cœur des tempêtes qu’il nous cherche le plus » écrivait Ste Thérèse d’Avila en guise d’encouragement, à des carmélites soumises à de rudes épreuves. La tempête apaisée nous rappelle tout ce que nous avons éprouvé de plus dur dans la vie. Nous connaissons la détresse, la peur. Devant ce qui nous menace et nous écrase, il nous arrive de craquer.

Tout récemment encore nous avons été bouleversés par ce qu’ont pu éprouver les passagers des vols internationaux en Europe et en Asie. De tels accidents nous rappellent notre fragilité. Même avec nos plus grandes précautions et nos engins les plus sophistiqués nous ne sommes pas à l’abri. Les malheurs et le deuil nous attendent, ils attendent nos proches; ils guettent et ils frappent sans avertissement. Et que dire des embarcations surchargées de migrants, à la dérive, et qui sont à la merci des éléments sur la mer immense!

Nous comprenons la réaction instinctive des disciples, ce jour-là, dans la tempête. Nous les comprenons de s’en prendre à Jésus. Qui dort. Qui ne fait rien. Pourquoi ne prend-il pas soin d’eux? Comment se fait-il qu’il n’ait pas lui-même la frousse? Devant leur angoisse et leurs reproches Jésus réagit comme celui qui en a vu d’autres. Se peut-il que ses disciples n’aient encore rien compris? Le geste qu’il pose alors leur fera bien voir qui il est. En sa personne c’est Dieu lui-même qui est avec eux. Non pas Dieu dominant de haut la tempête. Mais Dieu présent avec eux dans la barque. Solidaire de leur voyage. Compagnon en quelque sorte de leur sort, mais s’offrant mystérieusement à les mener victorieux avec lui sur l’autre rive. « Passons sur l’autre rive », leur avait-il dit.

La traversée des disciples est à l’image de nos vies. Notre voyage est difficile et il nous semble parfois sans issue, vouée à l’échec. La maladie, la vieillesse, les épreuves de toutes sortes, le péché, le remord et la mort elle-même, ne pardonnent pas, nous le savons. Aucun de nous ne peut s’affranchir de cela tout seul. Nous sommes dépassés et démunis quand il s’agit de notre avenir ultime, de notre salut personnel. Notre réaction – à nous aussi – est de penser que lui, le Seigneur, il dort, il se désintéresse de nous, qu’il ne voit rien, qu’il ne fait rien.

Pourtant il est là. Il est avec nous dans la barque. Sa seule présence devrait nous suffire, nous calmer, nous rassurer. Il attend de nous courage et confiance. Il compte sur le témoignage de notre foi auprès de frères et de sœurs qui ne savent pas encore, qui ont peur et sont angoissés. La foi nous rappelle constamment que le Christ est sauveur, qu’il nous a déjà sauvés dans sa Pâques, puisqu’il est passé lui-même victorieux par les eaux profondes, le gouffre et les ténèbres de la mort.

Le Seigneur Jésus nous redit aujourd’hui que notre foi en lui est la grande ressource de nos vies, qu’elle est ce que nous avons de plus utile, de plus précieux et de plus puissant dans les circonstances difficiles où nous sommes. La foi qui s’appuie finalement sur le Dieu et Père de Jésus de Nazareth, la foi qui ne nous dispense pas de travailler à la transformation du monde, la foi libératrice qui nous donne de participer à la force, la tendresse, la miséricorde de Dieu. « Si quelqu’un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. »

Dès lors, l’amour rédempteur et sauveur passe en nous, il est capable de renverser les tendances de mort qui nous assaillent et nous habitent. Rappelons-nous la sortie d’Égypte, rappelons-nous les relèvements de l’Église au cours des âges, rappelons-nous certains passages significatifs de nos vies. « C’est quand je suis faible que je suis fort », écrit S. Paul. Rappelons-nous le Christ endormi sur la croix et réveillé pour toujours au matin de Pâques, devenu puissance de vie, de paix et de salut pour tous.

 

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