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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Deuxième dimanche de l’Avent. Année A

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Quittez vos illusions et changez vos cœurs !

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 8,5-11. 

Jésus était entré à Capharnaüm ; un centurion de l’armée romaine vint à lui et le supplia :
« Seigneur, mon serviteur est au lit, chez moi, paralysé, et il souffre terriblement. »
Jésus lui dit : « Je vais aller le guérir. »
Le centurion reprit : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri.
Ainsi, moi qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; je dis à l’un : ‘Va’, et il va, à un autre : ‘Viens’, et il vient, et à mon esclave : ‘Fais ceci’, et il le fait. »
A ces mots, Jésus fut dans l’admiration et dit à ceux qui le suivaient : « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi.
Aussi je vous le dis : Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du Royaume des cieux

COMMENTAIRE

Nous avons dans la liturgie de ce dimanche des approches contrastées du Mystère de notre foi. D’une part les mots tout en douceur d’Isaïe évoquent une situation idyllique; ils chantent l’harmonie et la paix des temps messianiques. Et d’autre part, dans l’évangile, la rudesse des propos de Jean-Baptiste. Entendons les avertissements sévères qu’il profère, le ton vigoureux, dur et sans appel, qu’il prend quand il parle aux pharisiens et aux sadducéens. Puis, entre Isaïe et Jean-Baptiste, il y a Saint Paul qui joue plutôt de la douceur, parlant d’accueil et de miséricorde au nom du Christ, à la manière du Christ, à cause de lui.

Le discours de Jean Baptiste montre l’urgence et le sérieux de la conversion qu’il faut vivre devant l’imminence des temps messianiques. Jean c’est le prophète, le précurseur, c’est Élie qui revient. Il a déjà dans son accoutrement et son régime de vie des similitudes frappantes avec le fameux prophète dont on attendait le retour.

La prédication de Jean-Baptiste contraste fortement avec celle de Jésus dont on entendra bientôt les paroles, dans le même évangile de saint Matthieu, du Sermon sur la montagne. Qu’est-ce qui fait réagir le prophète Jean quand il se retrouve en présence des Pharisiens et des Sadducéens? Qu’est-ce qui, de leur part, excitent la colère du Baptiste, alors même qu’eux, ils suivent en apparence le mouvement général du peuple vers la conversion, puisqu’ils pratiquent la pénitence comme tout le monde et qu’ils se livrent au même rituel baptismal dans les eaux du Jourdain? Pourquoi Jean prend-il ce ton si rude et si peu accommodant avec les pharisiens et les sadducéens? « Engeance de vipères… », rugit le Baptiste. Ce qu’il leur reproche, c’est leur faux-semblant, leur hypocrisie. Il dénonce alors nos propres hypocrisies. Les pharisiens et les sadducéens sont les chefs spirituels du peuple de l’alliance. Ils sont associés à la loi juive. Comme groupes socio-religieux importants, ils ont un ascendant, un certain pouvoir sur les autres; ils utilisent habilement l’intrigue, la tricherie, leurs influences, leurs connaissances, leurs poids politiques pour s’imposer partout. Leur performance religieuse, leur prestige moral, social et spirituel vont parfois dans la simulation et le mensonge, le conformisme et le légalisme, la mesquinerie. Ils se font illusion sur eux-mêmes. « Nous avons pour Père Abraham », disent-ils.  Et cela a l’air de leur suffire pour se valoriser à leurs yeux, aux yeux des gens. Cette paternité spirituelle ils n’en prennent que l’aspect extérieur. Ils en font une étiquette. Cela leur suffit. Pour Jean Baptiste c’est intolérable. Ce qui compte pour lui c’est d’être vraiment des fils et des filles d’Abraham, des croyants : honnêtes, intègres et sincères.

Désormais Fils et fille de Dieu, dirait Paul à la suite de Jésus. Voilà l’identité qu’il nous faut assumer, développer; voilà le titre qu’il nous faut tenir : cela suppose une réelle conversion, une aptitude à produire des fruits authentiques. Il ne suffit pas de nous réclamer fièrement d’une souche, d’une famille, d’une réputation, d’une Église, d’une communauté, mais il nous faut assumer notre condition d’enfant de Dieu et de fils d’Abraham. Assumer qui nous sommes en le devenant vraiment, en l’éprouvant de source en tout notre être. Voilà ce qui importe. C’est ce que vivra Jésus de façon parfaite et exemplaire, lui le Fils bien-aimé du Père. N’est-il pas le répondant parfait d’une relation intime et vivante avec Dieu?

Voilà ce que Jean-Baptiste, Isaïe, Jésus et Paul nous invitent aujourd’hui à vivre : renaître à la source vive de l’Esprit, être rameaux vivants de la souche authentique qu’est le Christ, être enracinés en Dieu et dans l’humain, incarner la vie de Dieu chez nous, à la manière de Jésus le Christ et de tous ses disciples véritables.

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