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Responsable de la chronique : Denis Gagnon, o.p.
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Dieu existe-il encore?

Imprimer Par Yves Bériault, o.p.

Afin d’entrer dans la rencontre entre la foi en Dieu et l’athéisme moderne, je vous conseille un livre qui renoue avec la pratique de la « disputatio » médiévale, où deux philosophes débattent sur l’existence de Dieu, question traditionnelle aujourd’hui réactivée. Les deux philosophes sont Philippe Capelle – André Comte-Sponville . Et le titre du livre est “Dieu existe-t-il encore?”.

Je ne veux reprendre ici la discussion sur le bien-fondé de l’existence de Dieu. J’y crois. Je dirais plus, j’aime. Alors, comment prouver que l’on aime véritablement à un autre. Je ne crois pas par besoin, ou par insécurité, ou parce que je tiens à aller au ciel. D’ailleurs, les croyants que je connais n’ont pas du tout cette perspective de l’éternité dans leur horizon de croyants. Ce qui leur importe avant tout, c’est leur vie d’homme ici-bas. Sans vouloir minimiser le sens de la vie éternelle pour nous chrétiens, je dirais que le ciel est un bénéfice secondaire dans l’acte de foi. La foi est en tout premier lieu un don pour maintenant, pour l’aujourd’hui terrestre.

Quant à ma foi en Dieu et en son Fils Jésus-Christ, je l’accueille comme le don le plus extraordinaire qui soit. Je crois comme j’aime le chaud soleil du matin, la brise de printemps, le chant des oiseaux en forêts, ou le rire des enfants qui courent après les papillons. La véritable foi en Dieu est gratuite, c’est donné, c’est une joie, c’est plus fort que moi, c’est plus fort que tout, et ma vie y puise comme à sa source.

Ainsi est faite la foi en Dieu pour moi. Elle est avant tout une rencontre avec Celui qui habite au plus profond de moi, le Créateur de toutes choses, et dont la connaissance apporte un tel bonheur, un tel accomplissement de soi, que je ne puis en douter, même si ma foi n’est jamais de l’ordre d’une certitude. C’est mon espérance qui est certaine.

Dieu ne se prouve pas. Tout comme l’athée ne peut prouver sa non-existence. L’athée croit au néant tout comme le croyant croit en Dieu. Mais croire au néant n’implique pas le rapport à un Autre comme la foi peut l’impliquer. L’athéisme est une croyance, oui, mais qui laisse l’homme seul avec lui-même. Bien sûr, l’autre, le prochain, le frère en humanité, importe beaucoup dans le parcours de bien des athées, ce qui est admirable. Leur engagement envers le monde est noble et beau. Mais c’est un parcours auquel le christianisme n’a rien à envier. Il suffit de regarder la vie des innombrables témoins de la foi au fil des millénaires pour s’en convaincre.

André Comte-Sponville affirme que “l’athéisme est une forme d’humilité”. L’origine latine du mot “humilité” peut nous aider à nous débarrasser d’une fausse conception de l’humilité. En effet, le mot “humilité” vient du latin humus qui se traduit par “terre, sol”. Ce mot est passé directement en français pour désigner la couche superficielle du sol, très féconde, qui accueille la semence pour lui faire porter du fruit.

On comprend alors que l’humilité chrétienne est cette qualité d’ouverture qui permet au croyant d’accueillir la Parole de Dieu avec joie, comme une semence qui donne à sa vie une dimension nouvelle.

La foi en Dieu est une grâce que l’homme ne peut se donner à lui-même. Tout ce qui est requis de lui c’est assez d’humilité pour la vouloir et la demander à Dieu. Voilà la véritable humilité.

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