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Billet hebdomadaire,

Responsable de la chronique : Denis Gagnon, o.p.
Billet hebdomadaire

Méfions-nous!

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

Nous qui croyons en Dieu, méfions-nous! Nous qui croyons croire, méfions-nous de notre foi! Elle peut être une grande illusion.

Toi qui trouves en Jésus un ami, méfie-toi! Un jour, tu as eu ton chemin de Damas comme saint Paul. La vérité t’a sauté aux yeux. Depuis ta conversion, tu ressens une grande paix. La sérénité est toujours au rendez-vous. Ne serais-tu pas en train de t’inventer une aspirine contre tes angoisses?

Toi que Jésus laisse indifférent, méfie-toi! La foi pour toi, des balivernes! L’Évangile, c’est bon pour ceux et celles qui n’ont pas de colonne vertébrale. Les fragiles qui camouflent leurs besoins de contes merveilleux. Les masochistes qui prennent plaisir à se torturer la conscience. Toi, tu es libre. Tu ne cherches pas de réponse aux questions sans réponse. Tu ne perds pas ton temps à rêvasser au pays de ton imagination. Fais attention : ne te laisses pas avoir par tes sécurités. La vie est peut-être plus vaste que ce qu’il te semble. Peux-tu refuser la confrontation de la foi? Étends ton regard. Donne-toi de l’envergure.

Toi qui vois en Jésus le libérateur par excellence, méfie-toi! Tu l’aimes parce qu’il dénonce les injustices, qu’il prend la part du pauvre et du faible. Tu l’admires parce qu’il remet les puissants à leur place et dépossède les riches. Tu crois qu’il révolutionne le monde en militant dans toutes les bonnes causes! Fais attention aux lunettes que tu portes en lisant l’Évangile et la vie. Peut-être t’es-tu forgé une idole à la taille de ton idéal social.

Toi qui penses reconnaître en Jésus l’inspiration de ta vie intérieure, méfie-toi. Tu as l’impression d’être une maison habitée par le Tout-Autre. Partout, en tout temps, tu sens une présence. Tu vis en plénitude, crois-tu. Ton silence intérieur est dense. Tu t’imagines en dialogue constant avec le Seigneur. Méfie-toi de tes rêves de sainteté, de tes élans mystiques.

La méfiance devrait être une vertu chrétienne. Nous ne devrions jamais succomber à la certitude. Il y a des croyances qui ne sont, au fond, que des athéismes déguisés. Nous nous forgeons des faux dieux qui nous enchantent et nous droguent.

La foi n’est pas une certitude. Elle est une façon de vivre avec le doute. Avec tout ce qu’il peut y avoir d’écartelant dans ce doute. De bousculant.

Dans la vraie foi, le doute catalyse notre recherche de la vérité. Il nous sort de notre confort. Constamment, il nous remet en route. Disciples de Jésus Christ, nous descendons d’un peuple qui a sculpté  sa foi dans un long pèlerinage au désert, d’errance en errance, de question en question, de doute en doute.

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