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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

16e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

Imprimer Par Dominique Charles, o.p.

Avoir un cœur hospitalier

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 10, 38-42

Alors qu’il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison. Elle avait une soeur nommée Marie qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
Marthe était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien ? Ma soeur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m’aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. »

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COMMENTAIRE

Les textes de la Parole de Dieu nous invitent aujourd’hui à redécouvrir l’importance de l’hospitalité. Dans ce récit de Gn 18, il est dit que « le Seigneur apparut à Abraham » ; puis il est dit qu’Abraham « vit trois hommes qui se tenaient près de lui » ; puis il s’adresse à un seul personnage : « Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux… » ; dans la suite, le récit reprend le pluriel : « vous vous laverez les pieds », « ils répondirent », « devant eux », « ils mangeaient ». Ensuite, il n’y a plus qu’un seul visiteur : « Le voyageur reprit : Je reviendrai chez toi dans un an… » Plus loin, il est de nouveau question de plusieurs personnages, mais c’est avec « le Seigneur » qu’Abraham entre en dialogue au sujet de Sodome. Le récit oscille donc entre la mention des « trois hommes » et celle de « Yahvé », nom de Dieu que le texte traduit par « le Seigneur ». Ce récit tout à fait étonnant, où l’hospitalité constitue le thème central, nous apprend qu’en accueillant des gens, même inconnus, c’est le Seigneur lui-même que nous accueillons. Cela nous rappelle ces paroles de Jésus : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).

La pratique de l’hospitalité est une valeur sacrée au Moyen-Orient. Cela consiste à laisser dans sa vie de la place pour l’imprévu de la visite du Seigneur dans ceux qui nous visitent. En Mt 25, Jésus demande à ses disciples s’ils ont visité les malades et les prisonniers. L’hospitalité consiste à ne pas oublier les autres, à garder son cœur ouvert à l’autre. Abraham en ce domaine est pour nous un maître car il se lève et s’occupe lui-même des choses pratiques qui concernent le service de l’accueil (apporter de l’eau pour laver les pieds des voyageurs ; installation sous l’ombre d’un arbre au plein milieu du jour, suivi de la préparation du repas…).

Jésus nous a montré l’exemple d’un homme hospitalier : il accueillait tous ceux qui venaient à lui, sans distinction aucune. Les évangiles nous racontent comment il était accueillant à tous : pharisiens, publicains, aveugles, paralytiques, sourds, muets, possédés, centurions romains, femme adultère, riches et pauvres… Quand Jésus accueille ceux qui viennent à lui, il le fait au nom de son Père. Comme le dit à deux reprises le cantique de Zacharie, Jésus a été envoyé pour nous visiter : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël qui visite et rachète son peuple… » (Lc 1,68), et : « par l’amour du cœur de notre Dieu, Soleil levant qui vient nous visiter… » (Lc 1,78). L’hospitalité consiste à accueillir et à visiter ! Accueillir chez soi et aller à la rencontre des autres. Souvenons-nous de l’épisode de la « Visitation » d’Élisabeth par Marie qui « entra chez Zacharie et salua Élisabeth » (Lc 1,40).

Le mot employé dans l’épître aux Hébreux pour exprimer l’hospitalité (philoxénia) signifie littéralement « amour de l’étranger » ! L’hospitalité consiste à accueillir dans sa vie celui qui est étranger. C’est bien ce que fait le bon Samaritain dont l’histoire (que nous avons lue dimanche dernier) précède le récit de Marthe et de Marie dans l’évangile de Luc. L’accueil que réservent les deux femmes à Jésus est donc exemplaire car l’amour du prochain ne consiste pas seulement à s’occuper de lui en venant à son secours mais en l’accueillant comme si c’était Jésus lui-même : accueillir Dieu dans nos frères, voilà bien ce qui devrait être notre attitude envers nos proches. Marthe s’agite pour bien accueillir Jésus dans sa maison. En cela elle fait comme Abraham ! Marie reste aux pieds de Jésus pour écouter sa parole ! En cela elle fait aussi comme Abraham. Les deux sœurs représentent ensemble les deux dimensions de l’accueil et de l’hospitalité qui sont inséparables : offrir tout son temps pour écouter celui qui nous visite ; s’agiter et tout faire pour bien l’accueillir chez nous.

Selon la belle formule de Michel Corbin, « les deux sœurs figurent les deux dimensions du même commandement » ; il explique qu’« il nous faut d’abord être Marie : garder au cœur la Parole du Seigneur… et ensuite être Marthe : donner du pain à ceux qui en manquent, du temps à qui nous supplie, de l’affection à qui la réclame… » Il ne faut donc pas séparer l’écoute de la Parole du Seigneur et le service du frère. Le commandement de l’amour oblige d’unifier dans l’accueil la disponibilité, l’écoute et le service concret des autres. C’est bien aussi l’enseignement de la parabole du bon Samaritain. C’était celui de Maître Eckhart (14e s.) qui fait le commentaire suivant : « Marie était assise aux pieds de Notre Seigneur et écoutait sa parole et apprenait, car elle ne faisait qu’entrer à l’école et apprenait à vivre. Mais après cela, alors seulement elle commença à servir. » Il considère ainsi que l’écoute de la Parole est inséparable de sa mise en pratique : si Marie est à l’école de la charité en écoutant Jésus, Marthe la pratique en servant Jésus ! Les deux dimensions sont nécessaires pour une bonne hospitalité.

Il convient de nous interroger un instant sur la manière dont nous pratiquons l’hospitalité. Sommes-nous accueillants ? Est-ce que nous sommes attentifs à visiter ceux qui en ont besoin ? Comment nous comportons-nous vis-à-vis de ceux qui sont pour nous des « étrangers » ? L’hospitalité est une valeur évangélique essentielle. Jésus l’a pratiquée. C’est Dieu en personne que nous accueillons souvent sans le savoir, mais c’est aussi de lui que nous nous détournons souvent sans le savoir. En évoquant le récit de Gn 18, l’auteur de l’épître aux Hébreux nous fait cette recommandation : « N’oubliez pas l’hospitalité car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges. » N’oublions donc pas de pratiquer l’hospitalité et d’avoir le cœur hospitalier comme Abraham et comme Jésus.

Fr. Dominique CHARLES, o.p.

2 thoughts on “16e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

  1. Marie J

    un intéressant Thème pour ce 16ème dimanche ordinaire. si nous les hommes pourrions comprendre, ce que c’est l’hospitalité…, la pratiquer sans calcul, car, le Seigneur en nous donant son souffle de respiraion chaque matin, il le fais sans attendre quelque chose de nous.
    en fait la réaction de Marthe me plaît, moi aussi je poserais la même question au Seigneur, mais aussi, la réponse du Christ donne du baume au coeur, à la fin j’aimerais être comme Marie, bien écouter la parole de Dieu; bien que écouter la Parole de Dieu et la mettre en pratique est souvent difficile pour nous les hommes

  2. Frère Claude DJIMENOU, ofm.cap

    Merci beaucoup Frère Dominique pour vos commentaires très édifiants; j’en fais souvent usage pour mes homélies; Que Dieu vous bénisse toujours

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