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Patristique

Septième homélie sur Saint Paul (1er partie)

Imprimer Par Jean Chrysostome

PAUL PORTE-ÉTENDARD DU CHRIST

1. Lorsque les dignitaires qui brandissent les insignes royaux, précédés du son fracassant des trompettes et d’une multitude de soldats, font leur entrée dans les cités, tout le peuple a l’habitude d’accourir pour entendre le fracas des instruments, pour voir les insignes élevés dans les airs, pour admirer l’air martial de celui qui les porte.

Eh bien donc, puisque Paul, quant à lui, fait son entrée aujourd’hui, non pas simplement dans une cité, mais dans l’humanité entière, accourons, nous aussi. Car il brandit un insigne, lui, qui n’est pas celui d’un royaume terrestre, mais qui est la croix du Christ qui règne aux cieux, et au lieu d’hommes, ce sont des anges qui le précèdent, pour honorer cet étendard et affermir celui qui le porte.

Car des anges ont été donnés déjà par le Maître de l’uni¬vers à ceux qui ont à conduire seulement leur propre vie sans avoir en charge les affaires publiques, pour veiller sur eux suivant cette parole : « L’ange qui m’a sauvé du mal depuis ma jeunesse » (Gn 48 16) ; à plus forte raison les puissances célestes se penchent-elles sur les hommes qui ont entre leurs mains le salut de l’humanité, et qui avancent, porteurs du don qu’ils ont en charge, et il pèse d’un tel poids!

Quand on est investi de l’honneur de brandir les insignes royaux, on se drape de diverses étoffes, on porte autour du cou une parure d’or, on resplendit des pieds à la tête; Paul, lui aussi, a sa parure, ce n’est pas de l’or, ce sont des chaînes, et ce qu’il brandit, c’est la croix, et il est persécuté, il est fouetté, il souffre la faim. Oh! ne vous affligez pas, mes bien-aimés ! Car voilà une parure plus précieuse, plus écla¬tante que l’autre, et ô combien plus agréable à Dieu ! Et c’est justement ce qui l’empêchait de succomber à Ia fatigue en portant la croix. Oui, c’est une chose merveilleuse : pris dans ces entraves, condamné à recevoir le fouet, le voilà plus rayonnant que les princes avec leur diadème et leurs étoffes de pourpre. Rayonnant, oui, je n’exagère pas, et la preuve vous en est donnée par les vêtements qu’il portait. Entassez donc diadème sur diadème et autant de robes de pourpre que vous le voudrez sur une personne minée par la maladie : vous aurez beau faire, vous n’arriverez pas à diminuer sa fièvre, même légèrement ; les vêtements de Paul, au contraire, à peine entrent-ils en contact avec le corps d’un malade, qu’ils suppriment son affection (Ac 19 12). Et quoi d’étonnant ? Les insignes royaux ont le pouvoir de réfreiner l’audace des brigands, ils leur font prendre la fuite (et sans se retourner!); à plus forte raison, suffit-il aux maladies et aux démons de voir l’autre insigne, celui du Christ, pour battre en retraite et vite.

SON EXEMPLE DÉPASSE-T-IL NOS FORCES?

2. Il portait cet étendard, mais pas en homme qui voulait être seul à le faire; non, il formait les autres à le porter, tout comme lui. Voyez ses paroles : « Devenez mes imita¬teurs, dans la mesure où vous avez en nous un modèle » (Ph 3 17), et un peu plus loin : « Ce que vous avez vu et entendu, ce que vous avez constaté en moi, voilà ce que vous devez faire. » (Ph 4 9) Οu encore: « C’est par sa faveur qu’il vous a été donné non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui. » (Ph 1 29) Regardez donc la différence : dans notre monde, les dignités apparaissent d’autant plus grandes qu’elles se concentrent sur une seule personne; dans l’ordre spirituel, au contraire, l’éclat qui entoure un honneur est d’autant plus vif qu’un grand nombre de personnes en partagent le privilège, et que le bénéficiaire n’est plus seul, mais s’associe beaucoup de gens pour en jouir eux aussi.

Vous le voyez, tous portent l’étendard du Christ et chacun exalte son nom à la face des peuples et des princes, mais lui fait face, aussi, à la perspective de la géhenne, à la perspective du châtiment éternel. En vérité, cela il s’est gardé de le leur demander, direz-vous, car les autres n’auraient pu. Je vais vous faire une question : avez-vous remarqué de quelle perfection notre nature, oui, notre nature humaine, est capable? L’avez-vous remarqué : il n’est rien qui vaille plus que l’homme, tout mortel qu’il demeure ? Qui est plus grand que Paul, je vous le demande ? Qui est, au moins, à sa hauteur? De combien d’anges, de combien d’archanges n’est-il pas l’égal, l’homme qui a fait entendre les paroles que je viens de vous rapporter ? Il a tout sacrifié pour le Christ, lui qui habitait un corps mortel et corruptible, tout, ce qui était en son pouvoir, et, disons mieux, ce qui ne l’était pas. Car il a sacrifié les choses présentes, les choses à venir, hauteur et profondeur et tonte créature (Rm 8 38-39).

Ah! si cet homme avait été doté d’une nature incorruptible, que n’aurait-il pas dit ? Que n’aurait-il pas fait ? Atten¬tion : si j’admire les anges, c’est parce qu’ils ont été élevés à la dignité qui est la leur, et non parce qu’il s’agit de créatures incorporelles. Voyez le diable : il est incorporel, il est invisible, et cela ne l’empêche pas d’être le plus malheureux de toutes les créatures parce qu’il s’est révolté contre Dieu son créateur. Voyez les hommes : leur malheur ne vient pas de la chair dont ils sont revêtus, mais du mauvais usage qu’ils en font : Paul, aussi bien, vivait dans un corps de chair! D’où vient donc sa grandeur? Il la doit et à ses propres forces et à celles que Dieu lui a données, et s’il la doit à celles-ci, c’est pour avoir déployé celles-là. Car Dieu ne fait point acception des personnes.

Mais comment, direz-vous, est-il possible d’imiter des hommes tels que lui ? Écoutez-le : « Montrez-vous mes imitateurs comme je le suis moi-même du Christ. » (1 Co 11 1) Lui s’est fait l’imitateur du Christ, et vous ne sauriez même pas imiter celui qui est serviteur avec vous? Lui a rivalisé avec son Seigneur, et vous ne sauriez rivaliser avec celui qui est serviteur comme vous? Εt que donnerez-vous comme excuse ? Comment a-t-il pu imiter le Christ, me direz-vous?

Eh bien, observez son comportement, à ce sujet, depuis le début et en remontant à ses premiers pas.

Patristique

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