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J’ai fait un rêve

Imprimer Par Denis Gagnon

J’ai rêvé que j’étais assis confortablement devant le téléviseur. Je regardais un reportage sur la terrible catastrophe qui a frappé Haïti, mardi dernier. Des images de l’horreur défilaient devant moi. J’étais terrifié, atterré comme l’étaient les personnes qui défilaient sur l’écran.

Soudain, ça frappe à la porte. Je m’arrache péniblement à la télé pour aller ouvrir. C’était Dieu qui s’arrêtait chez moi… en passant. Sa visite ne m’a pas surpris. Il lui arrive comme ça de venir me voir pour un brin de causette. Je ne me rends pas toujours compte que c’est lui. Mais c’est toujours agréable de le rencontrer.

Dans mon rêve, je l’ai reconnu aussitôt. Je me suis empressé de lui offrir un fauteuil. Après les salutations d’usage, il me demande:

– Qu’est-ce que tu fais de bon?

– Je regarde un reportage sur la tragédie en Haïti. C’est affreux, ce qui est arrivé là-bas!…

– En effet, me dit-il. Ce violent tremblement de terre a fait des ravages énormes. Il y a de nombreuses victimes. Partout, des morts, des blessés. Et les communications qui sont difficiles. Et le manque de nourriture, d’eau potable, de médicaments. La situation est catastrophique. Je suis profondément bouleversé.

– Mais alors, lui dis-je surpris, pourquoi tu n’interviens pas? Tu es tout-puissant, tu peux donc venir au secours de tous ces malheureux. Tu es le créateur de la nature. Tu es l’auteur des lois qui régissent la terre, la mer, les vents… Tu peux contrôler les tremblements de terre de magnitude 7,0. Tu peux arrêter les plus gros désordres écologiques. Au lieu de visiter tranquillement tes amis comme moi, tu devrais voler au secours des haïtiens. Tu ne sembles pas conscient qu’on crie vers toi de tous les coins du monde. « Où est Dieu? Pourquoi n’intervient-il pas?» On te trouve bien absent. Comme quelqu’un parti en vacances ou en fuite. Tu es en train de donner raison à ceux qui ne croient pas en ton existence.

Je continuai longtemps mes protestations. Dieu m’écoutais attentivement sans dire un mot. Il me laissait me défouler et traduire ainsi la colère des uns, le découragement des autres, la démission de plusieurs, la désolation de la plupart des gens touchés par la tragédie. Patiemment, il attendait que j’aie vidé mon sac. Puis, doucement, il prit la parole.

– Je suis au côté du peuple haïtien. J’en fais partie. Le tremblement de terre m’a ébranlé. Je suis blessé comme les victimes de cette terrible catastrophe. Qu’on attaque un être humain, je suis atteint. J’ai mal quand un de mes enfants a mal. Je suis marié avec l’humanité. Et tout ce qui touche mon épouse me touche. Rappelle-toi les mots du prophète: « Comme un jeune homme épouse une jeune fille, celui qui t’a construite t’épousera. Comme la jeune mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton Dieu» (Isaïe 45, 5). La joie comme la tristesse de mon épouse, le bonheur et le malheur qu’elle peut vivre sont ma joie et ma tristesse. Je suis toujours proche des malheureux comme j’étais proche de mon Fils quand il a parcouru son chemin de croix.

– Mais alors, répliquai-je, cours vite à Port-au-Prince. Vole au secours de ta fiancée haïtienne!

– Mais je ne fais que cela, courir à Port-au-Prince, à Pétionville, à Cap-Haïtien, à Gonaïves, d’un bout à l’autre de cette île malheureuse. J’atterris avec des vivres depuis que l’aéroport est ouvert. Je vole au secours des blessés, de ceux qui ont faim. Je donne de l’eau potable à ceux qui ont soif. Je prépare des abris pour ceux dont la maison s’est écroulée.

Je suis marié avec l’humanité. Nous vivons ensemble les noces de Cana. Le bon vin de l’amour et du don de soi coule à flot entre nous. Nous sommes en alliance, vous et moi, au point que ce que je veux faire passe par vous. Rappelle-toi ce que saint Paul disait aux Corinthiens: « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est partout le même Dieu qui agit en tous.» (1 Corinthiens 12, 4-5) As-tu compris? Je répète: « C’est partout le même Dieu qui agit en tous». Avec vos pieds, je m’empresse de me rendre sur place pour aider le plus tôt possible. Vos bras qui embrassent les orphelins sont les miens. Avec vos mains, je soigne les blessés. Vos paroles de réconfort auprès de ceux qui pleurent sont des paroles de Dieu. Mon coeur bat dans vos poitrines pour ce peuple malheureux. Vos dons en nature comme en argent, vos générosités de toute sorte, vos attentions, vos compassions, tout cela fait partie de mes réserves de bons vins pour de joyeuses noces avec Haïti.

Dieu parlait encore avec toute sa fougue quand, soudain, je me réveillai. La télé continuait de défiler devant moi des images en provenance de l’île où se concentraient presque toutes les générosités du monde. Une phrase de saint Paul me revint en mémoire: « Celui qui agit en tout cela, c’est le même et unique Esprit» (1 Corinthiens 12, 11).

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