Crise mondiale dans le monde des finances, problèmes des changements climatiques qui menacent la planète, terrorisme, torture dans les prisons, corruption aux divers paliers de nos gouvernements, chômage, grippe A (H1N1) et tout le reste: les nuages sont nombreux au ciel des derniers mois de l’année. Nombreux et épais, et lourds. Sans compter les problèmes que nous pouvons vivre à différentes étapes de notre cheminement personnel.
Les choses ne tournent pas rond dans le monde et parfois dans nos vies. Devant toutes ces catastrophes, la peur surgit, l’angoisse s’installe, le découragement paralyse.
Curieusement, les livres bibliques nous offrent des listes aussi sombres – et des bouleversements jusque dans le soleil et la lune – quand ils annoncent des interventions de Dieu, quand ils promettent la venue du Messie. Ne seraient-ils pas en train de nous dire: « Tout ce que vous constatez autour de vous n’annonce pas la fin du monde mais son commencement. L’univers n’est pas rendu au soir de son existence. C’est plutôt l’aurore qui se lève. Ce n’est pas le temps de vous cacher, de vous mettre à l’abri. Ne mourez pas de peur « dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde» (Luc 21, 26). Ne gardez pas le nez collé sur les catastrophes dans l’angoisse de ce qui peut arriver. Ne fuyez pas la réalité non plus, en fermant les yeux pour ignorer ce qui se passe. Au contraire, redressez-vous, relevez la tête! Portez un regard large sur ce qui arrive. Détectez l’avenir qui surgit dans votre présent. Ne dormez pas, veillez!
Dans les livres de recettes, il y a une leçon à ne pas perdre de vue: on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs! Dans les concerts rock, la musique explose de partout. Elle paraît menaçante parfois. Mais on fait appel à de telles explosions pour chanter la vitalité, la jeunesse, la vigueur!… La planète aussi a ses paradoxes.
Au lieu de céder au découragement, prendre le parti de l’espérance. Une courageuse espérance: refuser de baisser les bras, refuser de démissionner, refuser de se distraire et de fuir. Une espérance engagée: choisir de faire face à la réalité en toute lucidité, choisir de chercher les possibles dans ce qui apparaît impossible. Mais surtout et avant tout: chercher les signes de la présence de Dieu et de son action dans ce qui nous apparaît être déchéance et destruction. Cherchez la lumière qui se dévoile dans toute l’opacité de la nuit et marcher vers elle.
Pour rester en éveil, pour garder le regard assez large, pour nourrir l’espérance, Jésus dit: « Priez en tout temps» (Luc 21, 36) La prière est un exercice de lucidité. Elle nous amène à prendre de la distance. Surtout, la prière nous permet d’adopter le regard même de Dieu, de partager sa vision de tout ce qui arrive. Elle nous met en communion avec lui. Elle nourrit notre attente et nous garde debout pour la venue du Fils de l’homme. Une vraie prière ressemble à la couronne de l’Avent qui se retrouve ces jours-ci dans différentes églises catholiques: elle laisse la lumière entrer discrètement dans la vie comme surgit l’aurore; puis, elle se déploie progressivement d’une semaine à l’autre, jusqu’au plein jour.
Je ne vous invite pas à vous lancer dans des dévotionnettes ou des formules pour des formules. Je vous souhaite une prière qui garde attentif à Dieu et à sa présence au coeur même de ce que vous vivez. Une prière qui vous rapproche de l’infini.
Et tout ce qui vous bouleverse, vous le vivrez dans la sérénité de la foi et dans la confiance que donne l’espérance.