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Méditation chrétienne

La force de la volonté (Oraison VII)

Imprimer Par Catherine de Sienne

Catherine Benincasa naquit dans une famille de teinturiers. Elle se consacra très jeune à Dieu. À l’âge de quinze ans, elle entra chez les sœurs de la Pénitence de saint Dominique (tiers ordre). Auteur mystique (le Dialogue, les Oraisons), elle intervint publiquement dans la vie de l’Église en demandant au pape Grégoire XI de quitter Avignon pour Rome, puis en luttant pour mettre fin au grand schisme d’occident. Elle fut proclamée docteur de l’Église en 1970 et co-patronne de l’Europe en 1999.

Je confesse, Dieu éternel, je confesse Dieu éternel, haute et éternelle Trinité, que tu me vois et me connais, moi, et cela je l’ai su dans ta lumière. Je confesse, Dieu éternel, et je vois que tu vois la nécessité de ton épouse et la bonne volonté de ton vicaire, mais qui l’empêche de la rendre effective dans ses opérations ? Dans ta lumière j’ai vu que tu connais ces choses parce que nulle chose n’est cachée à ton regard.

En cette lumière même, je vois qu’en toi tu as prévu le remède qu’ensuite tu as donné à ton fils mort de l’hu­maine génération ; ce fut le Verbe, ton Fils unique. Tu as vu encore l’autre remède pour ce mort, ce fut de conserver les cicatrices dans le corps du Verbe pour que continuel­lement elles crient miséricorde devant toi, pour nous; dans ta lumière j’ai vu que tu les as conservées par ardent amour, et elles ne sont pas gênées, ni elles ni la couleur du sang, par le corps glorieux, et elles ne gênent pas ce corps.

Tu as vu encore en toi-même, qu’après l’infirmité dont tu nous as libérés, l’homme devait encore tomber dans la faute par ses péchés, alors tu as donné le remède avec le sacrement de la sainte pénitence dans laquelle le ministre verse sur la face de l’âme le sang de l’humble agneau. De même que tu as vu le principal remède pour nous réconci­lier avec toi par le moyen du Verbe, tu as vu tous ces autres remèdes, nécessaires au salut de l’homme. Dans ta lumière, je connais que tu as vu à l’avance toutes ces choses, parce qu’en cette lumière je vois, et sans cette lumière, j’irais dans les ténèbres.

Ô toi doux amour, tu as vu en toi la nécessité de la sainte Église, et le remède dont elle a besoin, et tu le lui as donné, c’est-à-dire l’oraison de tes serviteurs dont tu veux que se fasse un mur sur lequel s’appuie le mur de la sainte Église ; à ces serviteurs ta Clémence-Esprit Saint inspire les ardents désirs de sa réforme.

Je vois encore que tu as vu notre loi perverse qui toujours est prête à se rebeller contre ta volonté et que tu as vu que nous devions beaucoup la suivre. Je vois vrai­ment que tu as vu la fragilité de notre nature humaine, combien elle est débile, fragile et misérable. Et alors, toi, suprême pourvoyeur qui en toute chose as pourvu à ta créature, toi excellent remédiateur qui en toute chose lui a donné remède, tu nous as donné le roc et la forteresse de la volonté, et l’as donnée comme compagne à la faiblesse de la chair; cette volonté est si forte que ni démon ni créature ne peut la vaincre si nous le voulons, c’est-à-dire si le libre arbitre entre les mains duquel est placée cette force n’y consent.

Ô bonté infinie, et d’où vient une telle force dans la volonté de ta créature ? De toi, suprême et éternelle force, de là je vois qu’elle participe de la force de ta volonté, parce que de ta volonté tu nous as donné la nôtre, d’où nous voyons que notre volonté est d’autant plus forte qu’elle suit la tienne, et d’autant plus faible qu’elle s’en sépare, parce que, comme il est dit, de ta volonté tu as créé la nôtre et par suite, étant dans la tienne, elle est forte. Toutes ces choses, je les ai vues dans ta lumière. Dans notre volonté, Père éternel, tu montres la force de ta volonté, et si en un petit membre tu as donné tant de force, combien estimerons-nous que soit la tienne à toi, créateur et gouverneur de toutes les choses !

Je vois une chose dans ta lumière, c’est qu’il apparaît que cette volonté que tu nous as donnée libre est fortifiée par la lumière de la foi, parce que, avec cette lumière, elle connaît, dans ta lumière, ta volonté éternelle, laquelle ne veut autre chose que notre sanctification ; ainsi la lumière accroît et fortifie la volonté, et cette volonté nourrie par la lumière de la sainte foi donne vie aux opérations de l’homme, et ainsi volonté vraie et foi vive ne peuvent être sans les œuvres. Cette lumière nourrit et accroît le feu dans l’âme, car elle ne peut goûter le feu de ta charité si la lumière ne lui montre ton amour et ta dilection pour nous. Toi, lumière, tu es la matière du feu parce que tu le fais croître dans l’âme; comme le bois fait croître et augmente le feu matériel ; toi, lumière, tu es celui qui fait croître la charité dans l’âme, parce que tu lui montres ta divine bonté, et la charité la nourrit parce qu’elle désire connaître son Dieu, et tu veux la satisfaire. Ô excellent pourvoyeur tu n’as pas voulu que l’homme aille dans la ténèbre ni qu’il soit en guerre, aussi tu l’as pourvu de la lumière de la foi, qui nous montre la voie et nous donne paix et tranquillité. Cette lumière ne laisse pas l’âme mourir de faim, ni être nue, ni être pauvre, parce qu’elle la repaît de la nourriture de la grâce, lui faisant goûter dans l’élan de ta charité la nourriture de l’âme, et la revêt de la robe nuptiale de ta parfaite charité et de ton éternelle volonté, et tu lui montres les richesses éternelles.

Peccavi Domino, miserere mei, parce que la ténèbre de la loi perverse que j’ai toujours suivie m’a obscurci l’œil de l’intelligence et ainsi je ne t’ai pas connu toi, vraie lu­mière ; et néanmoins il a plu à ta charité de m’illuminer de toi, vraie lumière.

Ô Dieu éternel, ô amour inestimable, ta créature est toute pétrie avec toi et toi avec elle par la création, par la force de la volonté, par le feu avec lequel tu l’as créée, par la lumière naturelle que tu lui as donnée, avec laquelle elle te voit, toi, vraie lumière, l’exerçant avec la faim des vraies et réelles vertus pour la gloire et la louange de ton nom. Ô lumière au-dessus de toute lumière, bonté au-dessus de toute bonté, ô sagesse au-dessus de toute sagesse, ô feu qui dépasse tout feu, parce que toi seul tu es celui qui est, et rien d’autre n’est quelque chose sinon en tant qu’il a l’être venant de toi.

Ô mon âme aveugle et misérable, non digne avec les autres serviteurs de Dieu de faire un mur pour soutenir la sainte Église, mais d’être plantée dans un corps d’animal, parce que toujours tu as agi comme les animaux. Grâce, grâce soit rendue à toi. Dieu éternel, qui malgré mes iniquités as daigné me choisir pour ce travail.

Je supplie donc, puisque tu inspires dans les esprits de tes serviteurs les désirs anxieux et ardents pour la réforme de ton épouse, et les fais crier en continuelle oraison, que tu exauces leur cri. Conserve et accrois la bonne volonté de ton vicaire, et que s’accomplisse sur lui la vraie perfection, comme tu le requiers. Cela même je te le demande pour toutes les créatures douées de raison, et principalement pour ceux que tu as placés sur mes épau­les, et que, étant faible et insuffisante, je te rends à toi. Je ne veux pas que mes péchés les arrêtent, car toujours j’ai suivi la loi perverse, mais je désire, et je te prie, qu’ils te suivent, toi, dans la perfection afin qu’ils méritent d’être exaucés dans les prières qu’ils te font, et doivent te faire, pour le monde entier et pour la sainte Église.

Peccavi Domino, miserere mei.

Pardonne, Père, pardonne-moi, misérable et ingrate pour les grâces infinies que j’ai reçues de toi. Je confesse que ta bonté m’a conservée comme ton épouse, bien que par mes fautes j’aie toujours été infidèle.

Peccavi Domino, miserere mei. Amen

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