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Pour la résurrection du monde

Imprimer Par Denis Gagnon

Trois femmes! Trois amies. Elles venaient de commencer une aventure à nulle autre pareil. Mais l’aventure s’est terminée brutalement. Le chef de cordée a été assassiné par les hauts dirigeants du pays et de la religion.

Il ne reste plus qu’une étape à franchir: embaumer le corps du défunt et l’abandonner à son tombeau. C’est la normalité des choses. En route, des préoccupations tout-à-fait justes: qui roulera la pierre de l’entrée du tombeau, une pierre qui est d’ailleurs fort grande.

Le héros de ces trois femmes avait dit à plusieurs reprises « qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que, trois jours après, il ressuscite» (Marc 8, 31). Et l’évangile précise: « Il tenait ouvertement ce langage» (8, 32).

Où étaient-elles, ces trois femmes, quand l’homme annonçait son avenir. Étaient-elles distraites? Considéraient-elles la dernière partie de l’annonce comme une image poétique pour dire qu’il resterait quelque chose de lui après sa mort, un message, des traces dans la vie de ses contemporains?

Toujours est-il que, ce matin du premier jour de la semaine, les femmes n’avaient pour toute préoccupation que d’accomplir les derniers gestes de respect pour un défunt. En arrivant au tombeau, elles sont immédiatement tirées de leurs soucis. Le tombeau est ouvert. Se présente à elles, un jeune homme tout de blanc vêtu comme Jésus sur le mont de la Transfiguration, comme les messagers divins dans les récits bibliques, comme les anges. Le messager annonce: «Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié? Il est ressuscité: il n’est pas ici.» (Marc 16, 6) Comme autrefois quand Jésus annonçait sa mort et sa résurrection, les femmes sont réduites à la foi. Rien de raisonnable, rien de scientifique, seulement la foi. Même l’absence du corps ne prouve rien. Quelqu’un aurait pu le déménager. Aucune trace de cette résurrection, aucune odeur, aucune lumière. Seulement la parole du jeune homme. Et une parole invraisemblable, qui va déclencher rires et sarcasmes non seulement à Jérusalem mais sur la terre entière et dans tous les siècles jusqu’à ce jour. Pas surprenant que, dans leur peur, les femmes ne dirent rien à personne, qu’elles gardèrent secrète cette nouvelle incroyable.

L’évangile s’arrête sur ce silence des femmes. Peut-être pour forcer ses lecteurs à prendre le relais. En effet, depuis 2000 ans, la nouvelle s’est ébruitée. Des hommes et des femmes se haussent jusqu’à la foi.

Et nous faisons partie de ces aventuriers de l’impossible. À la suite d’autres depuis des siècles, nous avons pris la route, quittant à jamais le tombeau. Nous marchons à la suite du Ressuscité qui nous précède dans toutes les Galilée de la terre. Avec lui, nous poursuivons le combat contre la mort, contre la souffrance, contre l’injustice. À cause de la résurrection du Christ, nous croyons que l’humanité a un avenir. Elle est appelée à la vie, à la fraternité, à la dignité, à la plénitude de la paix.

Que la peur ne nous retienne pas dans ses filets. Au contraire, laissons-nous inspirer par l’événement pascal pour poursuivre, avec Dieu et dans l’enthousiasme, la résurrection du monde et de l’histoire.

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