Spiritualité 2000 met à votre disposition 22 années d’archives, soit près de cinq mille articles. Un grand merci à tous nos artisans qui ont su rendre possible cette aventure ayant rejoint des millions d’internautes.

Patristique,

Responsable de la chronique :
Patristique

Le rôle de l’Esprit dans la vision de Dieu

Imprimer Par Irénée de Lyon

Les prophètes annonçaient d’avance que Dieu serait vu des hommes, conformément à ce que dit aussi le Seigneur : « Bienheureux les cœurs purs, parce qu’ils verront Dieu. » Certes, selon sa grandeur et son inénarrable gloire, « nul ne verra Dieu et vivra », car le Père est insaisissable; mais selon son amour, sa bonté envers les hommes et sa toute-puissance, il va jusqu’à accorder à ceux qui l’aiment le privilège de voir Dieu — ce que, précisément, prophétisaient les prophètes —, car « ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu ». Par lui-même, en effet, l’homme ne pourra jamais voir Dieu; mais Dieu, s’il le veut, sera vu des hommes, de ceux qu’il veut, quand il veut et comme il veut. Car Dieu peut tout : vu autrefois par l’entremise de l’Esprit selon le mode prophétique, puis vu par l’entremise du Fils selon l’adoption, il sera vu encore dans le royaume des cieux selon la paternité, l’Esprit préparant d’avance l’homme pour le Fils de Dieu, le Fils le conduisant au Père, et le Père lui donnant l’incorruptibilité et la vie éternelle, qui résultent de la vue de Dieu pour ceux qui le voient. car, de même que ceux qui voient la lumière sont dans la lumière et participent à sa splendeur, de même ceux qui voient Dieu sont en Dieu et participent à sa splendeur. Or vivifiante est la splendeur de Dieu. Ils auront donc part à la vie, ceux qui voient Dieu. Tel est le motif pour lequel celui qui est insaisissable, incompréhensible et invisible s’offre à être vu, compris et saisi par les hommes : c’est afin de vivifier ceux qui le saisissent et qui le voient. Car, si sa grandeur est inscrutable, sa bonté aussi est inexprimable, et c’est grâce à elle qu’il se fait voir et qu’il donne la vie à ceux qui le voient. Car il est impossible de vivre sans la vie, et il n’y a de vie que par la participation à Dieu, et cette participation à Dieu consiste à voir Dieu et à jouir de sa bonté. [IV, 20, 5 / p. 637-643]

L’Esprit donné aux croyants comme arrhes de la résurrection future

… Mais présentement, c’est une partie de son Esprit que nous recevons, pour nous disposer à l’avance et nous préparer à l’incorruptibilité. C’est ce que l’Apôtre nome « arrhes » — c’est-à-dire une partie seulement de cet honneur qui nous a été promis par Dieu—, lorsqu’il dit dans l’épître aux Éphésiens : « C’est en lui que vous aussi, après avoir entendu la parole de vérité, l’évangile de votre salut, c’est en lui qu’après avoir cru vous avez été marqués du sceau de l’Esprit-Saint de la promesse, qui est les arrhes de votre héritage. » Si donc ces arrhes, en habitant en nous, nous rendent déjà spirituels et si ce qui est mortel est absorbé par l’immortalité — car « pour vous, dit-il, vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, s’il est vrai que l’Esprit de Dieu habite en vous » —, et si, d’autre part, cela se réalise, non par le rejet de la chair, mais par la communion de l’Esprit — car ceux auxquels il écrivait n’étaient pas des êtres désincarnés, mais des gens qui avaient reçu ;’Esprit de Dieu « en qui nous crions : Abba, Père »—; si donc, dès à présent, pour avoir reçu ces arrhes, nous crions : « Abba, Père », que sera-ce lorsque, ressuscités, nous le verrons face à face? Lorsque tous les membres, à flots débordants, feront jaillir un hymne d’exultation, glorifiant celui qui les aura ressuscités d’entre les morts et gratifiés de l’éternelle vie? Car si déjà de simples arrhes, en enveloppant l’homme de toutes parts en elles-mêmes, le font s’écrier : « Abba, Père », que ne fera pas la grâce entière de l’Esprit, une fois donnée aux hommes par Dieu? Elle nous rendra semblable à lui et accomplira la volonté du Père, car elle fera l’homme à l’image et à la ressemblance de Dieu. [V, 8, 1 / p. 93-97]

Là où est l’Esprit du Père, là est l’homme vivant

Donc, sans l’Esprit de Dieu, la chair est morte, privée de vie, incapable d’hériter du royaume de Dieu : le sang est étranger à la raison, pareil à une eau que l’on aurait répandue à terre. C’est pourquoi l’Apôtre dit : « Tel a été l’homme terrestre, tels sont aussi les hommes terrestres. » Mais, là où est l’Esprit du Père, là est l’homme vivant : le sang, animé par la raison, est gardé par Dieu en vue de la vengeance; la chair, possédée en héritage par l’Esprit, oublie ce qu’elle est, pour acquérir la qualité de l’Esprit et devenir conforme au Verbe de Dieu. C’est pourquoi l’Apôtre dit : « Tout comme nous avons porté l’image de ce qui est terrestre, portons aussi l’image de ce qui est céleste. » Quel est ce terrestre? L’ouvrage modelé. Et quel est ce « céleste »? L’Esprit. De même donc, veut-il dire, que, privés de l’Esprit céleste, nous avons vécu autrefois dans la vétusté de la chair, en désobéissant à Dieu, de même, maintenant que nous avons l’Esprit, « marchons dans une nouveauté de vie », en obéissant à Dieu. Ainsi donc, parce que nous ne pouvons être sauvés sans l’Esprit de Dieu, l’Apôtre veut nous exhorter à conserver cet Esprit de Dieu par la foi et par une vie chaste, de peur que, faute d’avoir part à ce divin Esprit, nous ne perdions le royaume des cieux : voilà pourquoi il proclame que la chair à elle seule, avec le sang, ne peut hériter du royaume de Dieu. (V, 9, 3 / p. 113-117)

La greffe de l’Esprit qui est la sève de l’olivier franc – Retour au paradis ou à la vraie nature

Il parle ainsi de peur que, en complaisant à la chair, nous ne rejetions pas la greffe de l’Esprit : car « alors que tu n’étais, dit-il, qu’un olivier sauvage, tu as été enté sur un olivier franc et rendu participant à la sève de cet olivier ». Si donc un olivier sauvage, après avoir été enté sur un olivier franc, demeure ce qu’il était auparavant, à savoir un olivier sauvage, « il est coupé et jeté au feu »; si, au contraire, il garde sa greffe et se transforme en olivier franc, il devient un olivier fertile, ayant été planté dans le jardin du roi. Ainsi va-t-il des hommes : si, par la foi, ils progressent vers le meilleur, reçoivent l’Esprit de Dieu et produisent les fruits de celui-ci, ils seront spirituels, ayant été comme plantés dans le jardin (le paradis) de Dieu; mais s’ils rejettent l’Esprit, on dira à juste titre à leur sujet que « la chair et le sang n’hériteront pas du royaume de Dieu » … par contre, si cet olivier sauvage est entouré de soins et enté sur olivier franc, il reviendra à la fertilité primitive de sa nature… si ces hommes, stériles en fruits de justice et comme étouffés par les broussailles, sont entourés de soins et reçoivent en guise de greffe la parole de Dieu, ils reviennent à la nature primitive de l’homme, celle qui fut créée à l’image et à la ressemblance de Dieu (V, 10, 1 / p. 123-127)

Patristique

Les autres thèmes