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Nos misères, des pages d’Évangile

Imprimer Par Denis Gagnon

À travers les siècles, des êtres humains – nombreux, pour ne pas dire: tous les êtres humains – ont cherché et cherchent encore le visage de Dieu. Mais personne ne l’a jamais vu. On a même cru longtemps que l’on pourrait mourir si on arrivait à voir le visage de Dieu. On a beaucoup parlé de lui, cependant. On a beaucoup scruté l’histoire et les événements pour détecter des traces de la présence de Dieu, des signes, des interventions comme autant de messages de sa part, comme autant d’indices de son attitude à notre égard.

Dans la tradition biblique, on a vu l’amour en Dieu. Plusieurs psaumes le décrivent en disant: «Le Seigneur est bienveillant et miséricordieux, lent à la colère et d’une grande fidélité.» (Psaumes 103; 111; 112; 145) L’amour de Dieu pour son peuple revient constamment dans les discours des prophètes.

Parmi eux, le prophète Osée a des accents tout particuliers quand il parle de Dieu. Cet homme a vécu une expérience pénible. Sa femme l’a trompé constamment au cours de leur vie de couple. Et Osée a vécu cette épreuve en même temps qu’il a perçu l’épreuve que Dieu pouvait vivre en subissant l’infidélité d’Israël. Osée a compris jusque dans son coeur et dans sa chair que Dieu cherchait l’humanité comme un amoureux cherche la femme de sa vie.

Osée a reconnu en Dieu une passion tellement grande que Dieu était prêt à tout pour séduire son peuple et reconquérir son amour. Le prophète fait dire à Dieu: «Votre amour est fugitif comme la brume du matin, comme la rosée qui s’évapore à la première heure. Je vous ai frappé par mes prophètes, je vous ai massacrés par les paroles de ma bouche.» (6, 4-5) Ces paroles nous semblent dures. Elles pourraient être des paroles de haine. Mais Osée les entend comme la supplication extrême d’un coeur qui est prêt à tout pour reconquérir l’amour de sa vie. Dieu est prêt à tout pardonner, même le mal le plus grand. Dieu est prêt à guérir son peuple de tout son péché pour renouer avec lui une alliance nouvelle et éternelle.

C’est dans la personne du Christ que nous avons reconnu l’infini de la miséricorde de Dieu. Dieu ne s’est pas contenté de crier de loin. Il a partagé notre vie. Il s’est fait tout proche. Les prophètes disent: «Comme l’amour d’un père pour ses enfants…» Comme la mère au chevet de son enfant malade… Jésus affirme: «Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades…. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs.» Matthieu 9, 12-13)

Et les pécheurs ont entendu l’appel. Jésus a simplement dit à Matthieu, le publicain: «Suis-moi» (Matthieu 9, 9). Deux petits mots de rien, mais des mots lourds de tous les appels amoureux de Dieu à travers les siècles. Deux petits mots de rien, mais la miséricorde qui guérit et qui transforme les coeurs les plus asséchés qui puissent exister.

Les pécheurs sont mieux placés que les gens parfaits pour comprendre l’amour de Dieu. Charles Péguy disait: «Les honnêtes gens ne mouillent pas à la grâce». Ils ont tout. Ils sont complets. Ils ne souffrent pas d’une carence intérieure. Ils n’ont donc pas besoin des autres ni de Dieu. Les pécheurs, quand ils sont conscients de leur péché, quand ils souffrent de leur blessure, peuvent entendre l’appel de Dieu. Dans les évangiles, c’est toujours dans leur zone de pauvreté que les gens sont atteints par Jésus.

Nos misères, nos pauvretés sont des pages d’Évangile. Le Christ y écrit ses appels. Il y transcrit les déclarations d’amour que Dieu ne cesse de laisser jaillir de son coeur miséricordieux et bienveillant.

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