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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

16e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

Une vertu Chrétienne

Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » Puis, s’adressant à la foule : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. » Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : ‘Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.’ Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’ Mais Dieu lui dit : ‘Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ?’ Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

 

Commentaire :
Dans la cueillette de ses informations concernant les débuts de la primitive Église et les difficultés éprouvées par les nouveaux adeptes de la Voie, Luc ne pouvait ignorer l’une des qualités maîtresses de ces premiers chrétiens : la simplicité, la mise en commun, la pauvreté, le partage. Telles étaient les principales caractéristiques de l’Église des Apôtre (Ac.2.43-47)) : « Le groupe des croyants était parfaitement uni de coeur et d’esprit. Aucun d’eux ne disait que ses biens étaient à lui seul, mais, entre eux, tout ce qu’ils avaient était propriété commune. » (Ac. 4.32).

Dans sa relation historique des événements concernant l’Église primitive, Luc a retenu comme exemple la malhonnêteté d’Ananie et de Saphire. Suite à la vente d’un terrain qui leur appartenait, ils gardèrent l’argent. Et l’apôtre Pierre censura sévèrement pareille conduite: « Comment as-tu donc pu décider en toi-même de commettre une telle action. Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu ». Entendant ces paroles, Ananias tomba raide mort (Ac. 5. 4). Le leçon va inspirer la péricope, l’exemple symbolique rapporté par Luc dans son évangile : la parabole du riche insensé.

Dans son souci de purifier sa jeune Église et de lui donner des traits semblables aux premières communautés chrétiennes, Luc insiste sur le nécessaire détachement, la confiance en Dieu et l’espoir des biens futurs. Ce chapitre 12e est on ne peut plus opportun pour notre temps, alors que ne cesse de se creuser le fossé entre les riches et les pauvres à cause du néo-libéralisme.
Luc dans l’esprit de son Paul, son maître à penser, ne condamne point la richesse comme telle, mais l’usage et l’obsession que certains peuvent en avoir. Il ne dénonce pas ici le luxe effréné que celle-ci engendre, mais le détournement d’attention aux autres. En référence à l’épisode de Lazare et de cet autre riche (16.20), présence ignorée malgré la persistante du pauvre à sa porte. Luc dénonce ici celui qui ne pense qu’à amasser, agrandir ses réserves. « Malheur à toi, cette nuit même tu cesseras de vivre !»

On ne pouvait trouver de prélude mieux choisi pour parler de la confiance en Dieu et de l’utilisation de tout ce que la Providence peut avoir mis à notre portée pour vivre. Luc insiste beaucoup dans son évangile sur la pauvreté, le détachement. Et comme Paul le rappelait aux Corinthiens appelés au secours des pauvres de Jérusalem : « Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne pour soulager les autres, mais il faut qu’il y ait l’égalité. Ce n’est pas un ordre que je vous donne… Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui était riche, il s’est fait pauvre pour vous, afin de vous enrichir par sa pauvreté. » (2 Co. 8.8+)

La pauvreté, appelez cela simplicité volontaire que vivent de plus en plus de chrétiens : savoir se contenter du nécessaire, sans amasser « en tout cas », est un vertu « christienne ». Les uns l’ignorent totalement, les autres la poursuivent dans un esprit de solidarité avec le Tiers-monde. Cette parabole pourrait s’appliquer autant au spirituel qu’au plan matériel.

Signe des temps, beaucoup de jeunes semblent quelque peu intéressés par ce partage, caractéristique de l’Église primitive. .

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