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Christ notre Résurrection (Oraison XIII)

Imprimer Par Sainte Catherine de Sienne

Catherine Benincasa naquit dans une famille de teinturiers. Elle se consacra très jeune à Dieu. À l’âge de quinze ans, elle entra chez les sœurs de la Pénitence de saint Dominique (tiers ordre). Auteur mystique (le Dialogue, les Oraisons), elle intervint publiquement dans la vie de l’Église en demandant au pape Grégoire XI de quitter Avignon pour Rome, puis en luttant pour mettre fin au grand schisme d’occident. Elle fut proclamée docteur de l’Église en 1970 et co-patronne de l’Europe en 1999.

Ô résurrection nôtre, ô résurrection nôtre, ô haute et éternelle Trinité, arrache mon âme. Ô rédempteur et résurrection nôtre, ô Trinité éternelle ô feu qui continuel­lement brûle, qui jamais ne t’éteins, ni défailles, qui ne peux diminuer, même quand le monde entier prendrait ton feu ! Ô lumière qui donnes lumières et dans ta lumière nous voyons ! Dans ta lumière je vois, et sans elle je ne peux voir parce que tu es celui qui est et je suis celle qui n’est pas.

Dans ta lumière même je connais ma nécessité, et la nécessité de ton Église et du monde entier ; et parce que dans la lumière je connais, je te demande ceci : arrache mon âme pour le salut du monde entier. Non que je puisse produire aucun fruit par moi-même mais par la vertu de ta charité qui opère tous les biens. Ainsi en l’abîme de ta charité, l’âme opère le salut en elle et l’utilité dans le prochain, comme ta Déité, haute et éternelle Trinité, s’est réalisée en notre humanité, c’est-à-dire par l’instrument de notre humanité, laquelle avec une opération finie a opéré pour nous, au milieu de notre humanité, une utilité infinie, non en vertu de l’humanité mais de ta divinité. En cette vertu, ô Trinité éternelle, on voit être créées toutes les choses qui ont l’être, et toute vertu, spirituelle et temporelle qui existe dans l’homme, sort de toi. Il est vrai que tu as voulu que l’homme se fatigue en elles avec son libre arbitre.

Ô Trinité éternelle, ô Trinité éternelle, dans ta lumière on connaît que tu es ce suprême et éternel jardin qui en toi renferme les fleurs et les fruits, parce que tu es plein de gloire qui te rends gloire à toi-même, tu rends le fruit à toi-même ; tu ne peux le recevoir d’aucun autre, parce que si tu pouvais le recevoir de quelqu’un d’autre cela signifierait que tu ne serais pas Dieu éternel et tout-puissant, car celui qui te rendrait cela apparaîtrait comme ne procédant pas de toi. Mais, comme il est dit, tu es gloire et fruit à toi-même, et les fruits que te rend ta créature viennent de toi, et de toi elle reçoit de pouvoir rendre.

Dans le jardin de ton sein était enfermé l’homme, ô Père éternel, tu l’as tiré de ton esprit comme une fleur distinguée par trois puissances de l’âme et en chacune tu as planté l’arbre afin qu’elles puissent fructifier en ton jardin, retournant à toi avec le fruit que tu lui as donné. Et toi tu retournais dans l’âme l’emplissant de ta béatitude en laquelle l’âme se trouve comme le poisson dans la mer, et la mer dans le poisson. Tu lui as donné la mémoire pour qu’elle puisse retenir tes bienfaits afin que cela produise la fleur de gloire à ton nom et un fruit d’utilité pour elle. Tu lui as donné aussi l’intelligence pour qu’elle connaisse ta vérité et ta volonté, cette volonté qui ne cherche que notre sanctification, afin qu’elle germe fleur de gloire et puis fruit de vertu. Et tu lui as donné la volonté pour qu’elle puisse aimer ce qu’a vu l’intelligence et ce qu’a retenu la mémoire.

Et si je te regarde, Lumière, ô Trinité éternelle, l’homme a perdu cette fleur, c’est-à-dire la grâce, par la faute commise, parce qu’il n’était pas apte et ne pouvait te rendre gloire de la façon et pour la fin à laquelle tu l’avais créé. Alors par ta faute tu n’entrais pas à ta gloire de la façon qu’avait ordonnée ta Vérité ; ton jardin était fermé, pour cette raison nous ne pouvions recevoir tes fruits. Alors tu as fait portier le Verbe, c’est-à-dire ton unique, auquel tu as donné la clef de la déité et l’humanité fut ta main; et tu les as unies ensemble pour qu’elles ouvrent la porte de ta grâce, parce que la déité ne pouvait ouvrir sans l’humanité – l’humanité qui avait fermé par le péché du premier homme – ni la simple humanité ne pouvait ouvrir sans la déité, parce que son opération aurait été finie et l’offense était commise contre le Bien infini, et aussitôt de la faute devait sortir la peine, d’où aucun autre moyen n’était suffisant.

Ô doux portier, ô humble agneau, c’est toi ce jardinier qui, ayant ouvert les portes du jardin céleste, c’est-à-dire du paradis, nous offre les fleurs et les fruits de la Déité éternelle. Et maintenant je connais avec certitude que tu as dit la vérité quand, sous l’aspect d’un voyageur appa­raissant sur la route à deux de tes disciples, tu as dit qu’il fallait que le Christ souffre et que par la voie de la croix il entre dans sa gloire, en leur montrant qu’ainsi avait été prophétisé par Moïse, Élie, David et les autres qui avaient prophétisé à ton sujet. Et tu leur éclairais les écritures, mais ils ne te comprenaient pas parce que leur intelligence était obscurcie, mais toi-même tu te comprenais. Quelle était ta gloire, ô doux et amoureux Verbe? C’était toi-même et pour que tu entres en toi-même, il fallait que tu souffres.

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