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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

32e Dimanche du temps ordinaire. Année B.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

De quoi vivre

Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait la foule déposer de l’argent dans le tronc. Beaucoup de gens riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et déposa deux piécettes. Jésus s’adressa à ses disciples : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Commentaire :
Cette page d’évangile fait l’impression d’un prélude aux quêtes et mouvements de sollicitation qui nous connaîtrons d’ici Noël. Il n’en manquera pas, faut-il le rappeler ? Nous pourrions facilement étendre la durée de ce temps d’aumônes quémandées jusqu’à Pâques. Les mois qui vont suivre ont chacun un signe du zodiaque sur lequel se penche tous les voyants et voyantes et les êtres soucieux d’appuyer leurs décisions sur l’horoscope. Le cœur humain ne pourrait n’en distinguer qu’un seul : la main tendue. Saint-Vincent-de-Paul, Armée du salut, Radio Canada et autres seront au rendez-vous. Tous les milieux, les espaces urbains, les devantures de grands magasins sans oublier nos temples et lieux de prières deviendront lieux de sollicitations. La générosité de tous les donneurs ne sera pas mise en question, l’offrande se fera dans un climat de joie et de chaleur humaine.

Il est presque providentiel, dans les secrets de l’Esprit que cette page d’évangile trouve place en ce jour. Pouvait-on trouver mieux, temps plus opportun que de la proclamer en cet avant-dernier dimanche de l’année liturgique ? Ne pourrait-elle pas donner le ton à l’engagement que tout au long de cette année nous avons tenté de motiver, de préciser et demander la grâce. Relisant les prophètes avant le Christ (Is.1,10-18 ; Amos 5,21+), la vraie religion était celle de la générosité, de la démesure au détriment des fastes liturgiques dont nos célébrations liturgiques n’hésiteront pas à se parer sous le sceau même de la démesure? Décorations sans retenue, chants préparés jusqu’à épuisement ; or, encens et myrrhe confinés à l’échelle de nos églises davantage que celle d’un tiers-monde monde pauvre et indigent, sans qualité de vie humaine.

« Elle a pris sur son indigence, elle a tout donné, la pauvre veuve, ce qu’elle avait pour vivre. Les autres ont pris sur leur superflu »… Cette réflexion du Seigneur, c’est face à la Salle du Trésor, au Temple, qu’elle a été faite. Les Juifs avaient une telle vénération pour leur Temple incomparable. Jésus lui-même s’était un jour extasié sans toutefois retenir l’inoubliable conclusion : « De toutes ces pierres, il n’en resta pas pierre sur pierre ». Pour nous-mêmes, en ce temps de débâcle religieuse, l’avenir de nos églises nous préoccupent apparemment plus que celle des deux tiers de l’humanité qui vit sous le seuil de la pauvreté, en des conditions de vie inhumaine, entassé en des camps de réfugiés à perte de vue ou en des taudis qui bordent à l’infini nos banlieux et dont on ne sait que faire à l’approche de célébration mondiale comme les Jeux Olympiques.

Cette réflexion du divin Maître doit retenir notre pensée, et devenir le commentaire le plus éloquent des cette évangile. De quoi est-ce que je me priverais pour que d’autres aient de quoi vivre?

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