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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

28e Dimanche du temps ordinaire. Année B.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

Le transitoire

Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. » L’homme répondit : « Maître, j’ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse. » Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. » Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. Alors Jésus regarde tout autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprend : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et répond : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »

Commentaire :

Cette page de Marc est le résultat d’un travail littéraire mené à partir de données anciennes, puis regroupées dans le cadre d’un entretien de Jésus avec ses intimes. L’objectif principal porte sur le renoncement aux biens et aux attaches terrestres. Cette page a plutôt l’air d’une catéchèse rédigée au sein et pour la communauté chrétienne. Marc rassemblant ici quelques enseignements de Jésus veut rappeler à ses frères et soeurs la contingence et la relativité de tout ce qui appartient à la condition terrestre. Suivre Jésus, c’est dépasser les frontières de ce monde transitoire, même au prix de très grands sacrifices. Pour cette leçon, l’évangéliste utilise l’exemple de l’homme bien nanti mais aux aspirations généreuses et rassemble quelques réflexions tombées de la bouche de son Maître.

Il s’agit donc d’un entretien de Jésus avec ses disciples. Objectivée sur le dangers des richesses, la leçon porte sur la vie éternelle qui sert d»’»encadrement du récit (17 et 30)

Un homme tombe à genoux. Ainsi débute l’histoire de Marc. Jésus allait se mettre en route, un inconnu se présente. Jésus ne lui demande de la suivre, c’est l’homme qui s’adresse à Lui. « Bon Maître., que faire ? » L’homme a reconnu en Jésus un excellent rabbi qu’il qualifie de « Bon ». Et Jésus de le reprendre : « Dieu seul est bon ». Ce qualificatif « bon » semble être mis ici en exorde au rappel des commandements, don suprême et révélation suréminente de Dieu. « Il n’y a rien de bon hormis la Loi, car c’est une bonne doctrine que je vous ai donnée. Ma Loi, ne l’abandonne pas » (Sent. des Pères).L’accomplissent de ces préceptes concernent tous les devoirs envers le prochain, Jésus mettant au même rang les préceptes de l’amour de Dieu et du prochain. Garanti, selon une formule classique du judaïsme et reprise dans le N.T. ( Mt.5,5 ; 25.34 ; Ga. 5,21, 1 Co. 6,9-10) de la vie éternelle en héritage.

N’oublions point que, adressé aux lecteurs chrétiens de l’évangile, cet épisode du riche se déroule dans le cadre du judaïsme. Un Juif interroge Jésus. Emprunté à la seconde table du Décalogue (Dt. 24,14), tous les devoirs énumérés ici concernent le prochain. L’homme professe sa fidélité : « J’ai observé ces commandements depuis ma jeunesse ».

Tout porterait à clore ici le récit, mais le dialogue rebondit. Avec le regard d’affection posé par Jésus sur l’interlocuteur, le récit prend un tournant solennel. « Une seule chose te manque ». Lequel d’entre nous ne peut se sentir personnellement interpellé par cette lacune insoupçonnée et l’appel à la pauvreté qui va suivre : « Vends tout ce que tu as»… Suivre Jésus, résumé de l’ensemble de l’évangile, écho de l’expérience des premiers disciples, comporte un certain dépouillement, une mise en commun (Ac. 2.42) : « Nous avons tout quitté pour te suivre », réplique Pierre N’allons pas ici faire un lien entre le refus de pareille exigence et la perte de l’héritage céleste. La fuite d’une pauvreté volontaire ne fait pas de nous d’éventuels damnés. Le lot du riche qui refuse l’opération imposée et prend congé de Jésus sera la tristesse. L’enjeu est grave rappelle l’évangéliste à ses auditeurs, il importe de secouer ses demies mesures, toutes sortes de tiédeurs.

Suit alors une conversation de Jésus avec ses disciples sur la question. : la difficulté pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. (23,25) La sentence du chameau et de l’aiguille s’apparente à la porte étroite. (Lc. 13,24 ; Mt. 7,13-14) Suivent l’effroi des disciples et l’enseignement réconfortant qui l’accompagne. « Mais alors qui peut être sauvé ? ». Parodiant la réponse divine à Abraham (Gn.18.14), Jésus de répondre : « Pour les hommes c’est impossible, mais pour Dieu, tout est possible. » Réminiscence non moins opportune de la parole de l’ange à Marie. (Lc. 1.37)

L’évangile et la « sequela Christ » n’ont d’autre ambition que d’entraîner vers les sommets, quels que soient les sacrifices à accomplir.

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