Après le long hiver, nous attendions au Québec le souffle du printemps. Voici qu’il est venu, réconfortant, magique, prometteur. Il a le secret des grands changements. Il provoque partout reprise et relance. La belle et merveilleuse saison peut commencer !
Après le dur hiver de souffrance et de mort, c’est le printemps du monde, quand le Christ sort du tombeau. Tout s’imprègne de l’air nouveau qu’il apporte. Nous pouvons puiser nous aussi à la source offerte. Nous laisser entraîner par la Vie. L’Esprit de Pâques recrée. Il ouvre un chantier de paix qui renoue la fraternité. Il appelle à la joie, à la vie pleine. Il nous convie à la table du partage; il nous pousse à bâtir du neuf, à tisser des liens chaleureux et sauveurs entre nous. Il nous presse d’ouvrir partout des avenues de tendresse, de justice et de miséricorde. Pour qu’elles soient guéries, nos vieilles blessures. Et pour que fleurisse chez nous le pardon, l’amour vrai.
Si nous regardons bien nos vies avec les aventures et les problèmes qu’elles connaissent, nous prenons conscience d’un enlisement inéluctable dans les conflits, les impasses et les ruptures, les offenses de toutes sortes et les blessures que nous nous infligeons les uns aux autres. Nous traînons chacun, chacune un gros bagage de fautes et de faiblesses. Et nous ne savons pas comment nous en sortir. C’est comme si le mal et la souffrance avaient toujours le dernier mot, quand progressivement ils nous entraînent vers la mort sans que nous ne puissions rien faire sinon retarder l’échéance. Or, au soir de Pâques le Christ vient annoncer une guérison possible. Il souffle l’Esprit de paix et de pardon sur la communauté nouvelle des disciples rassemblés. Il nous communique une sorte de souffle créateur pour un monde nouveau à bâtir. Il nous donne pouvoir sur le mal et le péché. La mission chrétienne est lancée, qui est une mission de miséricorde et de paix et d’espérance, pour qu’advienne et grandisse le monde nouveau de la grâce et du salut.
Je me souviens d’une visite à Léon, en Espagne, par un bel après-midi de printemps. J’étais entré dans l’immense cathédrale gothique au cœur de la vieille ville. Le long des larges vitraux, aux couleurs flamboyantes, par d’innombrables petites fissures, le grand vent de Castille s’infiltrait. Avec force une joyeuse mélodie résonnait en écho dans les voûtes profondes. Ainsi Pâques fait chanter nos vies au souffle de l’Esprit ?
Jacques Marcotte, OP