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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

4e Dimanche de l’Avent. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre, o.p.

Invitation à la joie

Le messager l’a quittée. À ce moment, Marie s’est mise en route pour une ville de Juda, dans la montagne. Elle est entrée dans la maison de Zacharie. Elle a salué Élisabeth. Et voici ce qui est arrivé quand Élisabeth a entendu la voix de Marie : l’enfant a bondi dans son ventre. Élisabeth a été remplie du souffle saint. D’une voix très forte, elle a dit : Bénie parmi les femmes ! Béni ce que ton ventre porte ! Comment se fait-il que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Lorsque tu as salué et que mes oreilles ont entendu ta voix, l’enfant a bondi dans mon ventre. Bonheur pour celle qui a cru que se réaliserait ce qui lui a été dit de la part du Seigneur !

Commentaire :

Où l’évangéliste Luc a-t-il puisé ses sources pour rédiger les « évangiles de l’enfance » ? De Marie elle-même ou d’autres témoins ? Qui saurait jamais le dire ? Son évangile a vraisemblablement été écrit près de quatre-vingt ans après les événements. Quelles qu’en soient les sources, Luc a placé ces récits de l’enfance en tête de son livre écrit avec soin et honnêteté après s’être soigneusement informé et, les reprenant à son compte, il les coule dans sa propre vision de l’histoire du salut. Nous proclamons en effet, ce troisième dimanche de l’Avent, l’évangile, la Bonne Nouvelle de Jésus Christ selon l’évangéliste saint Luc. Sa propre vision de l’histoire du salut éclairera à la fois son évangile et les Actes des Apôtres dont il est également l’auteur et on y retrouvera les grands centres d’intérêt de sa pensée : accueil du salut dans la foi, présence rayonnante du Sauveur, effusion de l’Esprit, manifestations de la miséricorde divine, privilège des petits, des humbles, des femmes, et climat de joie et d’émerveillement. Pour ce faire, Luc a privilégié ici quelques faits qu’il raconte en parallèle : les annonciations à Zacharie et à Marie, les naissances de Jean-Baptiste et de Jésus, toujours avec cette préoccupation de mettre davantage en relief l’apport de Jésus comparé à celui de Jean, sommet de l’Ancien Testament. Dans ce récit de la Visitation, Luc veut nous inviter à partager la joie des deux femmes et souligner la communion d’âme et de cœur entre les deux mères et l’incomparable supériorité de Marie. Le passage comporte deux parties : l’événement et l’éloge d’Élisabeth.

RENCONTRE

En ces jours-là, docile et sure de la Parole de Dieu, Marie se met en route avec ferveur et zèle vers la montagne, une ville, nous dirions village de Juda, demeure d’Élisabeth. On ne peut manquer de souligner ici le sens critique de l’écrivain sacré et son souci de l’histoire. À la voix de Marie qui de loin salue sans vielle cousine, Élisabeth est remplie de grâces et l’enfant qu’elle porte tressaille en son sein. Remplie de l’Esprit Saint, elle pousse un grand cri et fait l’éloge prophétique de sa jeune cousine. Quelques mots simples et nous voilà introduits discrètement au cœur même de l’événement tel que vécu par Marie et sa cousine Élisabeth. Quel art chez l’écrivain Luc !

ÉLOGE

La composition de cet éloge est de Luc, même si les mots sont empruntés à l’Ancien Testament.. Il serait difficile d’admettre qu’Élisabeth, même inspirée par l’Esprit Saint, ait pu savoir ou simplement intuitionner le mystère de grâce dont Marie était porteuse. Ces propos élogieux traduisent incontestablement une réflexion chrétienne déjà élaborée. Trois phrases constituent l’éloge : la bénédiction dans le style de l’Ancien testament, l’événement dont la vieille femme est le lieu privilégié, et l’éloge de la foi de Marie. Le tout sous le sceau de la joie.

JOIE

Le thème de la joie est l’un des préférés de Luc. Tout l’évangile de l’enfance est ponctué d’expressions décrivant ce climat de joie ( 1 : 14, 28, 41-42, 44, 47-55, 58 ; 2 : 10, 13 +) L’expression par excellence de cette joie demeure la bénédiction : heureuse celle qui a cru, heureuse entre toutes les femmes ! Jésus aura pour sa mère la même qualité d’éloge : « Bienheureuse plus encore celle qui écoute la parole de Dieu et la met en pratique » (8 : 21 et 11 : 28). La vraie parenté du Christ est constituée de ceux et celles qui adhèrent à la Parole divine. Cet événement de la Visitation s’adresse à chacun de nous pour stimuler notre foi. L’événement narré ce dimanche de l’Avent veut nous associer à la Marie et à son attente du Christ dans la foi.

La joie accompagne toujours l’œuvre de Dieu : en sommes-nous convaincus. Cette joie n’a rien de commun avec le rire ou quelque enthousiasme facile ; elle s’enracine dans la confiance et s’épanouit dans la fidélité. C’est de la possession de Dieu que naît la vraie joie. Elle est un don du Christ, elle naît de notre union personnelle au Fils qui la désire pour nous et la demande au Père. (Jn. 14 : 28 ; 15 : 11 ; 16 : 24 ; 17 : 13) Reprenons ici la prière de Jésus sous l’action de l’Esprit Saint : « Je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l’avoir révélé aux petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir » (10 : 21). Faut-il s’étonner que l’évangile de Luc soit émaillé de cette joie : joie de la foule à la vue des miracles, joie de Zachée à la visite de Jésus. Le tout se terminera dans la joie des disciples de retrouver leur Maître. Bien qu’elle doive passer par les tribulations, c’est dans les épreuves que les apôtres devront trouver leur joie : « Votre tristesse se changera en joie » ( Mt. 5 :12)

L’apôtre Paul, le maître à penser de Luc, lançait l’invitation, source d’inspiration pour notre célébration : « Soyez joyeux, je vous le redis : soyez toujours joyeux ! » (1 Th. 5 : 16)

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