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Méditation chrétienne

Homélie sur la sainte et salutaire Pâque

Imprimer Par Grégoire de Nysse

Père de l’Église grecque né à Césarée de Cappadoce, frère de saint Basile et évêque de Nysse. Il lutta contre l’arianisme ; ses ouvres de spiritualité en font un grand théologien mystique.

Signification du sabbat

1.Le vrai repos du sabbat, que Dieu a béni et durant lequel le Seigneur s’est reposé après avoir accompli sa tâche quand il s’est plongé, pour le salut du monde, dans l’inertie de la mort, touche déjà à son terme. Ce jour a révélé sa grâce particulière à nos yeux, à nos oreilles, à notre cour, car c’est de toutes ces manières que la fête s’est déroulée pour nous : nous avons vu, nous avons entendu, nous avons reçu la joie en notre cour. Nos yeux pouvaient contempler la lumière visible que les torches nous apportaient en procession dans la nuit en une nuée de feu ; toute la nuit l’écho de psaumes, d’hymnes et de chants spirituels frappait nos oreilles, il s’écoulait par elles vers notre âme comme un fleuve de joie et nous a remplis de bonne espérance; notre cour, lui, réjoui par ces textes et ce spectacle, recevait l’empreinte de la béatitude indicible, conduit vers l’invisible par ce qu ‘il pouvait voir. De la sorte, ces biens que l’oil n’a pas vus et que l’oreille n’a pas entendus, et qui ne sont pas montés au cour de l’homme (cf. 1Co 2,9) se trouvaient reflétés par les biens de ce jour de repos, garantissant, par eux-mêmes, l’espérance ineffable en ceux qui nous sont réservés.

Puisque cette nuit lumineuse a mêlé l’éclat des torches aux rayons matinaux du soleil et a ainsi fait un jour unique et continu, ininterrompu par l’interposition des ténèbres, considérons, mes frères, la prophétie qui dit : Voici le jour qu’a fait le Seigneur (cf. Ps 117,24). Agir n’est en ce jour ni pesant ni difficile, mais est plaisir, joie, jubilation. L’écriture proclame ainsi : En lui jubilons, soyons heureux (Ps 117,24). Quels beaux commandements ! Quelles douces lois ! Qui peut tarder à obéir à de tels ordres ? Qui ne voir pas non plus comme un tort le plus petit retard dans ces commandements ? Notre tâche est joie et le commandement est jubilation : de la sorte est abolie la sentence qui nous condamne pour notre péché, et les peines se métamorphosent en plaisir.

La victoire de la vie

2. Voici le précepte de la sagesse : Au jour du bonheur on oublie le malheur (Si 11,25). Ce jour fait oublier la première sentence prononcée contre nous, mieux, il l’annule, non content de la faire oublier. Il a effacé absolument toute trace du jugement nous condamnant. Alors l’enfantement se passait dans la douleur; maintenant la mise au monde est sans souffrance. Alors nous étions chair, nés d’une chair : maintenant ce qui naît est esprit, né de l’esprit. Alors nous étions fils d’hommes; maintenant nous sommes nés enfants de Dieu. Alors nous avons été chassées des cieux vers la terre; maintenant celui qui règne dans les cieux fait de nous aussi des êtres célestes. Alors, à cause du péché, la mort régnait; maintenant, à travers la vie, la justice reprend le pouvoir. Alors un seul a ouvert les portes de la mort; maintenant aussi, par un seul, celle-ci laisse la place à la vie.

Alors nous avons perdu la vie à cause de la mort; maintenant la vie a aboli la mort. Alors la honte nous a poussés à nous cacher sous le figuier; maintenant la gloire nous permet de nous approcher de l’arbre de vie. Alors nous avons été chassés du paradis pour avoir désobéi; maintenant notre foi nous place à l’intérieur de ce paradis. De nouveau le fruit de la vie est là, pour notre bonheur, à notre portée. De nouveau la source du paradis, qui se divise en quatre selon les fleuves des évangiles, abreuve toute la personne de l’Église : de la sorte, les sillons de notre âme, qu’a ouverts la charrue de l’enseignement celui qui sème la Parole, connaîtront aussi cette ivresse et les produits de la vertu se multiplieront.

Que convient-il donc de faire encore dans ces circonstances ? Quoi d’autre que d’imiter les montagnes du prophète et les collines en bondissant ? Les montagnes bondirent comme des béliers, les collines comme des agneaux (Ps 113,4). Allons donc, réjouissons-nous dans le Seigneur qui a ravi la puissance de l’ennemi et qui a élevé le grand trophée de la croix pour notre salut, par la chute de l’adversaire. Poussons des cris de guerre. Ces cris sont des chants de victoire, entonnés par les vainqueurs contre les vaincus.

Prière finale

Puisque l’ennemi et sa ligne de bataille ont été renversés, puisque le chef de la mauvaise armée des démons disparaît, aboli et désormais anéanti, disons que le Seigneur est un grand Dieu et un grand roi sur toute la terre (cf. Ps 94,3 et 46,3), lui qui bénit la couronne de l’année de ses biens (cf. Ps 64,12) et qui nous a rassemblés en ce chour spirituel, en Christ Jésus notre Seigneur. Gloire à lui pour les siècles, amen.

Grégoire de Nysse (335-394)

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