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Jacques Arnould. Dieu, le singe et le big bang

Imprimer Par Sophie Tremblay

ArnouldC’est à un débat encore brûlant, passionné et passionnant, que Jacques Arnould consacre son ouvrage Dieu, le singe et le big bang. Ce dominicain français de 39 ans cumule les titres d’ingénieur agronome, de docteur en histoire des sciences et de docteur en théologie.

En cherchant à rendre compte de l’espérance qui l’anime, Arnould met les croyants au défi de prendre au sérieux la vision évolutionniste de l’univers et du vivant.

L’idée d’évolution pose la question troublante de l’existence ou de l’inexistence d’un sens, d’une finalité, d’un déterminisme. Or, la science se donne pour principe d’éliminer au départ toute considération de finalité, en raison du postulat d’objectivité. Toutefois, si les scientifiques évitent le sujet pour respecter leur méthode de travail, le commun des mortels s’en préoccupent plus que jamais. En témoignent les mythes modernes construits autour des données de la science qui circulent dans la culture.

Pour les croyants, la question du sens est inséparable de la question de Dieu. Toute compréhension de l’univers influence forcément la manière d’y situer l’humanité… et Dieu. Il n’est donc pas surprenant que les théories scientifiques viennent chatouiller, déranger et provoquer les croyants. Arnould insiste sur la nécessité de maintenir une stricte séparation entre la science et la théologie. Mais alors, à quelles conditions peut-on penser à nouveaux frais la foi en Dieu créateur? Les pièges et les fausses avenues forment un véritable labyrinthe, que Jacques Arnoud décrit sans complaisance.

Ainsi, les avancées scientifiques de Darwin et de ses successeurs posent un défi de taille aux croyants, celui de repenser leur foi au risque de l’évolution. Arnould affirme sans détour que la foi en Dieu créateur ne peut plus s’ériger sur la négation de la contingence, c’est-à-dire le hasard, la fragilité, la multiplicité quasi infinie des possibles. Dans l’atmosphère de fin de siècle que nous respirons, combien d’hommes et de femmes se sentent écrasés par la contingence et ressentent le besoin de se prouver que le hasard n’existe pas. La foi en un Dieu créateur peut-elle être autre chose que ce genre de béquille? Notre compréhension de l’univers ressemble de moins en moins au mouvement bien réglé d’une horloge. Que devient Dieu s’il perd son emploi de Grand Horloger? Et si la contingence était la trace de la liberté de Dieu… et le commencement de la nôtre?

Sophie Tremblay

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