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Vers la liberté et l’autonomie

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

Nos traditions du temps des fêtes ne seraient pas complètes sans les rencontres de famille. C’est le temps des visites et des réceptions. Nous fréquentons nos proches plus ou moins régulièrement durant l’année. Mais nous ne pourrions pas passer le temps de Noël sans nous permettre des soirées en leur compagnie. C’est l’occasion de nous délecter de la tourtière de grand-maman ou du sucre à la crème de tante Marguerite!

En ces circonstances, nous retrouvons des neveux et des nièces que nous ne voyons pas souvent. Des enfants qui grandissent et des adolescents qui se transforment d’année en année, et même de mois en mois. Rapidement, trop rapidement à notre goût. Leurs mutations nous rappellent que nous vieillissons nous aussi, même si les apparences ne le laissent pas voir aussi facilement.

Les jeunes changent. Leur personnalité se précise. Leurs goûts se définissent plus clairement. Ils deviennent plus autonomes. Ils prennent de la distance. Bien sûr, ils sont encore attachés à leurs parents. Ils aiment la famille. Ils prennent même le temps de s’informer de la santé du tonton qu’ils voient plisser d’une année à l’autre. Mais de plus en plus ils se forgent un univers bien à eux. Ils deviennent maîtres du domaine qu’ils arpentent jour après jour.

L’adolescence est l’étape cruciale des grandes ruptures, une époque importante dans la prise de distance. Au point de départ, les jeunes veulent surtout rompre avec la génération des adultes, ces plus ou moins croulants dépassés par la vie, comme ils le pensent parfois! Mais avec les années, la réaction contre les vieux laisse la place au désir d’être soi-même, de devenir ce que l’on est déjà dans l’univers intérieur et mystérieux qui habite chaque personne.

La période est difficile pour les adolescents. Elle l’est aussi pour les parents qui s’inquiètent de l’avenir, de l’issue de cette longue, trop longue période de crise. Papa et maman apprennent alors qu’ils ne peuvent garder leur progéniture sous leurs jupes. Les bons enfants comme les enfants difficiles doivent voler de leurs propres ailes. Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents. Ils ne sont que prêtés, dit-on. Ils partagent pleinement la vie familiale durant un certain nombre d’années. Puis ils partent construire à leur tour un lieu de passage pour leurs propres descendants. La famille ressemble à une gare, un lieu de transition, une salle de pas perdus. On y séjourne un certain temps avant d’aller ailleurs faire son propre nid.

Dans la Bible, que de parents ont compris cette réalité. Abraham a sans doute découvert la chose quand il crut que Dieu lui demandait le sacrifice de son Isaac (Genèse 22). Anne et Elcana ont fait une expérience semblable quand ils ont confié Samuel aux prêtres du temple (1 Samuel 1). Peut-être Marie et Joseph ont-ils vécu la même chose quand ils retrouvèrent leur Jésus dans le temple au milieu des docteurs. «Comment se fait-il que vous m’ayez cherché? Ne le saviez-vous pas? C’est chez mon Père que je dois être.» Que signifiait cette parole énigmatique? L’enfant annonçait-il ses origines divines? Ou simplement rappelait-il à sa mère qu’un enfant, c’est fait pour devenir une grande personne autonome?

Les parents aiment bien leurs enfants près d’eux. Ils jubilent quand ils sont entourés de leur petite famille. Mais leur plus grand bonheur, n’est-ce pas de voir leur fils ou leur fille devenir de plus en plus libres, capables d’assumer pleinement leur vie?

Dieu lui-même en fait une partie de son bonheur! Il est tout puissant, il est souverain et maître de l’univers. Mais il se réjouit en voyant ses enfants s’épanouir dans la liberté et l’autonomie.

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