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Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
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Comme s’ils voyaient l’invisible

Imprimer Par Yves Bériault, o.p.

A un moment ou l’autre de son existence, tout être humain prend conscience en lui d’un mouvement qui le porte à invoquer plus grand que lui, qui l’incite à se tourner vers un ailleurs. Cette recherche est alors vécue comme un élan, un quasi-réflexe qui fait s’écrier d’admiration devant la beauté ou supplier de toutes ses forces devant la menace et la peur. C’est là une forme bien primaire de la prière et, quand elle se manifeste, on n’a encore rien dit sur ce qui incite l’être humain à prier, sinon que l’on reconnaît en ce mouvement une quête spirituelle qui vise à élever le regard et à contempler ce qui se cache derrière la « réalité ». Il y a là une recherche d’un dieu inconnu, d’une force capable de changer notre destinée. Mais l’on n’a encore rien dit sur Dieu.

L’on affirme souvent des grand spirituels qu’ils prient comme s’ils voyaient l’invisible. Expérience qui semble hors de portée pour le commun des mortels. Pas évident de jeter un regard sur l’invisible ! Les chemins proposés pour y arriver semblent parfois tellement abruptes que plusieurs refusent de s’y engager. Comment alors nommer Dieu ? Comment se représenter l’Absolu ?

La foi chrétienne a ceci de particulier lorsqu’elle aborde la question de l’Absolu. Pour elle « l’Absolu s’est incarné et porte un visage, le visage de Jésus-Christ ! » (Jacques de Bourbon-Busset). C’est pourquoi l’expérience de prière que privilégie la spiritualité chrétienne en est une qui situe l’Homme au cour de la réalité humaine, là où l’évasion n’est plus possible, puisque c’est dans cette réalité que Dieu s’est manifesté en Jésus-Christ. Il s’y est même incarné !

L’Absolu, c’est un visage ! Cette révélation qui implique un acte de foi, invite à ne plus voir la réalité de la même manière car, pour la foi chrétienne, tout être humain porte en lui le reflet de la présence de Dieu à notre monde. Il devient un lieu où Dieu se dit et mérite d’être écouté et accueilli.

La prière devient alors un engagement de tout l’être qui, loin de détacher du monde, nous y insère au contraire dans ses replis les plus cachés. C’est alors que fraternité, prière et engagement ne sont plus qu’une seule et même action se complétant l’une l’autre. Puisse ce numéro de Spiritualité 2000 vous aider à ouvrir des espaces en vous pour cette prière qui n’est pas une fuite, mais qui est capable de transformer le monde et de nous faire voir l’Invisible. Ultimement, n’est-ce pas là le véritable but de la prière !

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