Du 24 au 30 juillet, le pape François se rend au Canada pour un « pèlerinage pénitentiel ». La première partie de son voyage sera notamment marquée par la rencontre des peuples autochtones. Il s’adressera à eux pour leur demander pardon notamment pour les maltraitances subies par les jeunes autochtones dans des pensionnats tenus par l’Église catholique entre 1830 et 1996.
Ce voyage devrait ainsi contribuer au processus de guérison et de réconciliation déjà entrepris par les évêques canadiens et par le pape lui-même : le 1er avril dernier, au Vatican, François avait présenté ses « excuses » au nom de l’Église catholique devant 200 représentants des communautés autochtones dont certains ont subi des maltraitances au cours de leur enfance.
Faire ainsi mémoire du passé jusque dans ses faces les plus sombres, poser un geste pénitentiel, demander pardon aujourd’hui pour des fautes commises hier, ce n’est pas se poser en position de supériorité par rapport à ceux qui nous ont précédés. Bien au contraire. C’est reconnaître que nous sommes aussi faillibles qu’eux. Et peut-être que plongés dans les mêmes circonstances, nous n’aurions-nous pas fait mieux qu’eux.
Pour le dire en langage biblique, nous ne valons pas mieux que nos pères (cf. 1 R 19,4). Mais cela ne nous dédouane pas. À chaque génération incombe une responsabilité : faire en sorte que les dérives ou les errements d’hier qui ont porté atteinte à la dignité de personnes et dont nous avons pris conscience de leur gravité, ne se reproduisent plus.
Faire pénitence, ce n’est donc pas simplement regarder en arrière pour regretter ce qui fut. C’est accepter de se confronter à un passé, aussi lourd soit-il, pour chercher à comprendre pourquoi dans certaines circonstances historiques les institutions ecclésiales ont pu manquer de clairvoyance concernant leurs propres façons d’agir et d’en demander pardon à Dieu et à toutes les victimes. En faisant pénitence, l’Église s’engage aussi à retenir les leçons du passé pour ses engagements présents et futurs dans l’histoire : il n’y a pas d’avenir sans mémoire du passé.
SOURCE : JOURNAL LA CROIX